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Marianne NYS
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Marianne NYS
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ARTICLES / DOULEURS

HYPERSENSIBILITÉ CHIMIQUE MULTIPLE (MCS) ET HYPERSENSIBILITÉ AUX BRUITS

article du 06/10/16 7 minutes 999 22
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Cette découverte toute récente pourrait permettre un meilleur suivi et diagnostic des personnes hypersensibles aux produits chimiques.

Les pathologies neurofonctionnelles regroupent des pathologies dont les symptômes ou facteurs déclenchants semblent très différents : spasmophilie, fibromyalgie, syndrome de fatigue chronique, trouble déficitaire de l’attention, hypersensibilité chimique multiple, électrohypersensibilité.

Nous sommes nombreux à leur trouver de nombreux points communs et en particulier une hypersensibilité à l’environnement : odeurs, sons, personnes, couleurs… L’analyse détaillée des dossiers des patients que je rencontre chaque jour (dixit P Tournesac) le démontre, c’est pourquoi nous les avons réunis dans un même Diplôme Universitaire Pathologies neurofonctionnelles, créé en 2003.

En 2000, le docteur Yunus, qui a donné son nom aux fameux points de diagnostic de la fibromyalgie, publiait un article appelé les syndromes d’hypersensibilité centrale : un concept unifié pour la fibromyalgie et différentes maladies similaires(1).
Malheureusement, le corps médical a tendance à se focaliser sur le symptôme le plus apparent, douleur pour fibromyalgie, fatigue pour syndrome de fatigue chronique…
L’analyse globale de ses patients démontre que si l’on réunit les symptômes secondaires à celui qui prédomine, on retrouve des tableaux cliniques assez similaires. Il n’est pas étonnant que ce soit des chercheurs italiens travaillant dans les domaines des sciences translationnelles et systémiques qui s’intéressent au lien entre ces différentes hypersensibilités et dans ce cas précis, à l’hypersensibilité aux odeurs et à celle au bruit (2).

Tout d’abord ils rappellent que : « L’hypersensibilité chimique multiple ou MCS (multiple chemical sensitivity) est une affection chronique caractérisée par des symptômes physiques et psychologiques variés liés à une exposition répétée à des concentrations non toxiques de substances chimiques odorantes. Les symptômes touchent plusieurs organes, en particulier le système nerveux central. En général, les patients se plaignent de maux de tête, d’irritabilité et de dysfonctions cognitives ; les systèmes musculo-squelettiques, respiratoires et digestifs sont également fréquemment impliqués » (3).
Miller et Prihoda (4) ont développé l’inventaire de sensibilité de l’exposition environnementale (EESI) et sa forme rapide (QEESI), qui sont considérés comme les outils les plus fiables pour la recherche sur des patients avec une plainte de la sensibilité chimique .»
Le QEESI est accessible et téléchargeable sur les sites des associations concernées par ces maladies : SOSMCS, association de patients : Site , ARTS pour les thérapeutes : Site .

« Plusieurs études effectuées ont montré des anomalies de distribution du flux sanguin et de l’activité cérébrale chez les patients atteints de MCS, surtout lors de stimulation par des substances odorantes(5,6,7).
Les personnes souffrant de MCS réagissent aussi singulièrement à des stimuli sensoriels, avec l’activation de régions du cerveau liées au traitement des informations émotionnelles et motivationnelles comme le noyau amygdalien et l’hippocampe(5,6,7,8).
Les mêmes circuits de cerveau sont impliqués dans le traitement des informations auditives. Le système limbique, dont font partie le noyau amygdalien et l’hippocampe, reçoit des informations en provenance du cortex auditif, les zones de l’audition au niveau du cortex cérébral. Les acouphènes (une fausse perception sonore) et l’hyperacousie (la perception d’un son, bien toléré par la majorité des auditeurs ,ressenti comme excessivement bruyant ou même insupportable) sont associés à des altérations des connexions neuronales à ce niveau (9,10). »

