Reprenons notre exposé de l'Alchimie et des Alchimistes dans ce deuxième opus.
C'est l'existence de l'homme qui est un fait alchimique, et non pas ce que produit cette existence. Lorsque j'affirme précédemment que toutes les sciences sont contenues dans l'Alchimie, il est très important que j'apporte la précision suivante.
En effet, l'homme est une pierre sur la vaste échelle de la Création, en tant que borne cosmique, à la limite des mondes qui se transcendent les uns par rapport aux autres. Mais
ce que fait l'homme est tout différent. En soi, rien ne présente un caractère parfait à cette échelle, sauf le produit de l'Art d'un des mondes de l'échelle, quel que soit ce monde. C'est là que réside l'infinie bonté du "Tout", qui donne vraiment à tous les êtres au sens global du terme - les existences - une permission d'accomplissement complète, mais à la condition évidente que les moyens employés pour acquérir cet accomplissement soient du même cru que l'échelle de création même.
Sinon, il s'ensuit un particularisme, puissant qui, du point de vue de l'ensemble des choses, va contre le courant le plus vital. C'est ce que nous nommons "le démon" . Or, il se trouve que l'homme représente ce stade clef dans l'échelle, où la possibilité de rédemption - c'est-à-dire de renouer avec ce flux vital - est le plus sensible. C'est pourquoi il est un être vivant composé d'une telle complexité. Conséquemment, ce qu'il produit - et donc son savoir lui-même, ainsi que l'évolution de celui-ci - peut être en partie assujetti "au démon". Comment tout cela est-il possible ?
Chaque monde produit à la fois sa vie et en même temps sa mort. Les mondes ne peuvent se sauver qu'à ce prix, parce que la mort est leur canon spirituel. Ils se transforment ainsi et accèdent au monde qui leur est supérieur en titre. Par exemple, le soleil avec ses rayons de chaleur et, en même temps, en les forgeant, se meurt peu à peu. Identiquement, pour l'homme, l'acquisition de sa vie est au même instant inscrite dans sa mort.
Mourir est un salut, mais comme le soleil, il convient de bien mourir.
Tout cela signifie que chaque niveau de monde émet le rayonnement de ce qu'il est, mais horizontalement en regard de l'ensemble des mondes, c'est cela la temporalité.
Nous aurons donc l'échelle suivante :
Le bout du monde des vivants : la lune, la satellisation autour des planètes
Niveau 1 : la terre, les planètes
1er intervalle : mi-fa de l'octave stellaire l'homme, changement du rayon de création.
Niveau 2 : le soleil, les étoiles
Et en regard de ces quatre éléments les quatre définitions d'action suivantes :
son savoir temporel : il est interdit de le mentionner
son savoir temporel : les règnes, la vie organique
son savoir temporel : les sciences, l'être, l'ego
son savoir temporel : le rayonnement (le corps émotionnel)
Cette temporalité représente tout le respect du "Tout" à l'égard de ses créations, qui leur laisse le temps, les temps, de réaliser leur libre arbitre. Cela est d'une importance capitale, et nous n'aurons pas à déplorer un jour le fait que des alchimistes commencent à parler.
Il est bon de rappeler que si le soleil le voulait, il agirait à sa façon du point de vue de sa personnalité, bien entendu indiscernable pour le niveau général de la terre. S'il le désirait, il cesserait de nous envoyer de bons rayons. Il est parfaitement capable, lui-même, sans l'aide de personne, d'envoyer sur la terre les flux qu'il désire. Mais, comme il est plus près de la sagesse que la terre, car plongé dans un monde assujetti à un nombre de lois inférieur, il "hésitera" bien plus que nous pour agir dans son ego, si je peux m'exprimer ainsi.
Il en est ainsi de tous les étages cosmiques dans ce qu'ils produisent, mais non pas dans ce qu'ils sont. Dans ce qu'ils produisent, il peut exister l'aléatoire, les masses, les accidents, et cela est normal : c'est ainsi qu'il est possible d'évoluer aux instances qui vivent au sein des niveaux.
En somme, horizontalement, il y a moins d'être, de Verbe, de force divine et, verticalement, cela est le contraire.
Voici pourquoi l'Alchimiste doit retrouver les matières premières, car elles seules sont situées sur cette ligne verticale de la Connaissance. En outre, voici également pourquoi les moyens employés pour arriver à ces matières premières ne sont pas les mêmes que ceux qui illustrent les connaissances scientifiques établies sur l'horizontalité. Grand est le savoir de nos Maîtres !
Ainsi, un "arrêt" de l'Esprit Universel se matérialise en temporalité, qui est comme un épanchement sanguin, dans lequel toute possibilité de fixation des masses et des énergies donne un sens manifesté au cosmos.
La mort des éléments dynamiques des mondes les sublime ; ils rejoignent, épurés, le vecteur vertical de l'essence cosmique même. Et , selon la disposition que l'être de tel ou tel élément a bien voulu choisir en fonction de son libre arbitre, son essence sublimée monte vers des niveaux moins assujettis pour renaître dans le "paradis" du monde supérieur où il se déploiera dans la nouvelle horizontalité pou reprendre corps.
Ou bien, il descend plus bas, vers les univers plus particuliers, afin de métaboliser ce qui lui est absolument nécessaire pour ses sublimations. Car, tout comme on ne saurait purifier notre Mercure sans le Sel, il est impossible de se métamorphoser - de renaître ou de ressusciter - si l'on a pas acquis les lois fondamentales de ce qu produit le monde horizontal immédiatement supérieur en grade.
En d'autres termes, pour le cas des hommes, il est inutile qu'il espère en la résurrection s'il n'acquiert pas toutes les qualités de la fonction émotionnelle qui, sur le plan solaire, est "le langage de tous les jours", d'un commun déconcertant. C'est la raison pour laquelle il est recommandé de "s'aimer les uns les autres", mais que l'enseignement majeur de cette sentence se vit hors des circuits de l'ego, du particularisme, du lunaire ou de l'horizontalité (c'est le trésor de la connaissance de soi).
Ce dernier exemple illustre que la sentence même appartient au vecteur cosmique vertical, et que la manière de la vivre s'étend sur l'horizontalité manifestée. Tout est dans tout et les chemins sont perceptibles. Et, si nous revenons très succinctement sur la gnose alchimique - la connaissance suprême de ses mystères - on comprend maintenant pour quelle raison il peut y avoir seulement telle ou telle forme de transmission initiatique.
Jean-Claude Thimoléon
A suivre.....
© Jean-Claude THIMOLÉON JOLY
reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/thimoleon
Mots clés : alchimie, alchimistes, métaphysique, occulte
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