La patience est l'art d'attendre. Peut-elle avoir des limites comme le porte cette phrase que l'on peut entendre dans la vie comme au théâtre : « ma patience a des limites ! ».
La réponse est oui pour l'ego, non pour le cœur.
La patience liée à l'amour inconditionnel est sans limite, mais ni inconsciente ni gratuite. La patience liée à l'ego et ce qu'il contient est beaucoup plus contraint.
En réalité, ce qui est pris pour de la patience chez la personne qui écoute son ego est une endurance ou une tolérance à une souffrance. Il sont dans l'attente d'un geste, d'un mot de la part de la personne sise face à elle et qui porte également aux yeux de l'ego blessé la responsabilité de sa colère.
La personne dans la position d'endurance ou de tolérance aimerait bien entrer dans l'échange si elle écoutait son cœur, mais l'ego veille et suggère délicatement « oui mais à condition que, attendons... ». Parce que comme c'est bien connu l'ego a toujours raison, dans tous les sens du mot.
La « patience » a donc les limites que l'ego lui donne. La non acceptation de ce qui est, comme l'ego veut que les choses soient comme il veut, que ce soit sous la forme d'un déni ou d'un rejet par exemple, implique d'imposer sans échange ni discussion un point de vue. Et donc d'attendre que la personne cède au vouloir. C'est cette période d'attente qui est prise pour de la patience.
Alors qu'accueillir les choses comme elles sont est une disposition du cœur dans l'amour inconditionnel, qui commence par l'amour inconditionnel de soi. Pour le dire brièvement, en évitant les écueils de l'ego.
Les limites données à la patience sont une forme élaborées, sophistiquées de caprice. « Je veux cela, et au lieu de trépigner tout de suite, de laisser jaillir ma colère, mes coups de griffe et toute la panoplie possible de l'agressivité, je vais attendre jusqu'à ce que cette attente me soit insupportable pour une raison ou pour une autre, le résultat incombera à l'autre qui n'a pas su écouter, entendre et surtout obéir à l'ego blessé. C'est une question d'endurance.
Mais d'endurance de sa propre colère née de sa propre souffrance issue d'une blessure non regardée et acceptée comme elle est, mais regardée et « acceptée » comme l'ego veut qu'elle soit pour légitimer ses décisions.
Et la grande différence entre la patience inconditionnelle et celle limitée est dans ce choix. Je peux accepter que l'autre refuse l'échange d'un côté et je n'insiste pas, il a peut être besoin d'un temps beaucoup plus long que cela pour entrer dans l'échange, et la vraie patience est donc d'accepter d'attendre que vienne ce moment tout en sachant qu'il ne se produira pas, de l'autre côté je conditionne ma relation avec telle ou telle personne au fait qu'elle se soumette à la vision que je veux imposer car seule cette vision est juste et bonne, puisque l'ego a toujours raison.
Ce qui fait que l'être à « patience limitée » va chercher sans fin les personnes qui entrent dans son jeu, et chasser sans fin les personnes qui n'y entrent pas et ne seront donc plus étiquetées « bonne personne » avec la certitude de faire perdre à l'autre ce qu'en réalité elle perd.
© Mathias GAIFFEreproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/lamaisondubienetre
Mots clés : patiences, limites, endurances, tolérances, colères
Article retenu par Théranéo pour la
Sélection Qualité cet article vous a intéressé ? découvrez ma prestation en rapport | |
Autres articles de cette rubrique | voir tous