Paracelse de son vrai nom Théophraste Bombast von Hohenheim (1493-1541) a sans doute été l'un des plus grands médecins et chercheurs de tous les temps. Alchimiste, phytothérapeute (père de la théorie des signatures) il a entre autre, écrit en latin comme il se doit, "Les grimoires".
Pour changer un peu de mes habitudes que l'on dit trop cartésienne je me suis attaqué à la traduction en français de cet ouvrage que j'ai redécouvert dans ma bibliothèque.
Certes mon latin est un peu rouillé, mais avec de la patience et un bon dictionnaire j'avoue m'être bien amusé.
Paracelse considéré par certains comme un charlatan était pourtant véritablement un novateur en médecine. Il n'a pas craint de mélanger dans ses écrits sorcellerie et science, ce qui fait de son grimoire un ouvrage beaucoup plus intéressant que les autres mieux connus comme le Grand et le Petit Albert, La Poule Noire, Le Dragon Rouge ou le Vieillard des Pyramides, etc....
Donc ci-dessous vous trouverez la traduction du début de cet ouvrage très intéressant.
Traité des Nymphes, Sylphes, Pygmées, Salamandre et autres êtresJe me propose de vous entretenir des quatre espèces d'êtres de nature spirituelle, à savoir les Nymphes, les Pygmées, les Sylphes et les Salamandres ; à ces quatre espèces, il faudrait pour rester dans le vrai, ajouter les Géants et plusieurs autres.
Ces êtres, bien qu'ayant apparence humaine, ne descendent pas d'Adam ; ils ont une origine complètement différente de celle des hommes et des animaux.
Ils s'accouplent pourtant avec l'homme, et, de cette union, naissent des individus de race humaine, j'expliquerai tout à l'heure pourquoi.
Voici comment j'ai divisé ce livre ; dans le premier traité j'étudierai la génération et la nature de ces êtres ; dans le second leur milieu et leur régime ; dans le troisième ceux d'entre eux qui nous apparaissent et se mêlent à nous ; dans le quatrième les miracles dont ils sont capables ; dans le cinquième la génération, l'origine et la fin des Géants.
Bien que rien ne s'oppose à s'inspirer des livres d'autrui, je ne le ferai pas - pour la meilleure des raisons, à savoir que les philosophes n'ont point parlé de ces êtres, qu'ils n'ont fourni sur eux aucun renseignements ; car, ils ne croient qu'à ce qu'ils voient.
A peine, a-t-on dit quelques mots des Géants. Pourtant, il est permis de traiter ce sujet puisque l'Ancien et le Nouveau Testament décrivent certaines merveilles que Dieu oppose à la raison.
Et, s'il n'est pas défendu d'admettre l'existence des diables et des esprits, il n'est pas défendu non plus d'étudier leur nature.
Examinons donc toutes les créations de Dieu, et avouons qu'il y a ici-bas des choses inexplicables.
Pour croire en une chose, il suffit d'en connaître le but. Le lecteur pourra trouver mon ouvrage inutile et vain tant qu'il ne sera pas arrivé au traité VI dans lequel j'expose clairement la fin de ces êtres ; quand il aura vu ce traité, il me félicitera d'avoir, le premier, étudié un tel sujet et relira attentivement mon livre.
Qui regarde voit.
Ce que sont l'Esprit et l'AmeIl y a deux espèces de nature ; la nature d'Adam et celle qui ne lui appartient pas.
La première est palpable, saisissable, épaisse, parce que formée de terre. La seconde n'est ni palpable, ni saisissable, elle est subtile, parce que non formée de terre.
La nature d'Adam est compacte ; l'homme, qui est de cette nature, ne peut passer à travers un mur s'il n'y a pas percé une ouverture. Pour l'être de l'autre nature les murs n'existent pas, il pénètre les obstacles les plus denses sans avoir le besoin de les détériorer.
Enfin, il y a une troisième nature partageant les deux précédentes.
