Un jour, sur la Route de la Soie des caravaniers rencontrèrent la Peste.
- « Est-ce pour nous que tu viens ? » demanda le chef des caravaniers.
- « Non pas pour vous. Vous êtes menu fretin. Non je vais à Samarkand où je compte bien prendre quelques centaines d’âmes dans mes filets. » dit la Peste.
- « Et bien merci de nous prévenir. Nous éviterons cette direction » répondit le chef des caravaniers.
Un mois plus tard, sur le chemin du retour, la caravane rencontra une fois de plus la Peste.
« Dis donc La Peste ! N’avais tu pas dit que tu prendrais une centaine d’âmes ? Pourquoi en a tu pris 5000 ? »
« Oh ! moi je n’ai pris que ce que je t’ai dit. C’est ma cousine, la Peur, qui a pris tout le reste ! »
C’est à cette histoire que j’ai pensé lorsque je suis passée à Leclerc hier au soir et que j’ai vu tout le rayon de pâtes, de riz et de couscous dévalisé. Certaines personnes qui venaient faire leurs courses pour la semaine se sont trouvées dépourvues.
J’ai repensé à ces élèves d’origine chinoise, qui se sont fait agresser en pleine rue, présumés porteurs de maladie par leurs agresseurs.
Dans la panique, on a fait un choix de confort illusoire, au détriment d’autres. La peur ( qui n’est pas la prudence) amène non seulement une baisse des défenses immunitaires (non souhaitable en cette période de pandémie) mais elle engage à des actes inconscients peu louables, comme ceux qui se sont passés sous le gouvernement de Vichy, lors de la deuxième guerre mondiale. C’est après, une fois la panique passée que le discernement revient et que l’outrage d’actions regrettables demeure en mémoire. Fort heureusement, l’histoire est là pour nous montrer les écueils d’un chemin qui n’est plus à prendre.
Cette maladie (le coronavirus) se répand dans le monde tel le symptôme d’une humanité malade d’elle-même, en perte de sens. Comme pour nous indiquer que quelque chose ne tourne plus rond dans notre manière de vivre et d’agir, d’inter-agir au niveau planétaire. Nous sommes devenus les pires prédateurs de cette planète car nous ne sommes plus reliés aux cycles et aux lois naturelles qui agissent sur elle. Nous avons évacué de nos stratégies de développement la nature, comme un intrus malpropre, alors que nous sommes enfants de cette nature, régis par les mêmes lois que nous le voulions ou non. Et c’est ce que nous rappelle ce coronavirus.
Outre la pollution des sols, de l’air et de l’eau que nous générons par nos modes de production et d’échange, quand nous ne sommes pas des acteurs directs nous laissons faire des pratiques d’une cruauté inouïe, digne des pires camps de la mort, pour notre confort de vie ou par indifférence. Rien qu’en France parmi tant de méfaits on peut citer la violence du déterrage des blaireaux ou du piégeage des oiseaux à la glu, la misère des élevages industriels, les horreurs des abattoirs dénoncées par l’association L214, l’horreur des laboratoires qu’il s’agisse de produit d'entretien ou de médicaments à tester, alors que maintenant nous sommes en mesure de créer du tissu cellulaire vivant , plus fiable que les animaux eux-mêmes et non doué de conscience et sensibilité.
Nous laissons les abeilles (indispensables pour la pollinisation des arbres fruitiers, entre autre) mourir par dizaines de milliards et disparaître dangereusement de nos campagnes pour du lait d’amande ( cf : http://www.francesoir.fr/societe-environnement/le-lait-damande-pas-si-ecolo-vecteur-de-lexploitation-des-abeilles) ou parce que nous n’avons pas le courage de nous opposer à l’utilisation du glyphosate et autres pesticides dangereux, y compris pour notre santé. Nous acceptons que les forêts tropicales soient l’objet d’incendies criminels et de surexploitation agricole comprenant même l’esclavage d’enfants et d’adolescents, pour du chocolat ou d’autres produits dérivés que nous allons retrouver dans nos assiettes.
Rien n’arrive par hasard. Ce coronavirus nous menace pour la première fois en tant qu’espèce dominante et nous rappelle à plus d’humilité, à plus de conscience aussi au niveau personnel comme au niveau mondial.
En attendant, nous pouvons nous prémunir contre la panique et ses méfaits.
Outre le suivi des recommandations données par le gouvernement, quelques remèdes contre la peur :
- La pratique de la respiration consciente, de la cohérence cardiaque et de la relaxation qui nous relie à notre corps et à notre conscience, infiniment plus puissante que l’état d’éveil, régit à 80 % par notre cerveau reptilien. En effet, nous avons gardé des réflexes de survie très primaires dans notre cerveau : ce sont la fuite, la stupéfaction et le fait de se figer dans l’immobilité ou encore l’agressivité. Ces réflexes mobilisent beaucoup d’énergie et nous rendent moins performants dans notre réflexion et notre créativité. C’est pourquoi il est conseillé de calmer la peur et de manière générale les émotions perturbatrices pour accéder à une vision plus claire du problème et des solutions à mettre en place.
- La méditation de pleine conscience nous relie au moment présent, au travers de nos sens puis dans un deuxième temps elle nous branche sur le « supraconscient » cette partie de l’esprit qui comprend nos ressources profondes peu non encore conscientisées. En effet le passé que nous revisitons souvent n’est plus à changer. Mais nous pouvons en tirer des connaissances utiles pour ne plus nous fourvoyer. le futur ne nous est pas encore arrivé. De plus, l’évocation de ce futur est nourrie par nos projections mentales diverses et variées qui nous poussent à réagir plutôt qu’agir. Il est certes primordial de prévoir et d’user de prévention pour éviter toute catastrophe. Mais il est tout aussi important de retrouver la sérénité, la maîtrise et la créativité du moment présent afin de concevoir des stratégies d’adaptation efficaces qui ne soient pas régies par l’angoisse.
Le présent nous rend vivants, à l’écoute de notre intuition. Et c’est cette même intuition qui va nous prévenir si le chemin que nous prenons est mauvais pour nous ou pour autrui.
- La visualisation créatrice qui nous permet de contrer dans notre esprit les scénarios catastrophes liés à la peur et qui nous affermit dans notre intention de transformation.
- La pratique de l’introspection, de la compassion et la considération du point de vue d’autrui, même si nous ne partageons pas ce point de vue, nous amène à calmer les conflits (voir mon article précédent : que faire de nos conflits ?) pour éviter qu’ils ne dégénèrent en conflits armés.
- La pratique de la solidarité sans culpabilité et dans l’intelligence du cœur, ainsi que la reliance aux valeurs humanitaires profondes dont nous avons été nourris (quelles soient religieuses ou laïques) , pour ne pas sombrer dans une société déshumanisée et pour recréer des synergies d’action, de pensée et de vie. Ces synergies vont booster notre moral mis à mal ainsi que notre système immunitaire. Elles vont nous permettre de mettre en place un processus de résilience et de réparation au niveau social, comme au niveau personnel.
Notre Humanité a traversé des périodes très sombres, ne serait-ce qu’au XXe siècle. Si elle est capable du pire, elle est aussi capable du meilleur. Délestons-nous du pire et activons le meilleur en nous.
Pour terminer cet article j’aimerais revenir à trois citations de Simone Veil qui me semblent d’actualité :
'Les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument.'
' La peur ne se fuit pas, elle se surmonte.'
'L'amour ne se crie pas, il se prouve.'
Trois citations de Simone Veil
© Myriam PAILLER
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Mots clés : coronavirus,conscience,résilience
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