Il s'agit là d'un domaine passionnant. Mais précisons tout de suite que le nom est issu d'un malentendu basique.
Les mots hypnose et hypnotisme sont issus du terme grec signifiant sommeil, alors que ce phénomène n'a rien à voir avec le sommeil et ses différentes phases. Il s'agit en réalité d'un phénomène énergétique modifiant l'état de conscience du patient.
C'est en 1841 que le terme "hypnotisme" apparu pour la première fois en anglais dans un ouvrage de l'écossais James Braid "Neurhypnonolgy".
Le mot hypnose date lui de 1860 mais ce sont les études et expériences du Docteur Jean-Martin Charcot qui permirent au milieu scientifique français de le découvrir en 1878.
Les patients de Charcot étaient plongés dans une perte de conscience momentanée et si profonde qu'ils ne se souvenaient de rien après la séance.
Charcot distingua trois situations différentes de l'état hypnotique
La catalepsie
La léthargie
Le somnanbulisme
Il s'agissait d'états hypnotiques profonds et c'est à ce niveau que commencent les divergences dans le monde scientifique.
Il est bon de savoir que les Docteurs Liebault et Bernheim prônaient plutôt l'hypnose comme un état léger de modification de conscience durant lequel la personne garde une certaine conscience. L'école de Nancy prétendait que l'hypnose légère permettait de guérir des maladies sans chirurgie ou utilisation de médicaments.
Nous pouvons y voir la base de la sophrologie qui apparut bien plus tard....
Des approches différentes et des définitions différentes furent présentées par les spécialistes au fil du temps :
Sigmund Freud parle d'un abandon à la signification érotique de l'hypnotisé par l'hypnotiseur. (Les personnes qui me connaissent bien savent le peu de crédit que j'apporte à de nombreuses théories freudiennes).
Pavlov y voit un état d'inhibition corticale provoqué par l'action sur certains points d'excitation sensorielle.
Alfonso Caycedo, fondateur de la sophrologie, s'éloigne de l'hypnose en fondant cette dernière qui s'intéresse à tous les moyens agissant sur la conscience pour la modifier : psychologie, physiologie, chimie, sonorisation, etc...
La différence fondamentale est que le patient hypnotisé abandonne volontairement le contrôle de sa conscience alors que le sujet sophronique participe à la réalisation de sa propre relaxation avec pour but une meilleure maîtrise de lui-même.
Jean-Pierre Chambraud, dans ses ouvrage, s'en tient clairement à l'hypnose classique avec la seule alternative : "Tu dors ou tu ne dors pas."
La compréhension du phénomène hypnotique par le grand public est souvent faussé par plusieurs facteurs :
La confusion entre l'hypnose scientifique ou thérapeutique d'une part et l'hypnose de spectacle d'autre part.
L'angoisse de la mort (le sommeil hypnotique étant appréhendé comme une mort momentanée.
Le refus d'être obligé, en situation hypnotique, d'accomplir des gestes que notre morale réprouvent. Il y a le cas classique de la peur du violo.
En résumé je peux affirmer qu'il est impossible de forcer quelqu'un à agir contre son Moi intime. Mais faisons cependant attention, cela signifie que si une personne en état d'hypnose accepte d'accomplir tel ou tel geste incongru, c'est que son inconscient contenait ce désir refoulé : une femme honnête qui se mettrait subitement à danser la lambada, prouverait en réalité qu'à l'état de veille elle ne le veut pas consciemment mais bien inconsciemment.
Le Professeur Grégoire Jauvais dans son étude : "Bases philosophiques et techniques de la transmutation de l'Etre Humain" :
" L'hypnose positive (qu'il ne faut pas confondre avec l'hypnose négative consistant en un envoûtement maléfique) est assurément une mise sous influence d'idées motrices positives, préalablement élaborées à partir d'un consensus établi entre le thérapeute et son patient.
Elle vise à construire non à détruire. Elle vise l'épanouissement des hypnotisés, avec leur consentement préalable quant au contenu des idées motrices ensemencées dans leur subconscient. Il est impossible de violer le corps et/ou la pensée d'un sujet profondément hypnotisé.... Le Docteur Jauvais ajoute que le sujet conserve une :
" faculté qui le fera sortir spontanément de son état hypnotique si l'hypnotiseur tentait de violer sa conscience, sa morale, sa façon de concevoir la vie, de voir les choses et les évènements. " Il faut en finir donc avec les accusations aberrantes de certains hystériques qui accusent les praticiens appartenant à des "sectes" de se servir de l'hypnose pour recruter.
L'hypnose est utilisé dans différents secteurs :
La médecine : des interventions chirurgicales sous hypnose furent pratiquées à une époque où les anesthésies n'existaient pas, mais encore aujourd'hui certains praticiens pratiquent encore des opérations sous hypnose car il semblerait que la cicatrisation soit plus rapide.
La sexothérapie : traitement des cas d'impuissance ou de frigidité, d'éjaculations précoces, d'angoisses, etc... (l'auto-hypnose est aussi possible dans certains cas).
La psychothérapie : traitement des complexes, inhibitions, etc... (évidemment non compatible avec des thérapies non directives).
La régression psychique : permettant, en psychanalyse et en psychothérapie, la découverte des origines des phobies, blocages ou complexes ainsi qu'en métapsychique la recherche des incarnations précédentes. En criminologie, possibilité de "revisualiser" des scènes pour témoignages ou enquêtes (utilisée au USA depuis 1978)
La pédagogie : acquisition de connaissances sous hypnose (hypnopédie) ou durant le sommeil naturel via cassette-radio en système de "bas-parleurs" (hypnophonothérapie, méthode inventée par l'ingénieur français Roger Galvez). Une variante, plus proche de la sophrologie, est la suggestopédie, expérimentée depuis des années en Bulgarie et qui a fait l'objet d'études par l'UNESCO.
L'éducation sportive : l'hypnose (et la sophrologie) sont utilisée pour favoriser la mise en forme psychique et physique des sportifs (cas connus en France et aux USA). Il semble que ces méthodes furent aussi utilisées dans ce qui était à l'époque l'URSS et la RDA. Sans entrer dans le débat, il va de soi que de telles préparations sont sans danger, par rapport aux dopages chimiques et l'ingestion d'hormones. Mais est-ce sportivement plus fair-play ?
Il existe quatre techniques hypnotiques, pouvant être utilisées séparément ou successivement par les praticiens :
La suggestion
Le magnétisme
La télépathie
La fascination
Il n'est pas bien compliqué de devenir hypnotiseur, mais de telles techniques nécessitent un niveau moral élevé et un sens aigu de la déontologie.
On ne joue pas "au petit hypnotiseur" !
Pour cette raison, je prends le risque de contredire certains en affirmant que je ne considère pas l'hypnose sans danger, et qu'au risque de décevoir mes lecteurs, je trouve déplacé de conseiller des exercices dans la présente présentation.
© Jean-Claude THIMOLÉON JOLYreproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/thimoleon
Mots clés : hypnose,suggestion,régression
Article retenu par Théranéo pour la
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