Chez bon nombre d'accompagnants, quel que soit leur secteur d'activité, la question de la relation d'aide conduit à de nombreux questionnements :
Comment fournir une aide efficace ? Comment aider sans envahir? Comment aider sans se perdre ?
les années passées à œuvrer bénévolement auprès de la ligue contre le cancer en tant que relaxologue et sophrologue ont été riches de partage et d'évolution personnelle mais aussi de remises en question. Elles m'ont appris entre autre comment me positionner dans la relation d'aide tout en me servant de ce qui me constitue intimement. Je vous livre quelques réflexions personnelles sur le sujet.
Lorsqu'on a affaire à une personne profondément angoissée par la question “vais-je m'en sortir ? Vais-je survivre au cancer ?” on ne peut se cantonner uniquement dans une posture de thérapeute .
Et en même temps, ce que cette angoisse nous renvoie de nous même et de notre rapport à la mort, nous oblige à une grande vigilance par rapport aux projections dont nous pourrions encombrer la relation.
La relation d'aide nous demande d'aller puiser dans nos ressources profondes d'empathie, de chaleur humaine, de foi envers la vie et envers les capacités de résiliences que tout un chacun possède en lui.
Elle nous demande aussi de respecter certains silences, d'écouter au delà des mots et de savoir accueillir les mouvements émotionnels qui submergent la personne en désarroi.
Accompagner le flot des émotions, aider l'autre à accepter ses propres émotions afin de mieux comprendre se qui se joue en lui comme conflits intérieurs, comme problématiques non résolues, comme rêves non encore vécus mais qui demeurent dans le domaine du possible.
C'est aussi la capacité à demeurer authentiques et attentifs à nos émois personnels et à ce que nous pouvons apporter ou pas comme forces de transformations dans le moment.
Pour moi, la relation d'aide se fait sur trois plans :
la situation de la personne qui a sollicité notre aide avec toutes les complexités que cette situation implique, la manière dont nous répondons à cette situation et nos capacités à y répondre de manière honnête et attentive, le plan de l'invisible à savoir ce qui n'est pas à notre portée comme informations et qui nous dépasse en tant qu'individu et thérapeute.
Je parle de situations extrêmes, mais bien des problématiques peuvent être vécues comme de véritables drames et être résolues de manière apaisée. Le risque d'une faillite ou d'un échec professionnel engageant un changement de statut et de direction, le départ d'une relation affective qui a , à un moment donné, constitué le socle de notre vie, la remise en question du sens même de la vie et de ce qui a été expérimenté avec plus ou moins de culpabilité ou de sentiment d'imposture.
L'apaisement va venir à partir de la mise en conscience des évènements et du prendre soin apporté à celle ou celui qui est en demande d'aide durant cette période de vulnérabilité.
La relaxation et la sophrologie permettent de détendre le corps et l'esprit en souffrance afin d'agir sur" le corps de souffrance" ( à savoir cette partie inconsciente rattachée à notre enfant intérieur et à ses malheurs, aux malheurs familiaux mais aussi aux malheurs d'une communauté culturelle dans laquelle nous sommes inscrits depuis notre naissance).
Le corps peut alors lâcher les mémoires qui rentrent en inter-action avec notre moi conscient et qui limitent ses capacités de résilience.
A partir de là, la personne gagne en énergie et en discernement, ce qu'elle avait perdu du fait de ces inter-actions.
Un travail de reconstruction est possible par l'introduction de pensées nouvelles, de modes de perception nouveaux de la réalité . Ce travail peut s'apparenter à une forme de reformatage et de défragmentation, pour adopter un langage informatique.
Les transformations qui s'ensuivent s'opèrent d'abord au niveau de l'inconscient et du symbolique avant de s’inscrire dans une série d'actions conscientisées. Pour autant elles demandent l’acquiescement conscient de la personne et sa responsabilisation dans le processus de reconstruction.
Pour conclure, la relation d'aide , même si elle parait être parfois à sens unique, s'inscrit toujours dans un échange. Elle nous fait grandir ensemble et séparément.
© Myriam PAILLER
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Mots clés : accompagnement,conscience,résilience,sophrologie,relaxation
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