Même si en consultation on perçoit que cette hypersensibilité dépasse le champ des odeurs pour une personne souffrant de MCS, les enquêtes cliniques effectuées à partir de questionnaires n’ont pas établi de lien entre le MCS et l’hypersensibilité au bruit.
Pour établir le lien et le prouver, les auteurs ont utilisé une technique plus scientifique. Pour cela ils ont évalué la différence d’un réflexe auditif à une stimulation par le bruit. Les cils de l’oreille qui recueillent les sons pour les transmettre au cerveau ont une sensibilité qui varie en particulier en fonction de l’environnement auditif. Ceci nous permet de distinguer les sons dans des ambiances très feutrées ou dans des situations plus bruyantes comme au milieu d’un repas de famille. On stimule une oreille avec un son plus ou moins fort et on évalue la sensibilité des récepteurs sur l’autre oreille avec une technique d’otoémission acoustique provoquée (cette technique de mesure est traditionnellement utilisée chez les nourrissons pour détecter une surdité). On obtient avec cette technique un score de répression controlatérale.
Les auteurs ont comparé 18 sujets MCS indemnes de pathologies pouvant modifier l’oreille à 20 sujets témoins en respectant la répartition par âge et par sexe.
« La première constatation intéressante dans la présente étude est la réduction chez les sujets MCS de la capacité à réduire la sensibilité en cas de stimulation auditive controlatérale. Cette constatation suggère qu’il existe des altérations dans les voies de l’audition, en particulier dans le cerveau et que ce test pourrait contribuer à une évaluation objective des personnes souffrant de MCS. »
Ceci nous encourage à penser que le système neurologique a diminué ou perdu en partie sa capacité à s’adapter à son environnement. Quand on altère la capacité auditive, on altère aussi le processus d’intégration d’information extérieur, ce qui peut aussi être une explication même partielle des troubles cognitifs.

« La deuxième constatation de l’étude est que la capacité d’adaptation auditive est inversement corrélée à l’intensité de la maladie. Ceci est montré en comparant les scores du QEESI et le score de répression controlatérale. On pourrait dans ce cas avoir une évaluation de la gravité au début de la prise en charge et ensuite pour le suivi des patients. » Selon les auteurs, « la perturbation de la répression controlatérale entraîne des perturbations neurologiques à l’origine de beaucoup de symptômes bien connus chez les patients souffrant de MCS : cognitif, affectif et neuromusculaires. »
Ce déficit d’adaptation auditive mesurable pourrait exister au niveau des autres sens : vue, tact et douleurs, odorat, ce qui expliquerait tout ou partie des symptômes qui sont donc bien neurologiques.
La recherche thérapeutique doit continuer à travailler sur les causes de dysfonctionnement neurologique. De nouvelles études seront utiles pour évaluer ce test dans les différentes pathologies neurofonctionnelles.

auteur : Dr Philippe TOURNESAC Santé Intégrative Juillet 2016


Bibliographie reférence du texte :
1. Yunus MB. Central sensitivity syndromes: a unified concept for fibromyalgia and other similar maladies. Journal of Indian Rheumatology Association. 2000;8:27–33.
2. Micarelli A, Viziano A, Genovesi G, Bruno E, Ottaviani F, Alessandrini M. Lack of contralateral suppression in transient-evoked otoacoustic emissions in multiple chemical sensitivity: a clinical correlation study. Noise Health. 2016 May-Jun;18(82):143-9.
3. Berg ND, Linneberg A, Dirksen A, Elberling J. Prevalence of self-reported symptoms and consequences related to inhalation of airborne chemicals in a Danish general population. Int Arch Occup Environ Health 2008;81:881-7
4. Miller CS, Prihoda TJ. The environmental exposure and sensitivity inventory (EESI): A standardized approach for measuring chemical intolerances for research and clinical applications. Toxicol Ind Health 1999;15:370-85
5. Hillert L, Musabasic V, Berglund H, Ciumas C, Savic I. Odor processing in multiple chemical sensitivity. Hum Brain Mapp 2007;28:172-82.
6. Alessandrini M, Micarelli A, Bruno E, Ottaviani F, Conetta M, Cormano A, et al. Intranasal administration of hyaluronan as a further resource in olfactory performance in multiple chemical sensitivity syndrome. Int J Immunopathol Pharmacol 2013;26:1019-25.
7. Chiaravalloti A, Pagani M, Micarelli A, Di Pietro B, Genovesi G, Alessandrini M, et al. Cortical activity during olfactory stimulation in multiple chemical sensitivity: A (18)F-FDG PET/CT study. Eur J Nucl Med Mol Imaging 2015;42:733-40.
8. Azuma K, Uchiyama I, Takano H, Tanigawa M, Azuma M, Bamba I, et al. Changes in cerebral blood flow during olfactory stimulation in patients with multiple chemical sensitivity: A multi-channel near-infrared spectroscopic study.
9. Knipper M, Van Dijk P, Nunes I, Rüttiger L, Zimmermann U. Advances in the neurobiology of hearing disorders: Recent developments regarding the basis of tinnitus and hyperacusis. Prog Neurobiol 2013;111:17-33.
10. Kraus KS, Canlon B. Neuronal connectivity and interactions between the auditory and limbic systems. Effects of noise and tinnitus. Hear Res 2012;288:34-46.
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Mots clés : hypersensibilités

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