Les études scientifiques sur le sommeil ont commencé au XVIII ème siècle, mais n’ont vraiment pris de l’ampleur que depuis les années 1960, surtout après la découverte du sommeil paradoxal par le chercheur lyonnais Michel Jouvet. Le nombre d’études sur le sujet est en train de connaître une croissance exponentielle. Quant à la médecine du sommeil, elle n’est apparue qu’à partir des années 75 et n’en est qu’à son début. À l’heure actuelle, en France, seules 16% des personnes souffrant de troubles du sommeil bénéficient d’une prise en charge.
Fréquence des troubles du sommeilPlus de 4 Français sur 10 sont touchés par des troubles du sommeil. 16% souffrent de troubles du rythme du sommeil. La durée moyenne s’est réduite d’une heure en 50 ans, de deux heures pour les adolescents.
Le raccourcissement de la durée du sommeil et les troubles du sommeil touchent des enfants de plus en plus jeunes.
22% des Français sont insomniaques. Une proportion de plus en plus significative d’enfants sont touchés par ce phénomène.
L’insomnie est plus fréquente avec l’âge et touche en moyenne 50% des séniors. De plus les études montrent que chez les personnes âgées 15% des séniors qui ne se plaignent pas d’insomnie, souffrent en fait de troubles du sommeil.2, 3
La ménopause, le syndrome prémenstruel (hyperoestrogénie et insuffisance lutéale) et l’andropause augmentent les risques de troubles du sommeil.
5 à 7% de la population générale souffre d’apnées du sommeil (15% après 70 ans) et 8,4% présente un syndrome des jambes sans repos dont 2% de formes sévères et très sévères.
L’importance du sommeil“Le rire et le sommeil, chacun en quantité suffisante, sont les meilleurs remèdes du monde.” Proverbe Irlandais
Nous passons un tiers de notre vie à dormir. Ce temps est loin d’être du temps perdu. Pendant le sommeil, l’énergie n’étant plus investie dans des actions physiques et intellectuelles, il devient un moment privilégié pour utiliser l’énergie disponible à des tâches de défense, de maintenance, de restauration et de réparation.
Le sommeil profond, plus abondant dans les premières heures de la nuit, est un moment privilégié de récupération physique.
Pendant le sommeil, la demande en glucose liée au métabolisme cérébral de base est réduite de 44% et l’ATP disponible dans le cerveau augmente. Toute la chronobiologie dépend de la qualité du sommeil. En effet c’est une fois que l’exposition à la lumière baisse (2 à 3h avant de se coucher) que commence la sécrétion de la mélatonine par la glande pinéale. Elle se poursuit principalement dans les 2 à 3h après l’endormissement.
On a découvert récemment de nouveaux photorécepteurs dans la rétine, les cellules ganglionnaires à mélanopsine, un pigment hypersensible aux spectres bleu/violet de la lumière, qui, via le noyau supra-chiasmatique de l’hypothalamus, réprime la sécrétion de la mélatonine dans la glande pinéale, mais aussi stimule l’activation de centres cérébraux essentiels pour la vigilance, la performance et l’humeur. La lumière est donc, via la mélanopsine, le premier régulateur du cycle veille-sommeil. La mélatonine est le chef d’orchestre du cycle nycthéméral. C’est elle qui donne le rythme biologique à l’ensemble des cellules, des systèmes endocriniens et neuronaux. Elle est aussi sécrétée par le tube digestif et certaines familles de globules blancs. Par ailleurs elle est puissamment antioxydante, et contribue aux processus de réparation nocturnes.
Des études montrent que la mélatonine :• est puissamment et directement antioxydante, qu’elle augmente les taux intra-cellulaires d’enzymes antioxydantes et de glutathion,
• anti-inflammatoire et modulateur des cytokines,
• protège les mitochondries,
• est neuroprotectrice,
• module les hormones sexuelles,
• a un effet anti-hypertenseur,
• module l’activité plaquettaire,
• améliore le profil des lipides circulants,
• réduit la glycémie circulante, la glycation et le risque de diabète de type II,
• a des effets antalgiques.
De nombreux travaux montrant que l’insuline joue aussi un rôle important dans la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer, parfois qualifiée de “diabète de type III”, la mélatonine joue aussi potentiellement par un autre mécanisme, au-delà de ses effets antioxydants et réparateurs sur le cerveau, un rôle dans les pathologies neuro-dégénératives.
Texte de Jean Paul Curtay
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© Marianne NYS
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Mots clés : sommeil,médecine,sommeil
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