7 000 ans que nous combattons la maladie et soignons nos blessures.
C’est finalement l’adage « Connais-toi toi-même » qui constitue la meilleure devise en matière de santé.
Pour Hippocrate, déjà, les maladies dont souffrent les humains sont souvent imputables à leur environnement et à leur style de vie.
Toutefois, ce médecin grec, né vers 460 av. J.-C., croit que le corps humain dispose de toutes les ressources nécessaires pour se soigner.
Dans nombre de ses textes, le malade apparaît comme l’agent principal de sa propre guérison. Les traitements ont alors pour but d’aider ce processus naturel.
La santé est un équilibre fragile sans cesse à reconquérir entre des humeurs changeantes : sang, flegme, bile et eau ; entre l’âme et le corps ; entre l’exercice et l’alimentation.
Deux mille cinq cents ans plus tard, la science met à nouveau cette relation entre corps et esprit au cœur du traitement.
Et le patient occidental, qui ne dédaigne pas renouer avec les remèdes de grands-mères, est de plus en plus convaincu que le médicament n’est pas la seule arme pour s’attaquer aux déséquilibres du corps.
Notre organisme a en effet de nombreuses ressources pour se soulager sans recourir à la chimie, pour peu que l’on en connaisse le fonctionnement.
« Se centrer sur l’écoute, confirme la psychothérapeute Michèle Freud, permet de réduire les tensions physiques et psychiques. »
Ainsi la colite frappe-t-elle souvent les sujets anxieux: « Elle apparaît comme une échappatoire à un surmenage, à toute situation génératrice d’un stress intense », explique-t-elle.
Un mal de dos chronique est souvent une façon de signifier qu’on en a plein le dos, qu’il est temps d’apprendre à s’alléger.
Et des maux de tête peuvent survenir chez des personnes submergées par de (trop) nombreuses pensées.
LA DOULEUR EST AUSSI DANS LA TÊTE« On a longtemps pensé que les émotions, c’était quelque chose qui se passait en dehors du corps physique », explique Gaétan Brouillard, spécialiste de médecine fonctionnelle et auteur de Notre médecin intérieur (éd. Les Arènes).
«De plus en plus, on se rend compte qu’à chaque émotion correspond un état biochimique qui modifie l’équilibre de notre organisme. »
Les effets du stress sur la santé sont connus.
L’épidémiologiste Hermann Nabi a suivi 7 268 fonctionnaires britanniques durant dix-huit ans et a montré que se sentir stressé de manière chronique double le risque d’accident vasculaire ou de diabète de type 2.
« En cas de stress, l’adrénaline provoque un rétrécissement des vaisseaux sanguins et une augmentation de la tension artérielle », détaille Hélène Amieva, docteur en neurosciences, auteure de Mémoire et Emotions (éd. Le Pommier).
« Les hormones libèrent alors le sucre stocké. Si le stress est modéré et ponctuel, c’est inoffensif. Mais une exposition chronique perturbe l’équilibre. »
NOURRIR SES ÉMOTIONS POSITIVESEn 2012, l’équipe de Sheldon Cohen, à l’université Carnegie-Mellon de Pittsburgh, a montré que des patients à qui l’on administrait des doses virales de rhume présentaient des symptômes plus sévères s’ils avaient été soumis à un stress prolongé le mois précédent.
« Le cortisol, libéré par les glandes surrénales en réponse à une agression, joue un rôle d’anti-inflammatoire naturel, précise Hélène Amieva.
On pourrait imaginer les personnes stressées plus résistantes. En fait, l’infection s’accélère car leurs cellules immunitaires se sont accoutumées au cortisol, qui perd son efficacité. »
Nourrir les émotions positives devrait faire partie de nos gestes santé, recommande Gaétan Brouillard.
« Elles génèrent des hormones bénéfiques pour notre organisme: dopamine, ocytocine, mélatonine, etc., qui favorisent les relations entre les cellules.
