Dormir debout, c’est possible pour les somnambules. Un trouble pas si rare, et même fréquent chez les enfants.
«On peine à croire que l’on puisse
dormir et être éveillé à la fois, c’est pour cela que le somnambulisme fascine Et pourtant, c’est bien possible. Sept questions sur le somnambulisme.
Que fait une personne atteinte de somnambulisme?
Bien qu’elle soit endormie,
elle se lève et se met à marcher, généralement pendant quelques minutes. Elle peut effectuer des mouvements simples, comme ouvrir une porte ou descendre des escaliers. Elle ne peut par contre pas mobiliser des souvenirs ou exercer sa réflexion. Elle ne retrouverait pas, par exemple, une clé qu’elle aurait cachée avant de s’endormir.
Dans de très rares cas, on a rapporté que des personnes avaient eu des
comportements complexes en état de somnambulisme, comme conduire une voiture, diriger un orchestre (en l’absence des musiciens) ou écrire des emails.
Le somnambulisme est-il dangereux?Oui. Les actions que l’on entreprend lors d’un épisode peuvent conduire à de graves blessures ou à la mort. Une chute, dans les escaliers par exemple, est possible, tout comme tomber d’une fenêtre. Sécuriser son environnement est d’ailleurs la première mesure à prendre pour un somnambule
Doit-on réveiller un somnambule ?Non. Un somnambule qui se réveille risque d’être très confus, à tel point qu’il pourrait se croire menacé et se montrer violent ou tenter de fuir. Il convient plutôt de «le reconduire gentiment dans son lit. Il va se rendormir et ne se souviendra de rien le lendemain.» En le guidant ainsi, on s’assurera également qu’il ne fasse pas de mauvaise chute.
Qui peut être somnambule?Le somnambulisme est fréquent chez les enfants, surtout autour de 8 ans. Certaines recherches ont identifié jusqu’à 20% d’enfants somnambules. Cette proportion diminue chez les adolescents, pour atteindre 1% chez les adultes Il est très rare que l’on devienne somnambule à l’âge adulte sans l’avoir été enfant.
Il y a une composante génétique forte dans cette affection. L’enfant de deux somnambules a ainsi davantage de risques d’être somnambule que l’enfant de dormeurs «normaux».
Comment explique-t-on le comportement d’un somnambule?Il s’agit d’un «éveil dissocié», explique le spécialiste. «Le somnambule est bien endormi, dans une phase de sommeil profond, mais une petite partie de son cerveau se réveille. En effet, notre sommeil n’est pas un phénomène global.»
On pense que le coupable du somnambulisme est une
mauvaise coordination de nos systèmes de veille et de sommeil. Comme un frein et un accélérateur, notre cerveau dispose de deux systèmes opérant en parallèle. Pour dormir, il faut ainsi que notre système du sommeil soit activé et que le système de veille soit inhibé. Dans le cas du somnambulisme, le «frein» est bien enclenché mais la pédale d’accélérateur ne serait pas complètement remontée
Comment traite-t-on le somnambulisme?Première mesure à prendre: sécuriser l’environnement de la personne somnambule. Il faut donc fermer les portes de l’habitation, les fenêtres, éviter les lits superposés, cacher également les objets dangereux. «Si les épisodes de somnambulisme ne sont pas fréquents et que la personne ne s’y met pas en danger, cette sécurisation peut suffire», Notons d’ailleurs que le somnambulisme est un motif de réformation du service militaire, puisqu’il exige de dormir dans des endroits non familiers, à proximité d’armes.
Action possible suivante: agir sur les facteurs qui augmentent la quantité de sommeil profond, puisque c’est dans ces phases de sommeil que le somnambulisme apparaît. On recommande donc aux somnambules une bonne hygiène de sommeil, à savoir une quantité suffisante de sommeil et des couchers et des réveils aux mêmes heures tous les jours. Cela leur évite des nuits où ils «récupèrent» avec davantage de sommeil profond. Il est également important de chercher et de traiter des maladies qui fragmentent le sommeil profond comme les apnées du sommeil ou les jambes sans repos.
Le somnambulisme prenant place plutôt au début de la nuit, on peut aussi pratiquer chez les enfants des réveils programmés, soit les réveiller 15 à 20 minutes avant l’heure moyenne de survenue des épisodes de somnambulisme pour éviter qu’ils ne débutent. Répétée, cette méthode peut venir à bout du somnambulisme. L’hypnose ou l’auto-hypnose, sorte de conditionnement pour la nuit à venir, sont aussi utilisées dans certains centres du sommeil.
Peut-on prendre des médicaments?En dernier lieu, si d’autres traitements n’ont pas donné satisfaction et que le somnambulisme est fréquent et dangereux pour la personne, des médicaments peuvent être prescrits. Par exemple des benzodiazépines, des tranquillisants qui changent la structure du sommeil et diminuent la quantité de sommeil profond. Ou un antidépresseur, qui fonctionne probablement selon le même principe.
Ces traitements sont un dernier recours et on ne les prescrit que sur une durée limitée. Certains somnambules les prennent d’ailleurs uniquement dans des situations où le risque est accru, par exemple lors d’une nuit dans un endroit inconnu.
© Patricia WAGNER
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Mots clés : somnambule,somnambulisme,sommeil
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