Dans l’article précédent nous avons étudié la création du Monde Supérieur, il nous faut maintenant étudier la création du Monde Inférieur à travers la création des sept dernières Sephiroth.
Bien que nous ne suivrons pas l’exposé intégral du Zohar en ce qui concerne la création tout au long des sept jours, nous rappellerons cependant l’une des citation de l’ouvrage, à savoir celle relative à la création de Chokmah et de Binah à partir de Kether.
Elle nous indique que lorsque Kether le « Saint Ancien », le caché de tout le caché, revêtit une forme, il créa toutes choses sous la forme de mâle et de femelle, car les choses ne pouvaient durer sous une autre forme. Le but de ce rappel est de rappeler que l’ensemble de la création est la résultante de l’union des puissances mâle et femelle – exprimé autrement, de l’action positive et de l’action négative. Il semble que les cabalistes considéraient le phénomène de la création comme étant le résultat du jeu de la loi des contraires. Il est important de s’en souvenir, car cela établit clairement que le système qui constitue la Cabale est le résultat de réflexions sérieuses et méthodiques et non pas le résultat d’élucubrations extravagantes.
Cela justifie également le groupement des Sephiroth en trinités ou triades et explique leur positionnement en droit, central et gauche, les trois premiers jours étant groupés ensemble, puis les trois suivants avec le Sabbath, autrement dit le jour de repos qui marque la fin de l’activité créatrice.
En nous reportant à la présentation des Puissances Divines du troisième article de cette série, nous constaterons que dans le Zohar, le premier jour est appelé Droit. Nous le connaissons mieux sous le nom de Chesed autrement dit Miséricorde. Le second jour est le Gauche, nous l’appelons Geburah soit Force. Le troisième est le Central ou Tiphereth.
Les quatrième, cinquième et sixième jour sont les Sephiroth nommées Netzach ou Victoire, Hod ou Gloire et Yesod ou Fondation. Ils forment la dernière trinité des Sephiroth.
Enfin, isolé, nous trouvons le septième jour, la dixième Sephirath connue sous le nom de Malkuth. Elle est directement opposée à la première Kether. Elle représente la fin de la même manière que Kether représente le commencement. De fait elle semble être le point focal ou de réceptivité de toutes les forces des autres Sephiroth, c’est sans doute la raison pour laquelle le Zohar l’appelle Femelle. Le « Idrah Zootah (Petite Assemblée), l’une des composantes de l’édition de Crémone du Zohar dit d’ailleurs à son sujet :
« C’est la mère de tout ce qui est vivant et de toutes choses et toutes les choses qui existent ici-bas sont sorties de son sein et sont bénies par elle. »Shéma de la créationLe schéma de la création telle qu'elle est présentée dans la Cabale est une suite de trois triangles dont les sommets sont les Sephiroth, avec une Sephirath isolée en dessous d'eux à savoir Malkuth.
Cette disposition, nous permet de distinguer tout de suite la division des Sephiroth en Monde Supérieur et Monde Inférieur. Dans le Monde Inférieur, les six « jours » de la création sont groupés naturellement et le septième reste isolé.
Une quantité d’informations ésotériques est incluse dans ce groupement des Sephiroth et nous allons essayer d’en étudier les aspects les plus significatif.
Sans contestation possible, la plupart des écoles de pensée mystique sont redevables à la Cabale pour sa présentation simple et compréhensible de la théosophie (connaissance des choses divines, à ne pas confondre avec la théologie qui est l’étude d’une religion).
Nous noterons que d’après la Cabale, l’espace a six dimensions qui correspondent aux six Sephiroth formant les trois piliers. Il faut noter également, que, parmi les mystiques qui se qualifient eux-mêmes de bâtisseurs spéculatifs, l’armature de l’édifice éternel est supportée par trois piliers. Ces piliers sont appelés Sagesse, Force et Beauté. Car, disent-ils :
« il doit y avoir la Sagesse pour concevoir, la Force pour supporter et la Beauté pour orner » chaque structure d’une certaine permanence.
Pour bien comprendre tout ce que nous avons vu jusque-là, il est bon de présenter une nouvelle fois, de façon un peu différente, les idées principales : nous avons, dans la Cabale, un effort de l’homme pour approcher Dieu et tout au moins essayer de comprendre le mystère de sa nature et sa façon de travailler.
