ARTICLES / RELATIONS TOXIQUES

LA PERSONNALITÉ PERVERSE NARCISSIQUE

article de Mathias GAIFFE du 11/02/21

3 minutes

J'ai volontairement parlé de personnalité puisque cela concerne aussi bien les hommes que les femmes. S'il est plus fréquent de lire ou d'entendre un témoignage de femme sur un homme manipulateur pervers narcissique, la version féminine existe bel et bien.

Il s'agit de personnes à la fois perverses et narcissiques. Elles se situent sur le point culminant de la rencontre entre les échelles de la jalousie et celle de la manipulation. Il existe bien des portraits sur l'une ou l'autre de ces échelles, ainsi qu'un bon nombre de mélange des deux ingrédients, mais la personnalité « PN » se trouve à l’intersection en leur sommet.

Ce qui va caractériser le ou la MPN est l'entièreté irrécupérable de sa jalousie. Le ou la MPN est jaloux du vivre de l'autre. Il s'est fermé à toutes ses émotions pour fuir une émotion en particulier qu'il ne supporte pas, celle de sa grande blessure d'enfance. Quelque chose qui lui a brisé férocement le paradis qu'est sensé être la famille, notamment les parents.

De cette expérience et de ce choix de refuser la douleur de la réalité, et de faire face, vont jaillir deux choses. D'abord l'interdiction des émotions. Comme elles sont toutes liées, pour éviter celle trop douloureuse, il va les ranger « hors de soi », qu’elles soient passées, présentes ou à venir. Ensuite, il ne va pas supporter que l'autre en ait. C'est la jalousie de l'être.

La seule chose qui maintiennent en vie ces êtres au problème d'altérité entier est la satisfaction de voir en œuvre leur capacité à rabaisser et détruire celle ou celui qui vit. C'est la partie narcissique. Naturellement, cela est sous couvert de bien des apparences. C'est la partie perverse. Ce peut être à la question « as-tu envie d’aller au cinéma ? » la réponse du MPN « non je n'en ai pas envie ». A ceci près qu'il faut entendre non pas « je n'ai pas envie d'aller au cinéma » mais « je n'ai pas envie que l'on satisfasse ton envie, puisque si tu le proposes c'est que tu en as envie ».

Après, il existe tout un tas de comportements, comme le chaux-froid, qui peuvent caractériser les agissements du MPN, mais ils n'en n'ont pas l'exclusivité. Tout comme ils emploient le même vocabulaire et les mêmes expressions. Puisqu'ils ont fréquenté les mêmes bancs d'école. C’est pourquoi il est malaisé de les identifier sur une simple grille de lecture en cochant des cases, même si cela peut servir de guide de réflexion.

Beaucoup d'indices sont donnés par le ou la MPN, mais ceux-ci ne sont clairs que lorsque prend fin la relation, quand la proie a décidé de quitter le tortionnaire. Pourquoi ne sont-ils pas visibles dès le début ? Parce que ce qui fait tomber dans les griffes d'un MPN c'est une blessure attirée par quelque chose, geste ou parole, du MPN, et que la proie a tendance à refuser d’accepter la réalité tant que la blessure a le dessus.

A partir de là, la relation évolue et dure sans autre règle que chacun la sienne. De très courte à très longue, elle prend fin en règle général par le départ de la proie arrivée à saturation ou que quelque chose provoque un déclic. Mais l'issue peut être également plus funeste.

A partir de là, selon ce qui a motivé la fin de la relation, la boucle peut continuer ou prendre fin. Si la personne a juste fui, par saturation, sans comprendre le pourquoi du comment cette relation, elle va reproduire le schéma et pourra dire qu’elle tombe toujours sur des gens comme ceci ou cela. Par contre, si un réel déclic se traduit par une prise de conscience, un travail de libération peut se faire. Travail pour lequel il est bon d’être bien accompagné.