Depuis toujours, l’homme cherche à enrayer le processus du vieillissement et à retarder au maximum l’heure de sa mort. Avec la découverte et l’étude de plus en plus poussée des télomères, il pourrait bien être sur la piste d’une des clés de la jeunesse éternelle. Alors, ces séquences ADN sont-elles de véritables élixirs de vie ou de simples objets de fantasme ? Et si la vérité se trouvait quelque part entre les deux ?
Les télomères : des horloges biologiquesPour comprendre le grand intérêt que présentent les télomères, il faut d’abord parler d’un mécanisme cellulaire fondamental : la division cellulaire. Toutes les cellules de l’organisme se divisent en cellules-filles pour participer à la régénération de l’organisme ou assurer sa croissance. Mais elles ne sont pas éternelles ! Toutes ont une capacité limitée de se diviser, qui dépend de leur emplacement et de leur fonction dans l’organisme. Ainsi, la moyenne limite pour l'homme se situe aux environs de
52 divisions. Au delà, un processus se déclenche et provoque un arrêt permanent du cycle cellulaire : c’est ce qu’on appelle la «
sénescence réplicative »1. La cellule qui atteint ce stade ne meurt pas tout de suite, mais finit quand même par périr après une longue agonie qui peut durer des années. Ce phénomène serait grandement lié au vieillissement général de l’organisme et à la dégradation progressive de ses fonctions2.
Une perte progressive de l’ADNLes scientifiques ont longtemps cherché à comprendre ce qui provoquait l’entrée en scénescence des cellules. Après de nombreuses hypothèses infructueuses, le biologiste russe Olovnikov « fait mouche » en 1971. Pour lui, la durée de vie des cellules serait corrélée à la perte progressive d’une séquence ADN situé à l’extrémité des chromosomes : le télomère. Des chercheurs prouveront par la suite qu’au fil des divisions cellulaires, les télomères s’érodent petit à petit jusqu’à atteindre une taille critique qui déclenche le mécanisme de sénescence. Ainsi, ces séquences agissent comme une véritable horloge biologique qui régit la durée de vie des cellules.
L’ADN polymérase en causeUne question s’impose alors : pourquoi ces télomères se dégradent-ils ? Pour y répondre, il faut revenir un temps sur la division cellulaire. Au cours de celle-ci, intervient la réplication, un mécanisme qui permet de doubler le matériel génétique. La molécule d’ADN, constituée de deux brins complémentaires qui s’emboîtent, s’ouvre comme une fermeture éclair et libère les deux brins. Un complexe enzymatique, l’ADN polymérase, est alors chargé de se fixer sur chacun des brins pour resynthétiser la moitié manquante. Malheureusement, elle ne parvient pas à recréer l’intégralité des séquences situées aux extrémités de ces brins. De ce fait, à chaque division cellulaire, des morceaux de l’ADN disparaissent,
réduisant progressivement la taille des télomères.Puisque la réduction de ces télomères entraîne le vieillissement des cellules, on a longtemps cru que leurs séquences génétiques étaient très riches en informations. En réalité, il n'en est rien. Les séquences télomériques paraissent au contraire
très répétitives. Mais puisque l'ADN polymérase ne parvient pas à copier efficacement les extrémités des chromosomes, il vaut mieux que l'ADN qui s'y trouve soit pauvre en informations. De cette façon, l'intégralité de l'ADN indispensable à l'organisme est préservée. Les télomères assurent donc une protection à ces séquences inhérentes au bon fonctionnement de l'organisme. Quand ils sont trop courts, cette protection est insuffisante : la cellule va alors détecter le danger et entrer en sénéscence.
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Mots clés : vieillissement,immortalité
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