On a observé par imagerie cérébrale que se remémorer des moments agréables active des zones du cerveau qui génèrent des émotions positives et les hormones associées. »
Ce médecin, qui exerce à Montréal, compare l’individu à un arbre, dont les organes seraient les feuilles alimentées par différentes « racines » : l’alimentation, le sommeil, l’environnement, les relations sociales et les émotions.
MIEUX VAUT PRÉVENIR QUE GUÉRIRIl convient donc d’envisager l’individu comme un tout, à distance d’une certaine médecine qui, certes, a éradiqué les grands fléaux, découvert antibiotiques et vaccins, mais a aussi dissocié corps et âme.
« Quand l’Eglise a autorisé les premières dissections, les sciences expérimentales ont décomposé le corps en organes, analyse Dominique Desjeux, professeur d’anthropologie à la Sorbonne. Quand un symptôme se manifeste, on recherche une cause particulière. »
Mais avant cela, souligne-t-il, la médecine devait être globale, comparable à ce que l’on retrouve aujourd’hui en médecine chinoise.
« Quand elle n’intègre pas tous les paramètres, la médecine n’a qu’une vision partielle et fausse de l’organisme, complète Jean-Claude Lapraz, président de la Société internationale de médecine endobiogénique et de physiologie intégrative.
Elle s’attache à éliminer les symptômes comme une inflammation, mais elle ne regarde pas vers les causes périphériques qui soustendent cette inflammation. Or tout est important.
Ce n’est que par une approche globale que l’on peut vraiment comprendre le fonctionnement de la personne. On a oublié que la prise en compte du terrain de chaque individu est essentielle. Prenez plusieurs femmes victimes d’un cancer du sein : leurs tumeurs ont la même apparence, la même localisation, la même taille. Pourtant, certaines vont très bien réagir au traitement ; d’autres, un peu moins bien et d’autres encore, pas du tout.
MANGER SAINEMENT, FAIRE DU SPORT ... C'EST DÉJÀ SE SOIGNERCes différences sont dues à leur terrain – facteurs génétiques, physiologiques, tissulaires et humoraux.
En essayant de le comprendre, on s’approche de la médecine personnalisée.
La plupart des médecines alternatives et complémentaires travaillent avec cette approche et misent sur les pouvoirs de l’esprit pour apaiser le corps.
Les Français ne s’y trompent pas et les trois quarts d’entre eux y ont recours.
Avec cette conscience que prévenir vaut mieux que guérir. Là encore, les médecines traditionnelles ont leurs recettes, même s’il a fallu attendre les années 1990 pour qu’on établisse un lien entre alimentation et augmentation du risque cardio-vasculaire.
Les chercheurs attestent aussi des effets physiologiques et cognitifs de l’activité physique : aide au traitement de la schizophrénie, à l’arrêt du tabac, à la prévention de la maladie d’Alzheimer, etc.
Manger sainement, faire du sport, diminuer le stress, c’est déjà se soigner en diminuant les risques de tomber malade.LES ANIMAUX QUI SE SOIGNENT SEULSEn Amazonie, des perroquets consomment de la terre riche en argile pour neutraliser la toxicité de certains des végétaux qu’ils consomment.
Les fourmis et les abeilles placent dans leurs nids des bouts de résine de conifère aux vertus antibactériennes.
Pour contrer les infections parasitaires, le papillon monarque va pondre sur des plants d’asclépiade, toxique pour le papillon et donc pour le parasite qui l’attaque, et protéger ainsi sa descendance.
En Afrique, des chimpanzés ingurgitent de l’écorce d’albizia, un gros arbre au goût amer, pour soigner leurs troubles digestifs.
Et les chercheurs ont découvert, en observant ces populations en Ouganda, des plantes actives contre le paludisme.
Le développement d’une discipline, au nom poétique de zoopharmacognosie, témoigne de ce que les animaux non humains ont peut-être beaucoup à nous apprendre en matière de prévention et d’automédication.
Pour en savoir plus :
Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi Les auto-massages du visage pour entretenir l'organisme en préventif
© Article de Juliette Serfati,
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Mots clés : holistique, psychosomatique, prévention, guérison, terrain
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