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Isabelle KRAUTH
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LE STRESS

article de Isabelle KRAUTH du 02/11/22 7 minutes 185 2


Qu’est-ce-que le stress ?

Le stress est une réponse de l’organisme face à une situation. Elle est une adaptation permettant la survie de l’individu, une accommodation du corps aux modifications environnementales. Même un stimulus nous paraissant anodin (sonnerie du téléphone, sonnette de la porte d’entrée, tourner dans un carrefour avec sa voiture…) suffit pour déclencher une adaptation rapide en mobilisant tous les sens. Elle va donc dans le sens de la vie et n’est pas, en tant que telle, quelque chose de négatif.

Sans aucun stress, l’attention est trop minime. Un minimum de stress va nous permettre de nous situer à un niveau de réactivité le plus adapté à la situation, par exemple en cas d’examen ou de défi à surmonter.
En revanche, s’il devient trop envahissant ou qu’il continue même en l’absence de tout stimulus ou situation de stress il devient alors négatif, et il peut apparaitre une perturbation émotionnelle, la fatigue, puis l’épuisement, la désorganisation qui ne feront qu’augmenter d’autant plus le stress.

Le trop de stress :

S’il s’agit d’un stress envahissant en raison de difficulté à faire face à ses émotions, son trac, cela demande un travail particulier et spécifique pour apprendre à mieux vivre ces émotions. Mais il existe d’autres sources de stress plus caractéristiques de la société actuelle.

Le stress a toujours existé et il serait faux de dire qu’autrefois les gens ne connaissait pas de stress. Dans les campagnes de nos grands parents et arrière grand parents la vie était rude et difficile, mais un lien social fort aidait à surmonter cette rudesse. Le rythme de la vie en général était différent également. Pas de stimulations autres que celles de la nature et de la vie de la ferme. On vivait au rythme des saisons, avec son temps d’activité à l’extérieur et son temps de pause, de vie à l’intérieur au sein de la famille. La distinction de ces temps étaient toujours bien marqués. Pas d’écran, pas de sonnerie…

Comme l’explique Caroline Rome dans son livre « Réveiller son sommeil », « Le cerveau humain est bombardé par des milliards d’informations chaque jour si bien qu’il lui est de plus en plus difficile de les traiter ». Elle compare la vie d’aujourd’hui avec celle des premiers hommes. Lorsque l’homme des cavernes se retrouvait devant un mammouth une poussée d’adrénaline lui permet de faire face à la situation. Soit il s’enfuit à toutes jambes « ou, s’il est très courageux et surtout pas seul » il se prépare à combattre. Mais lorsque le mammouth n’est plus là, l’hormone du stress redescend. Plus d’agent stressant, plus besoin d’un surcroît d’adaptation, l’homme voit bien que la situation ne présente plus de danger.



Aujourd’hui, les mammouths n’existent plus, en principe. Caroline Rome a cependant repéré un certain nombre de ces spécimens, vivant parmi nous, et qu’elle nous présente avec beaucoup d’humour. Voici 4 d’entre eux :

« Le mammouthason est très bruyant. Selon les régions où il vit, il s’exprime différemment, mais avec toujours trop de puissance pour l’oreille humaine. Les sons les plus connus sont : marteaux piqueurs, voitures et motos, métros et trains, avions, usines et machines, voix fortes et cris… L’animal nous envoie un nombre de décibels si important que bon nombre d’insomnies, d’acouphènes entraînant même des surdités, en résultent ;

Le technomammouth est complètement addictif à tout ce qui est nouveau en matière de technologie. » Ils sont particulièrement dangereux lorsqu’ils investissent les habitations. « Certains vont même jusqu’à suivre les humains sur leur lieu de vacances. La nuit, ils se tapissent sous le lit pour ne leur laisser aucun répit. Leur addiction est variée : téléphone portable, ordinateur, oreillette, vidéo-conférence… ils empêchent les humains de lâcher prise pour dormir ;

Le speedmammouth est très rapide et il est très difficile de l’attraper. Il court tout le temps après le temps. Résultats, il n’a jamais le temps de prendre son temps. Il dort très peu pour essayer de ne pas perdre de temps et gagner du temps, ce qu’il n’arrive jamais à faire par manque de temps. L’animal est toujours pressé et il aime les citrons pressés. Comme il prend les humains pour des citrons, il fait tout pour les presser et les compresser… résultat, tout le monde est stressé, le speedmammouth et les humains. (...)

Le burnmammouth est très actif et ne s’arrête jamais de travailler. Il parle un dialecte qui lui est propre, le workaholic (drogué au travail). En principe il jette son dévolu sur un individu, sans limite à son engagement. Il déteint sur cette personne qui en arrive à ne plus avoir de relations sociales, à perdre le sommeil ou à ne penser à rien d’autre qu’à son travail. De récentes études ont démontré que le burnmammouth rendait l’humain ergomane (obsédé par le travail), jusqu’à « être out ».

