Maux de ventre, douleurs au niveau de la poitrine ou encore problèmes de respiration, l’anxiété se manifeste aussi par des symptômes physiques. Pourtant on ne se rend pas toujours compte que nos maux sont causés par nos angoisses. Comment ce phénomène se traduit-il pour les anxieux et comment le traiter ? Décryptage.
L’anxiété, créatrice de maux physiquesCe mal de ventre qui vous tracasse n’est pas nécessairement dû à une indigestion ou à un problème gastrique. Si c’est souvent la première hypothèse qui vous traverse l’esprit, il est possible que la raison derrière votre douleur soit liée à votre anxiété.
Handicapants au quotidien, ces symptômes physiques peuvent pourrir la vie des anxieux qui aimeraient les atténuer. Pour ce faire, il faut déjà déceler l’origine du problème. Une étape difficile selon Amélia Lobbé, psychologue et auteure du livre Ma bible pour soulager l’anxiété. Elle raconte : « Généralement, les patients passent des examens qui n’indiquent aucune pathologie (un scanner, un test d’effort, une échographie, une prise de sang…). Ils comprennent alors que leurs troubles physiques pourraient être une manifestation de l’anxiété. » C’est le cas de Charlotte, 23 ans, qui en souffre depuis ses 16 ans : « Au début, je pensais que j’avais l’appendicite chaque semaine. J’allais à l’hôpital, je prenais des médicaments, mais cela ne me soulageait pas sur la longue durée. » Encore aujourd’hui, elle ressent de terribles spasmes et des remontées acides. « Cela en arrive parfois au point où ma journée est gâchée. Je dois m’allonger pour me calmer. »
C’est pendant le premier confinement qu’elle a découvert que ses maux de ventre venaient principalement de son anxiété : « Lorsque j’étais chez moi, je ne ressentais plus le stress de la vie extérieure, du travail. Je faisais beaucoup de sport, de yoga et j’avais une alimentation saine et un rythme équilibré. À ce moment-là, j’ai remarqué que je n’avais plus mal au ventre. Pourtant, dès que j’ai repris une vie active débordante, cela a recommencé. »
Comment les symptômes se manifestent-ils ?Selon Amélia Lobbé, « l’anxiété est un mélange de peur diffuse, de tension nerveuse et de diverses sensations physiques ». Alors, lesquelles ? Celles-ci sont très diverses : vertiges et tremblements, maux de ventre ou de dos, déréalisation (sensation que l’environnement tourbillonne, impression d’être dans du coton, dans un cauchemar où les gens bougent au ralenti), des terreurs nocturnes ou encore des crises d ’ angoisse et attaques de panique.
Qu’en est-il de la durée de ces symptômes ? La psychologue répond : « C’est très variable selon les gens et les situations : on peut avoir des angoisses très fortes le matin qui s’estompent au cours de la journée, ou se sentir particulièrement anxieux après le déjeuner, quand la fatigue de la digestion se manifeste, et sentir une amélioration de son état vers 16h. » Pour Juliette, 21 ans, les douleurs sont constantes : « J’en ai tout le temps. Le pire, c’est le matin car des inquiétudes m’envahissent dès mon réveil, ce qui me provoque des maux de tête, de dos ou d'articulations. »
Si ses symptômes sont légers au quotidien, ils s’alourdissent en « période de crise aiguë », comme elle le décrit. « Je ressens des étouffements, des tremblements. Je peux également déclencher une crise d’angoisse où je n’arrive pas à penser, j'ai peur et je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que je vais mourir… »
Les crises d’angoisse, le climat de l’anxiété« Les moments importants comme les examens me causent des crises. Dans ce genre de situation, j’ai du mal a respirer, je fais comme des crises de panique avec la tête qui tourne et un épuisement total. » Cette impression que ressent Juliette n’est pas anodine. « C’est le climax de l’anxiété », déclare la psychologue Amélia Lobbé. Elle précise : « Les patients pensent qu’ils meurent car cela fait si mal à l’intérieur. Lorsque nous sommes confrontés à cela, nous nous imaginons que c’est la fin de notre vie. Cependant on ne meurt pas d’une crise d’angoisse. »
Celle-ci caractérise le fait d’avoir du mal à respirer, les mains qui tremblent, le cœur qui bat à toute allure. Contrairement à ce que l’on peut ressentir et penser sur le moment, la crise ne dure pas une journée entière ou ne cause pas la mort. « Cela dure de quelques minutes à une heure, comme c’est un climax, cela passe doucement, ce qui est rassurant. »
Il existe aussi un autre stade supérieur de l’anxiété, l’attaque de panique, plus rare. Celle-ci se produit par exemple lorsque l’on se sent oppressé, que l’on veut sortir d’un endroit clos comme un ascenseur. À l’inverse, cela peut aussi se manifester au milieu d’une foule, ce qui est susceptible d’entraîner une phobie sociale. En effet, l’anxiété d’anticipation va prendre le dessus car on a peur de reproduire l’attaque de panique, ses sensations, l’humiliation que l’on a pu ressentir en public. On va alors éviter de retourner dans l’endroit en particulier et parfois s’enfermer complètement…
De lourdes conséquencesEn plus d’être épuisants, mais aussi terrifiants pour certains, ces symptômes peuvent avoir un lourd impact sur la vie des personnes anxieuses, surtout s’ils durent sur le long terme. Sophie, 53 ans, cohabite avec ses maux depuis ses 15 ans, âge où elle a quitté sa tendre Bretagne natale pour la région parisienne. Elle explique : « En déménageant, j’ai laissé derrière moi mes amies d'enfance et ma famille, dont ma grand-mère avec laquelle j’étais fusionnelle. Je rentrais en seconde et je ne connaissais personne, ni la région. C’est là que les maux de ventres et les nausées ont commencé. Elles étaient terribles. » Elle détaille : « Il m'arrivait de vomir à maintes reprises sur le chemin de l’école et j'étais prise d’horribles spasmes intestinaux, de coliques qui pouvaient durer des semaines. » Des symptômes incompris qui l’empêchaient de suivre une scolarité normale, étant absente une majeure partie de l'année pour des examens médicaux à la recherche d'une quelconque maladie, en vain.