A la première nature appartient l'homme qui est formé de sang, de chaire, d'os, qui porte des enfants, boit, évacue, parle ; à la seconde appartiennent les esprits, qui ne peuvent rien faire de tout cela. Enfin, à la troisième, appartiennent les êtres qui ont la légèreté des esprits et qui engendrent comme l'homme, ont son aspect et son régime.
Cette dernière nature participe de l'homme et de l'esprit, sans devenir nature de celui-ci ou celui-là ; en effet, les êtres qui lui appartiennent ne sauraient se classer parmi les hommes puisqu'ils volent à la façon des esprits; il ne saurait pas plus se classer parmi les esprits puisqu'ils évacuent, boivent, ont chair et os à la manière des hommes.
L'homme a une âme, l'esprit n'en a pas besoin ; les créatures en question n'ont point d'âme, et, pourtant, elle ne sont pas identiques aux esprits ; ceux-ci ne meurent pas, celles-là périssent.
Ces créatures mourant et n'ayant pas d'âme sont donc des animaux ? Non, elles sont plus que les animaux ; en effet, elles parlent et rient, ce que ne font point ceci. En conséquence, elles se rapprochent plus des hommes que des animaux.
Mais, tout en se rapprochant des hommes elles n'en deviennent pas, comme le singe s'en rapproche par ses gestes et son industrie, et le porc par son anatomie, sans cesser d'être singe ou porc.
L'on peut dire aussi qu'elles sont supérieures aux hommes puisqu'elles sont insaisissables comme les esprits ; mais, il convient d'ajouter que le Christ, étant né et mort pour racheter les êtres ayant une âme et qui descendent d'Adam, n'a pas racheté ces créatures qui n'ont pas d'âme et ne descendent pas d'Adam.
Personne ne peut s'étonner ou douter de leur existence. Il suffit seulement d'admirer quelle variété Dieu apporte dans ses oeuvres. A la vérité, l'on ne voit pas quotidiennement ces êtres, on ne les voit même que rarement.
Moi-même je ne les ai vus qu'en une sorte de rêve. Mais, l'on ne peut sonder la profonde sagesse de Dieu, ni apprécier ses trésors, ni connaître toutes ses merveilles. Ceux qui gardent ces trésors et nous les découvrent de temps en temps n'appartiennent pas à la nature d'Adam ; je le redirai dans mon dernier traité.
Nos créatures enfantent des êtres qui leur ressemblent et ne nous ressemblent pas. Elles sont prudentes, riches, sages pauvres, folles ainsi que nous. Elle sont l'image grossière de l'homme, comme l'homme est l'image grossière de Dieu. Elles demeurent telles qu'elles ont été conçues par Dieu qui ne veut pas que ses créatures puissent s'élever à un rang supérieur, poursuivre un autre but que le leur, qui leur interdit d'obtenir une âme et défend à l'homme de chercher à l'égaler.
Ces êtres ne craignent ni le feu, ni l'eau. Ils sont sujets aux maladies et aux indispositions humaines. Ils meurent comme des bêtes, leur chair se putréfie comme la chair animale.
Vertueux ou vicieux, purs ou impurs, meilleurs ou pires, comme les hommes, ils en ont les moeurs, les gestes, le langage ; comme eux, ils diffèrent par la ligne et l'aspect, ils vivent sous une loi commune, travaillent de leurs mains, tissent leurs vêtements, se gouvernent avec sagesse et justice, font preuve en tout de raison.
Pour être hommes il ne leur manque que l'âme. Et, parce que l'âme leur manque, il ne pensent ni à servir Dieu, ni à suivre ses commandements ; l'instinct seul les pousse à se conduire honnêtement.
Ainsi, de même que parmi les créatures terrestres l'homme est celle qui se rapproche le plus de Dieu, parmi les animaux ce sont nos êtres qui se rapprochent le plus de l'homme.
Fin de la première partie
A suivre
© Jean-Claude THIMOLÉON JOLY
reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/thimoleon
Mots clés : paracelse,grimoires,alchimie
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