Pourquoi les bébés dorment-ils dans des lits à barreaux ? La question peut sembler incongrue. Où voudriez-vous qu’ils dorment sinon, serait-on tenté de répondre. Pourtant, dans d’autres cultures, les bébés dorment près de leurs parents voire sur eux, maintenus dans un porte-bébé ! La façon dont dorment les bébés et, plus généralement, la façon dont on s’en occupe n’est pas universelle et en dit long sur les croyances d’une société donnée, sa conception de l’enfance, de l’humain, de la vie. Qu’est-ce qui explique, alors, les importants écarts entre les populations humaines dans la façon de prendre soin des petits ? Pourquoi les femmes occidentales n’allaitent-elles pas, ou peu ? Pourquoi le bébé occidental est-il mis à distance de ses parents, dans un lit séparé, dans une poussette, chez une nourrice ? Pourquoi le laisse-t-on pleurer plutôt que de le consoler sans délai ? D’où provient cette réserve, propre au monde occidentalisé, vis-à-vis des modes de maternage qui impliquent une grande proximité physique entre parents et enfants ? Dans ce petit essai, la psychologue Natacha Butzbach propose une revue historique des pratiques puériculturelles occidentales, de l’Antiquité à nos jours, pour en exhiber les racines. Cette analyse des fondements des cultures de non-allaitement et de la distance parentale se présente, dans le même temps, comme un plaidoyer, solidement argumenté, en faveur du parentage proximal et de pratiques parentales plus respectueuses des besoins des enfants.
Présentation de l’autrice
Natacha Butzbach a grandi entre la France et la Belgique. Psychologue diplômée de l’Université catholique de Louvain (Belgique), elle s’est spécialisée en périnatalité et soutien à la parentalité quand elle a pris conscience du manque de considération envers la maternité, propre à nos sociétés occidentales modernes.
En 2018, elle ouvre son blog La Curiosité bienveillante et crée le Réseau Parentage Proximal pour aider les parents à trouver des professionnel.le.s non jugeant.e.s envers les pratiques de la parentalité proximale. Elle est également très active sur les réseaux sociaux et intervient régulièrement en tant que professionnelle dans divers médias dédiés à la parentalité.
Le cœur de son travail est de rendre accessibles les connaissances qui permettront aux parents de vivre une parentalité épanouie et aux futures générations de bénéficier de relations humaines exemptes de violence.
MON AVIS Ce livre a été une véritable redécouverte pour moi, un plaisir renouvelé depuis ma première lecture, lors du congrès national de la Leche League à Dourdan, où Natacha Butzbach me l’avait aimablement dédicacé.
Facile à lire et d’une richesse fascinante, cet essai est un trésor pour quiconque s’intéresse à l’Histoire et à la parentalité. En plongeant dans ses pages, on découvre une analyse captivante des pratiques puériculturelles occidentales, du passé à nos jours. Natacha Butzbach répond à une multitude de "Pour Quoi" avec une clarté désarmante : pourquoi les femmes allaitent peu en Occident, pourquoi les bébés dorment souvent à distance de leurs parents ou encore pourquoi le confort émotionnel des enfants a parfois été relégué au second plan dans nos pratiques éducatives.
À travers une exploration historique et culturelle, l’autrice met en lumière comment nos comportements parentaux actuels s’inscrivent dans une continuité de conditionnements culturels. Elle décrit ces influences comme les strates d’un millefeuille qui ont façonné une parentalité "distale", privilégiant la distance physique entre parents et enfants. Cependant, cet ouvrage ne se contente pas d’analyser le passé : il nous invite à repenser ces conditionnements pour tendre vers des relations parentales plus conscientes, équilibrées et respectueuses des besoins fondamentaux de nos enfants.
Loin de jeter la pierre aux générations précédentes, l’autrice nous montre que leurs pratiques découlaient souvent de contraintes culturelles, religieuses et environnementales. Elle rappelle avec bienveillance que, comme nous, nos ancêtres ont fait de leur mieux dans un contexte donné. Ce regard non culpabilisant permet de réfléchir sereinement à ce que nous souhaitons conserver ou transformer dans nos propres pratiques.
Ce livre est un véritable plaidoyer pour renouer avec un parentage proximal et sécurisant. Il nous rappelle l’importance de faire de notre mieux, tout en mettant de la conscience et du sens dans nos choix parentaux. À mes yeux, cet essai devrait figurer parmi les lectures essentielles pour tous les parents et les professionnels de la parentalité. Une œuvre d’intérêt public, incontestablement.