De l'apparition de la vie sur Terre aux branchies que porte l'embryon humain jusqu'à 7 semaines, tout ce qui existe est lié à l'eau. Et à son mystère.
L'eau n'est pas nécessaire à la vie, elle est la vie"Antoine de Saint-Exupéry a résumé en une phrase l'essence même de l'eau : elle est à la fois le creuset originel et l'élément primordial de la vie. C'est dans l'eau des océans primitifs,
il y a plus de 4 milliards d'années, que sont apparus les premiers micro-organismes qui, évoluant au fil du temps, ont essaimé et colonisé notre petite planète : un désert inerte à ce moment-là. Comment un tel miracle a-t-il pu se produire ?
Une chose est sûre, les premières briques nécessaires à la création de la vie - acides aminés (la base des protéines), ADN, ARN (la copie de l'ADN)... -
sont apparues dans les océans, même si la science s'interroge toujours sur leur origine :
extraterrestre (comètes), atmosphérique ou
océanique (fumeurs noirs). Autre certitude, ces briques se sont assemblées toutes seules dans les océans, dont la température oscillait alors entre 50 et 80°C. La preuve a été apportée en 1953, lorsque le biologiste américain
Stanley Miller réalisa en laboratoire une expérience pour créer les briques du vivant à partir des conditions primitives régnant sur Terre.
Les ingrédients ? Un mélange de gaz pour représenter l'atmosphère terrestre (hydrogène, méthane et ammoniac), de l'eau chauffée, pour imiter l'océan, et des décharges électriques pour reproduire les impacts d'éclair frappant cette soupe originelle. Après plusieurs jours, la fiole contenait
onze types différents d'acides aminés : les premières briques de la vie. La vie peut donc apparaître dans l'eau pourvu qu'elle renferme les éléments nécessaires. CQFD.
Nous descendons d'animaux tétrapodes aquatiques
Pas étonnant, dès lors, qu'à chaque fois que l'homme découvre un corps céleste,
le premier élément qu'il recherche soit l'eau. Mais l'eau n'est pas seulement le creuset du vivant : elle est consubstantielle à son existence, depuis la naissance de tous les organismes, jusqu'à leur mort. Et c'est encore plus remarquable chez nous : pour être des mammifères terrestres, nous portons l'héritage d'origines aquatiques. Avant de gagner les arbres, il a été établi que les premiers animaux terrestres ont connu une phase nautique. Plus exactement, ils procèdent tous d'un ancêtre tétrapode (doté de quatre membres) sorti des eaux il y a plus de 350 millions d'années. Or, de ce passé "marin", l'être humain a conservé d'étranges stigmates :
tout embryon porte de chaque côté de la tête des ébauches de branchies, qui régressent avant la septième semaine pour former les glandes parathyroïdes et les thymus. En nous subsiste une mémoire de ce passé aquatique.
De plus, comme les mammifères aquatiques et certains oiseaux pêcheurs, nous avons la capacité de
contrôler notre respiration sous l'eau - de façon réflexe et instinctive : l'incroyable spectacle des bébés qui nagent tout sourire sous l'eau est hérité de notre évolution. Mieux, la descente de notre larynx nous permet de respirer aussi bien par la bouche que par le nez, à l'instar des oiseaux plongeurs.
Chacune de nos cellules est gorgée d'eau
Mais notre lien à l'eau n'est pas seulement mémoriel : il est vital ! Faut-il rappeler que chaque individu est constitué
aux deux tiers d'eau ?
Pour un adulte de 70 kg, cela représente pas moins de 45 litres disséminés dans tous les organes et structures de l'organisme : de l'émail de nos dents à chacune de nos cellules. Pour un peu, l'homme pourrait être assimilé à une colonne traversée 24 heures sur 24 par un flux d'eau.
Un flux vital car, alors que nous pouvons vivre, en théorie,
trente jours sans manger, rester trois jours sans boire nous est fatal. Il suffit que la teneur en eau dans le corps baisse de 5 %, sous l'effet de la transpiration, des excrétions ou d'apport insuffisant, pour que notre cerveau déclenche
un besoin impérieux de boire.Le liquide amniotique nous laisse des souvenirs
A la fois à l'intérieur et à l'extérieur des cellules —dans le sang et la lymphe—,
cette eau fait transiter dans tout l'organisme les molécules et substances biologiques produites et sert de matrice à des réactions chimiques. Sans l'eau, l'homme n'est plus... Pis, il ne peut être. Car n'oublions pas que c'est dans ce milieu liquide que l'homme se développe. Une période aquatique de neuf mois durant laquelle l'embryon, puis le fœtus, baigne dans le liquide amniotique.
Ce dont se souviennent, là encore, les bébés : s'ils sont si à l'aise sous l'eau, c'est parce qu'ils démarrent leur existence dans ce milieu... Au point de pouvoir rester en apnée réflexe durant près de trente secondes, alors que leurs petits poumons ont un volume de 15 à 20 ml d'air - contre environ 500 ml pour un adulte, qui tient en moyenne et sans entraînement une minute.
Notre plasma a une composition très proche de l'eau de mer
D'où vient cet indéfectible besoin qui lie l'homme à l'eau et
plus largement à la mer ? Peut-être de notre chimie interne. En effet, la composition de notre plasma (la partie liquide du sang) est, de par ses composants, identique à l'eau de mer. A l'exception de sa teneur en sel (9 g/l pour le sang, environ
35 g/l pour l'eau de mer), ce liquide jaune clair contient les mêmes 92 oligoéléments : fer, zinc, iode, sélénium, cuivre, manganèse...
Ramené à isotonie, c'est-à-dire au même taux de salinité,
le sang pourrait être considéré comme de l'eau de mer, plus les globules ! L'apnéiste Jacques Mayol affirmait que "il y a en nous un véritable océan". Il n'était pas très éloigné de la vérité. Chacun porte bien une infime part de la mer en soi.
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