À cause de son anxiété handicapante, Sophie a dû redoubler son année de seconde mais aussi arrêter ses études supérieures après deux ans en faculté de droit. Comme Juliette, elle raconte : « Les moments de partiels étaient insoutenables, le stress amplifiait les douleurs. » Ses seuls moments de calme ? La période de vacances scolaires ou le week-end, là où elle était moins susceptible de déclencher ses angoisses.
Des techniques pour soulager les douleursPour apaiser les bouffées d’angoisse et les crises d’angoisse, Amélia Lobbé donne des techniques à appliquer chez soi :
La respiration profonde : Vous pouvez la pratiquer pendant 4 à 5 minutes, tous les jours, ou chaque fois que le besoin s’en fait sentir. Inspirez profondément par le nez et expirez par la bouche. La respiration profonde active notre système nerveux parasympathique responsable du retour au calme de notre organisme, c’est mécanique (le système nerveux parasympathique abaisse le rythme cardiaque et la tension artérielle).
La respiration abdominale : inspirez en gonflant le ventre comme un ballon et soufflez en dégonflant le ventre. Cette technique permet d’ancrer votre respiration afin de la ralentir et de vous apaiser.
La cohérence cardiaque : C’est un état correspondant à une fréquence de 6 cycles respiratoires par minute. Effectuez une inspiration par le nez de 5 secondes et une expiration par la bouche de 5 secondes. Faites l’exercice 6 fois de suite sur une minute. L’expiration entraine les soucis vers l’extérieur, répétez l’exercice plusieurs fois par jour, tous les jours.
Exercice de pleine conscience : concentrez-vous sur votre environnement et citez calmement à voix haute tous les objets et les meubles qui se trouvent autour de vous. Par exemple « je vois une chaise rouge, une table marron, des ustensiles de cuisine… » Cela vous permettra de vous ancrer dans le présent et dans un lieu précis plutôt que de focaliser votre attention sur votre anxiété.
Après avoir essayé ces techniques sur le moment, quand l’angoisse vous submerge, il est possible d’en appliquer sur le long terme.
Constituer sa boîte à outils anti-anxiété : La boîte à outils anti-anxiété est une panoplie de techniques à utiliser dans différentes situations. Il est utile de comprendre ce qui marche sur nous, quelle technique utiliser dans une situation ou dans une autre. Par exemple, vous pouvez vous se sentir plus à l’aise d’essayer la respiration abdominale lors d’un mal de ventre et l’exercice de pleine conscience lorsque l’angoisse vous submerge. En effet, les anxieux apprécient une certaine routine avec des rituels et des activités qu’ils connaissent et avec lesquelles ils se sentent l’aise.
Réaliser ce qui vous procure de la stabilité tout en tenant un agenda : Cela donne un cadre rassurant, une structure, une régularité et de la prédictibilité à notre cerveau. Adoptez un rythme de vie en particulier. Par exemple, levez-vous à heures régulières, ouvrez vos fenêtres, faites votre toilette et prenez un petit-déjeuner… Adopter une telle routine fait comprendre à votre cerveau qu’il s’agit d’une journée ordinaire, que vous êtes en sécurité dans votre zone de confort, et qu’il peut cesser d’émettre de l’adrénaline et du cortisol, les fameuses molécules du stress. Veillez cependant à ce que ces rituels restent souples et adaptables, afin de ne pas tomber dans les TOCs.
S’aider des plantes : Vous pouvez utiliser les plantes anti-anxiété dont l’efficacité est quasi équivalente à celle des anxiolytiques : la passiflore, l’aubépine, la valériane ou encore la rhodiole sont particulièrement indiquées. Pour un traitement efficace, faites-vous conseiller par un herboriste ou votre pharmacien.
Consulter un thérapeute: Afin de mieux vous accompagner, de soulager les douleurs et leurs origines, il est conseillé de consulter un psychothérapeute, surtout un spécialiste dans le domaine de l’anxiété comme un sophrologue ou praticien en hypnose.
Opter pour un traitement médicamenteux : Parfois, lorsque l’anxiété est trop forte ou installée depuis longtemps, votre médecin ou un psychiatre peut vous prescrire un traitement à base d’antidépresseurs pour soulager les états anxieux. Retrouver un certain calme grâce aux médicaments peut permettre ainsi une meilleure efficience de la thérapie par la parole ou des exercices anti-anxiété.
Selon Amélia Lobbé,
c’est au fil du temps, à force de travail et de persévérance que « le mécanisme de l’anxiété s’atténuera et que les crises d’angoisse diminueront en intensité et en fréquence. » Elle ajoute : « Il y aura certainement des paliers, ceci est normal. Il restera peut-être un peu d’anxiété, avec laquelle on peut cohabiter harmonieusement. »
© Article de Tiphanie Bénard,
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Mots clés : anxiété, stress, manifestations, corps, mental
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