L’esprit objectif est forcément limité dans ses possibilités d’analyses et ne peut par voie de conséquence amener la divinité dans le champ de ses facultés limitées. Il peut se faire une idée de la Couronne, mais ne peut jamais réaliser la Gloire de ce qui est sans limites et d’une transcendantale sagesse. Il doit se limiter à l’examen des émanations de la divinité qui se manifestent dans ces limites et poser simplement certains postulats pour ce qui se trouve au-delà du domaine de la conscience objective.
C’est parce que la Cause Première était incompréhensible d’une façon objective limitée, que les Cabalistes entreprirent leur travail, et mirent sagement et respectueusement cette Cause Première en dehors de la spéculation. Ils la positionnèrent dans le royaume du non-manifesté. Ils raisonnèrent de la manière suivante : derrière la Couronne (Kether) il y a un royaume de Lumière sans limites (En Soph Aur). Dans le royaume de Lumière sans limites réside l’Etre sans limites lui-même (En Soph). Au-delà se trouve l’état de Négativité Eternelle (En). Il est quasiment impossible de parler de tels états transcendants.
Cependant par des épanchements en émanations de Lui-même, l’Invisible Infini peut devenir visible ; par gradations ou concentrations, le Sans-Limites et l’Intangible peuvent se montrer dans ce qui est limité et tangible. En suivant cette lumière ineffable à partir du point où elle brille de l’éclat le plus vif – point aussi voisin de son centre éblouissant que la vue le permet – et en mesurant sa course alors qu’elle se propage pour envelopper toutes choses, on peut énumérer et décrire dix tourbillons ou concentrations d’Elle-même. Cette lumière flamboyante peut-être fragmentée en dix facettes de couleur. A chacune de ces facettes peuvent être attribuées des caractéristiques précises.
En donnant un nom à ces facettes, et par la suite, en les individualisant, quelque chose de la nature transcendante et ineffable de Dieu Lui-même nous deviendra apparent ; nous pouvons ainsi l’approcher et mieux nous rendre compte de Sa nature et de Sa manière de travailler.
On ne peut qu’insister sur cette pensée des Cabalistes. Mais nous ne devons pas perdre de vue un seul instant que Dieu étant « Un et Infini », ces Sephiroth ne sont, en aucune manière, séparées de cette Unité. Elles n’en sont que des aspects et elles sont contenues en Lui. Il nous est possible de mieux comprendre ce point délicat en nous référant encore au Zohar où l’inséparabilité des Sephiroth est expliquée en comparant l’univers à une noisette dont la chair est enfermée dans plusieurs peaux.
« Du mystérieux point supérieur jusqu’à l’extrémité de tous les Degrés (Séphiroth), tout permet un seul ensemble dont les parties sont formées les unes dans les autres au point qu’elles se servent mutuellement de coquille. Le premier point (la Sephirath Kether, l’Ego ou Volonté) était une lumière intérieure et incommensurable, de sorte que nous ne sommes pas à même de connaître sa splendeur, sa subtilité et sa pureté jusqu’à ce que (nous atteignons) ce qui s’est développé par expansion. Cette expansion du point devient un temple ou palais enveloppant ce même point, c’est-à-dire la Lumière que nous ne pouvons pas connaître en raison de sa grande splendeur. Mais ce palais (Sephirath) qui sert d’enveloppe à ce point occulte est lui-même une Lumière incommensurable sans avoir toutefois la même subtilité et la même splendeur que le premier point caché et occulte. Cette sphère s’étend à nouveau en une nouvelle expansion (formant), une première Lumière-expansion qui sert d’enveloppe à cette sphère subtile (qui est) claire et entièrement intérieure. Les parties d’existence continuent ainsi à se développer, l’une venant de l’autre, et à s’envelopper l’une dans l’autre. De sorte que toutes et chacune se servent mutuellement d’enveloppes et qu’elles sont (l’une par rapport à chacune et à toutes les autres) comme l’amande et la coquille, mais toutes sont cependant en totalité parce que celle qui est enveloppée est en même temps amande pour une autre ».Le prochain article nous permettra de montrer de quelle manière cette conception des Sephiroth peut être élargie de manière à recouvrir toutes les complexités de l’existence
© Jean-Claude THIMOLÉON JOLY
reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/thimoleon
Mots clés : cabale,kaballe,métaphysique,spiritualité,
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