Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. Cette citation, qui a des variantes selon l’auteur auquel elle est attribuée, porte plusieurs messages. Nous allons en aborder trois dans cet article.
Le premier d’entre eux est relatif à l’autonomie que chacun doit avoir dans la vie. Le deuxième est le fait d’aimer ou non le poisson. Le troisième est de voir l’analogie avec la différence qui existe entre le fait de guérir et celui de soigner.
Le système qui consiste à donner tout les jours du poisson représente l’assistanat et la dépendance de l’un par rapport à l’autre. C’est à dire une relation potentielle d’esclavage selon le niveau d’absence de bienveillance de celui qui donne ou se met en position de donner le poisson. Puisque ce peut être un manque de bienveillance que de choisir que les autres aient besoin que leur soit donné ce fameux poisson. Ou autre chose.
Maintenant, cette aide, ce poisson quotidien, peut être donné le temps d’apprendre à pêcher, chaque être humain ayant un temps d’apprentissage qui lui est propre, particulier, personnel.
Le fait d’enseigner la pêche, de transmettre un savoir faire ainsi qu’un savoir être apporte une autonomie, une liberté. Nul besoin d’attendre après quelqu’un et possibilité de se nourrir indépendamment une fois que l’apprentissage est fait.
Certains disent que cette citation est nulle et non avenue puisqu’il est inutile d’apprendre à pêcher à quelqu’un qui n’aime pas le poisson. Certes, c’est juste, ils oublient néanmoins qu’il est possible qu’il n’y ait que du poisson à ce moment là comme ressource. Donc, à part une allergie alimentaire, quand on a vraiment faim...
Cette phrase a cependant certainement été dite dans un contexte de pêcheurs. L’exemple a été forgé culturellement dans un creuset spécifique en temps et en lieu.
Dans l’enseignement, un exemple n’est pas une obligation de reproduction, il illustre pour aider à comprendre. Dans l’enseignement des sciences un exemple vaut mieux que la théorie, selon Newton. Il appartient à chacun d’adapter et de s’adapte aux réalités qui lui font face. Allez parler de poisson en plein désert…
Pourquoi cette rigidité sur les mots ? Pourquoi ne pas adapter par analogie cette connaissance à une situation présente « sans poisson » ? Cette absence de souplesse vient généralement de rigidités internes liées aux blessures et traumatismes qui émaillent notre début de vie. C’est souvent le signe d’un besoin de contrôle, par peur, ainsi que ses effets néfastes, mais pas seulement.
Pour lâcher prise, libérer les capacités d’analyse et rendre fluide et dynamique les faits et gestes de chacun, il est nécessaire guérir ces blessures et traumatismes. Guérir et non simplement soigner. Soigner une blessure est l’équivalent de soigner les symptômes d’une maladie. Soigner les symptômes n’ôte pas la maladie, qui peut revenir, plus fortement éventuellement, et générer des symptômes plus important à soigner.
Il est donc important d’être dans des dispositions, une envie, de guérison pour apprendre à pêcher réellement et donner le meilleur de soi-même, à vous et aux autres.
S’il est possible de soigner une personne malgré elle, il est impossible de la guérir malgré elle. La guérison ne peut s’obtenir que chez une personne qui la désire vraiment. Il n’est possible d’aider qu’une personne qui veut être aidée.
© Mathias GAIFFE
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Mots clés : homme, poisson, pêche, autonomie, indépendance
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