Paracelse, à l'instar de tous les alchimistes, enseigne qu'il existe quatre éléments, les mêmes d'ailleurs que ceux enseignés par les chamanes, à savoir Air, Terre, Feu et Eau. La Terre correspond à l'état solide, au sec, au carbone, et est habitée par les Gnômes. L'Air correspond à l'état gazeux, à l'humidité, à l'hydrogène et est habité par les Sylphes. Le Feu correspond à l'état plasmique ou matière radiante, au chaud, à l'oxygène et est habité par les Salamandres. L'eau correspond à l'état liquide, au froid, à l'azote et est habitée par les Ondins.
Voici donc la suite de la traduction des grimoires de Paracelse :
Traité II
De leur habitationNos créatures ont quatre sortes d'habitation : aquatique, aérienne, terrestre, ignée. Celles qui habitent dans l'eau s'appellent Nymphes, dans l'air Sylphes, dans la terre Pygmées, dans le feu Salamandres.
Je ne pense pas que ces noms soient vraiment ceux dont elles se servent entre elles, je pense qu'ils leur ont été attribués par des gens qui ne se sont point entretenus avec elles ; mais, puisqu'ils sont en usage parmi nous, je les conserverai, tout en signalant qu'on puisse également les appeler : les créatures aquatiques Ondins, les aériennes Sylvestres, les terrestres Gnômes et les ignées Vulcains.
Du reste, peu importent les noms ; ce qu'il faut savoir, c'est que ces quatre sortes d'êtres habitent des milieux bien distincts, que les Nymphes, par exemple, n'ont pas de relation avec les Pygmées.
Ainsi, les hommes comprennent la sagesse de Dieu qui n'a point laissé un seul élément vide ou stérile.
Nous savons qu'il y a quatre éléments : Air, Eau, Terre, Feu. Nous savons également que nous les humains, descendants d'Adam, vivons dans l'air, que nous en sommes entourés comme les poissons le sont par l'eau.
Chaque créature est approprié à l'élément dans lequel elle est plongée ; les Ondins, conçus pour vivre dans l'eau, s'étonnent de nous voir vivre dans l'air, comme nous nous étonnons de les voir vivre dans l'eau.
De même les Gnômes traversent sans la moindre difficulté les rocs les plus denses, comme nous traversons l'air, parce que la terre est leur chaos, parce que ce chaos est formé de pierres et de rocs, comme le nôtre est formé d'air.
Plus le chaos est épais, plus ses habitants sont subtils, et vice-versa. Les Gnômes, habitant un chaos épais, sont subtils ; l'homme habitant un chaos subtil, est épais.
Ce sont les Sylvestres qui se rapprochent le plus de nous ; ils vivent dans l'air, suffoquent dans l'eau, étouffent sous la terre, brûlent dans le feu.
Que cela ne vous étonne pas. Dieu prouve qu'il est Dieu en créant des choses que nous ne pouvons comprendre ; car, si nous pouvions comprendre tout ce qu'il a créé, il apparaîtrait bien faible, et nous voudrions nous comparer à lui.
Pour saisir ce que nous allons dire au sujet de la nourriture de nos êtres, il faut savoir que chaque chaos a, au-dessus de lui, un ciel, et au-dessous, une terre ; notre chaos a au-dessus de lui le ciel, et au dessous la terre ; aussi ciel et terre nous nourrissent-ils.
Les habitants de l'eau, c'est-à-dire ceux qui ont l'eau pour chaos, ont, au-dessous d'eux la terre et au-dessus, le ciel.
Les Gnômes qui ont la terre pour chaos ont, au-dessous d'eux, l'eau, et au-dessus, la surface de la terre, car la terre repose sur l'eau ; aussi les Gnômes et les Ondins se nourrissent ils en conséquence.
Les Sylphes qui ont le même chaos que les hommes on le même régime. Nous avons l'eau pour apaiser notre soif ; pour apaiser la leur, ces êtres ont une eau qui nous est inconnue et que nous ne pouvons voir. Ils ont besoin de manger et de boire, mais ils mangent et ils boivent ce qui est aliment et boisson pour eux.
Ils s'habillent et cachent les parties honteuses à leur façon, non à la nôtre. Ils se donnent des gardes, des magistrats, des chefs, comme les abeilles élisent une reine, ou les bêtes sauvages se choisissent un guide.
Dieu a caché les parties secrètes de tous les animaux, il ne l'a pas fait pour ces êtres qui, comme l'homme, doivent s'adresser à leur propre ingéniosité. Comme pour nous, Dieu leur a donné la laine de mouton ; Dieu, en effet, peut créer des moutons différents de ceux que nous connaissons et qui paissent dans le feu, l'eau ou la terre.
Nos êtres dorment, reposent, veillent à la façon des hommes, ils ont un soleil et un firmament comme nous. Les Gnômes voient à travers la terre, le soleil, la lune et les étoiles ; de même, les Ondins découvrent le soleil à travers l'eau, les Salamandres le voient féconder et réchauffer leur chaos, y ramener l'été, l'hiver, le jour et la nuit.
Comme nous, ils sont sujets à la peste, aux fièvres, à la pleurésie et autres maladies envoyées par le ciel, parce qu'ils sont hommes, ou, plutôt, parce qu'ils le seront ; car, jusqu'au jugement dernier, ils resteront animaux.
Quand à leur physique, il est évident qu'il varie ; les Ondins des deux sexes ont l'aspect humain, les Sylvestres sont plus épais, plus grands, plus robustes, les Gnômes plus petits, hauts environ de deux palmes, les Salamandres sont minces, graciles et même maigres.
Les Nymphes habitent dans les rivières, près des rivières où les hommes se lavent, et baignent leurs chevaux. Les Gnômes habitent dans les montagnes ; c'est pour cette raison que souvent l'on y trouve des trous et excavation de la grandeur d'une coudée. Au mont Etna on entent les cris des Salamandres, le bruit de leurs travaux qui secouent leur élément. On connaît plus aisément la demeure des Sylvains et on peut les voir.
Je pourrais ajouter plusieurs autres choses admirables touchant la monnaie, les moeurs de ces êtres. Je le ferai quand le moment sera venu.
A suivre......
© Jean-Claude THIMOLÉON JOLY
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Mots clés : paracelse,alchimie,créatures
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