Les 6 stades du développement moral selon le célèbre modèle psychologique de Kohlberg.
Un peu d'histoire....
Le modèle du développement moral du psychologue américain Lawrence Kohlberg a dominé la recherche en psychologie de la morale de 1958 à la fin des années 1980. Bien que certains aspects aient été critiqués, son influence est toujours importante.
Le modèle est inspiré de celui du développement cognitif par paliers du psychologue suisse Jean Piaget. Il a été développé en soumettant des sujets à une diversité de dilemmes moraux et en analysant leurs formes de raisonnement.
Ces dernières ont été classées en trois niveaux se divisant chacun en 2 stades.
Ces stades sont séquentiels, c'est-à-dire qu'ils se développent par étapes successives. Ils sont généralement irréversibles, les régressions étant rares.
Ils sont intégratifs, c'est-à-dire qu'une personne ayant acquis un stade supérieur est en mesure de comprendre les raisonnements des personnes ayant atteint les stades précédents.
Ils sont transculturels, c'est-à-dire que dans toutes les cultures, le développement moral suit les mêmes étapes.
Tous les individus ne se rendent pas aux stades les plus avancés.
La moralité préconventionnelle (ou prémoralité) est caractérisée par une perception des règles limitée par l'égocentrisme. Les règles sont extérieures à l'enfant qui les perçoit à travers la punition et la récompense.
Le stade 1 est orienté vers l'évitement de la punition et l'obéissance à l'autorité. L'enfant est centré sur les conséquences directes de ses actions sur lui-même.
Le stade 2 est orienté vers l'intérêt personnel. L'enfant intègre les récompenses et les avantages, toujours dans une optique limitée par l'égocentrisme, c'est-à-dire qui manque de perspective sociétale ou relationnelle.
La moralité conventionnelle est typique des adolescents et des adultes. Raisonner d'une façon conventionnelle consiste à juger de la moralité des actions en les comparant aux opinions et aux attentes de la société.
La morale conventionnelle est caractérisée par une acceptation des conventions de la société concernant le bien et le mal. À ces stades, une personne obéit aux règles et suit les normes de la société, même quand il n'y a pas de conséquence pour l'obéissance ou la désobéissance. Le respect des règles et des conventions est quelque peu rigide, cependant, et la pertinence ou l'équité d'une règle est rarement remise en question.
Le stade 3 est orienté vers le maintien des bonnes relations et l’approbation des autres. La personne est réceptive à l'approbation et à la désapprobation comme indices des vues de la société. Elle essaie d'être un « bon garçon » ou « bonne fille » à la hauteur des attentes, car elle a appris qu'être jugée positivement est avantageux. La personne peut évaluer la moralité d'une action par ses conséquences sur ses relations qui incluent le respect et la gratitude.
Le stade 4 est orienté vers le respect de la loi et des conventions sociales qui sont jugées importantes pour le maintien de l’ordre social. Violer une loi est moralement répréhensible. Selon Kohlberg, les membres les plus actifs de la société demeurent au stade 4 dans lequel la morale est principalement dictée par une force extérieure.
La moralité post-conventionnelle (ou moralité basée sur les principes) est orientée vers des principes qui se situent au-delà des balises d’une société en particulier. 20 à 25 % seulement des adultes atteindraient ces stades. Les personnes qui se situent à ce stade peuvent désobéir aux règles qui ne sont pas compatibles avec leurs propres principes.
Ces principes concernent généralement les droits fondamentaux de la personne comme la vie, la liberté et la justice. Les personnes qui manifestent une morale post-conventionnelle voient les règles comme des mécanismes utiles, mais modifiables — idéalement, les règles devraient maintenir l'ordre social général et protéger les droits humains. Les règles ne sont pas impératifs absolus qui doivent être respectées sans être questionnées.
Le stade 5 est orienté vers le contrat social. Le monde est considéré comme incluant des opinions différentes, des droits et des valeurs. Les lois sont considérées comme des contrats sociaux plutôt que des dictats rigides. Celles qui ne favorisent pas le bien-être général doivent être remplacées lorsque nécessaire pour promouvoir le plus grand bien pour le plus grand nombre de personnes.
Le stade 6 est orienté vers des principes moraux universels. Le raisonnement moral est basé sur une pensée abstraite qui utilise des principes éthiques.
Les lois ne sont valables que dans la mesure où elles sont fondées sur la justice. Il y a une obligation de désobéir à des lois injustes. Les droits légaux ne sont pas nécessaires, car des contrats sociaux ne sont pas essentiels pour l'action morale déontique. La personne agit parce que c'est juste, et non parce qu'elle évite la punition, parce que c'est dans son meilleur intérêt ou parce que c'est ce qui est attendu, légal ou préalablement convenu.
Selon Kohlberg, 13 % de la population adulte atteindrait le stade 6. Il est toutefois difficile, estimait-il, de trouver des gens qui opèrent toujours à ce niveau.
Le modèle de Kohlberg a reçu des critiques selon diverses perspectives et est aujourd'hui relativement discrédité. L'une de ces critiques, provenant de la psychologue Carol Gilligan, est qu'il mettrait trop l'emphase sur la valeur de justice à l'exclusion d'autres valeurs morales telle que le « prendre soin » et qu'il sous-évaluerait ainsi la moralité des femmes. Une autre critique provient d'un courant, recevant aussi son propre lot de critiques, qui estime que le raisonnement moral n'est souvent qu'une rationalisation a posteriori de décisions essentiellement intuitives.
Selon une étude du psychologue Steven J Haggbloom et ses collègues, Kohlberg a été le 16e psychologue le plus fréquemment cité du XXIe siècle dans les manuels d'introduction à la psychologie et le 30e en tenant compte de différents critères tels que les citations dans les articles scientifiques.
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