Messagères du divin
Symbole de lumière dans toutes les sagesses du monde, l’abeille a essaimé au cœur de nombreux contes. Comme son miel, qui cicatrise les blessures du corps, la parole du conteur cicatrise nos blessures de l’âme... Pour apprendre à mieux bourdonner ensemble ?
Un conte des Balkans relate qu’au début du monde, Dieu avait créé la Terre bien plus vaste que le Ciel, si bien qu’une majeure partie était restée dans le noir. Un jour, un hérisson s’en était plaint au diable qui habitait ces ténèbres, en décrivant comment Dieu pourrait modeler la Terre, façonner des montagnes, y faire courir les eaux, et permettre ainsi au Ciel de s’étendre. « Mais Dieu n’y pense même pas », se désolait-il. Entendant cela, l’abeille avait transmis le message à Dieu, qui s’était mis à l’ouvrage. Depuis, elle est la messagère entre la Nature et le Ciel.
Les leçons de l’essaim
Emblème du royaume pharaonique, l’abeille était aussi au cœur de son fonctionnement : «
C’était une théocratie, à l’image de l’essaim, avec une reine “de droit divin”, explique Pierre-Olivier Bannwarth. Elle est à l’écoute des besoins de l’essaim, de la nature, des plantes, des arbres, et oriente les décisions qui vont être prises collectivement. À l’image du pharaon qui était l’antenne spirituelle et qui infusait l’énergie divine à travers son peuple. » Si, de tout temps, les hommes ont été fascinés par ce symbole de l’autorité que représente la reine de la ruche – dont on découvrit il y a seulement trois siècles, grâce au microscope, que ce qu’on croyait être un roi était en fait une reine, «
c’est un pouvoir qui est au service de l’équilibre, plus proche de l’amour que du pouvoir » , précise le conteur.
Autres leçons de sagesses à tirer de la ruche, pour guérir notre monde : «
En 45 jours de vie, l’abeille apprend tous les métiers de la ruche. Balayeuse, rangeuse du pollen, architecte, butineuse… À chaque tâche correspond une nourriture, qui transforme son corps et ses capacités. Jusqu’à ce qu’elle devienne éclaireuse et qu’elle parte à l’aventure pour ramener les informations nécessaires à la transmutation de l’essaim."
Il y a là une idée de l’éducation formidable. On ne forme pas à une tâche : on forme un animal qui va se transformer, et les tâches qu’il accomplit sont là pour lui permettre de réveiller ses capacités endormies… À noter aussi que ce qu’elles mangent détermine ce qu’elles deviennent. C’est valable pour les humains : nous avons des nourritures physiques, intellectuelles, spirituelles. La qualité de notre humanité dépend de la qualité de notre nourriture... »
Un proverbe dogon dit : «
Le bourdonnement des abeilles, c’est le tambour du monde. » Autrement dit, si ce bourdonnement vacille, c’est le monde qui vacille. Et si le désespoir guette, les contes et les abeilles encore volent à notre secours : car ce que nous bourdonne à l’oreille leur omniprésence dans nos histoires millénaires, c’est l’importance du minuscule. «
Les plus petites choses, les plus humbles, les plus insignifiantes, les plus discrètes, ce sont ces choses-là auxquelles il faut donner de l’importance ", conclut Pierre-Olivier Bannwarth. Veiller sur les choses les plus infimes, c’est s’assurer que les équilibres seront maintenus. »
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