Le danger est que ces espèces nuisibles sont invisibles. Résultats, quand ces mammouths ne sont plus là, les humains ne le savent pas et restent en alerte comme s’ils étaient toujours présents.

Cette fiction sur les mammouths pour montrer que l’être humain est soumis à de nombreuses pollutions : sonore, visuelles, technologiques, auxquelles s’ajoutent la pression temporelle et la compétition. Vivre comme s’il y avait toujours des mammouths et le stress, au lieu d’être aidant, devient destructeur. Le stress excessif dépasse le besoin réel d’adaptation, le corps l’exprime, le corps alerte, le corps va jusqu’à crier…».*

Revenez à vous-mêmes :

Quelques solutions existent pour ne pas finir écraser par ces terribles mammouths.

Revenez à vous-même, à l’instant présent, en revenant à la présence du corps. Pour cela, on utilise beaucoup la respiration :
Dans la journée, très régulièrement, prenez un temps de présence à vous-même : En posture debout, les jambes écartées de la largeur des épaules. Prendre une profonde inspiration en gonflant le ventre jusque dans les épaules, puis expirer en relâchant le corps et en mettant un peu de poids dans les pieds. Comme si on se laissait aller dans nos pieds, comme s’ils prenaient un peu plus de place dans notre esprit. A faire plusieurs fois, autant que vous en avez besoin, en posant l’attention sur la présence du corps, posé sur le sol, sur la terre bien solide qui nous porte.

A d’autres moments une simple attention à la respiration pourra mieux vous convenir : En posture debout ou assis. Relâcher le corps doucement et poser son attention sur le souffle, le passage de l’air sur le bord des narines, le mouvement du ventre à l’inspiration et à l’expiration. Percevez comment se fait votre respiration naturellement, comment la ressentez-vous ? Comment la vivez-vous ? Dès que vous sentez que la tension monte, ayez le réflexe STOP, et respirez en revenant à votre corps.

Aujourd’hui, le droit à la déconnection est légalement reconnu. Mais est-ce que vous-même, vous vous accordez ce droit ?
Soyez humain avec vous-même et accordez-vous le droit à des temps de déconnection, sans téléphone, sans écran. Prenez du temps pour vous. Soit seul, soit avec vos proches ; dans la nature ou dans une activité qui vous ressource vraiment, c’est-à-dire un temps qui soit votre moment de respiration. Demandez-vous qu’est-ce qui est absolument essentiel pour vous ? Qu’est- ce qui vous est indispensable à votre bien-être ?

Si vous avez besoin d’un temps pour vous, expliquez-le à votre entourage. S’il se rend compte que cela vous fait du bien et que vous revenez vers lui plus présent et en meilleure forme, il devrait comprendre, respecter et vous soutenir. Cela peut, dans certains cas, demander un peu d’organisation au départ, et il n’est pas toujours facile de se déconnecter immédiatement, mais tout cela est vite dépassé lorsqu’on sent que ça nous fait du bien. Ça peut être mis en place petit à petit.

Cherchez votre activité ressource (balade, yoga, méditation, sophrologie ou une activité créative, du dessin, du bricolage, du chant, écouter de la musique, lire des livres), ou même ne rien faire ! Certains ne seront peut-être pas d’accord avec moi, mais je continuerai à défendre cette conviction qu’observer son jardin ou même la rue derrière sa fenêtre en buvant une boisson chaude est une activité ! Rêver est une activité ! Dans une société continuellement dans le faire et devenue terriblement objectivante et matérialiste, rêver est sans doute l’activité la plus bienfaisante et la plus anticonformiste. D’ailleurs, c’est souvent lors de ces moments-là qu’apparait soudainement la solution à un problème, alors même qu’on ne la cherchait plus. Et si vous avez juste besoin de dormir, accordez-vous le droit de dormir !

De temps en temps, partir un week-end juste pour vous, là où vous en avez besoin.

Bref, instaurez vous des moments de respiration dans votre vie et votre quotidien, et écoutez-vous. L'automne est la saison idéale pour commencer à se simplifier la vie et revenir à l'essentiel. D’abord des moments tout petit, facile à intégrer régulièrement dans une journée, pour ensuite devenir une habitude de penser, de vivre.



* Caroline Rome, "Réveiller son sommeil", éditions SOTECA
© Isabelle KRAUTH
reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/isabelle-krauth-sophrologue

Mots clés : stress, sophrologie, pratique, corporelle, développement, personnel, bien-être, méditation, pleine, présence

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