Les étapes de l’alphabétisation émotionnelle ne sont pas des traits de personnalité mais bel et bien des étapes par lesquelles nous pouvons passer (certaines personnes restent bloqués un temps, voire toute une vie à l’une ou l’autre des ces étapes).
Elles constituent
un processus qui montre le chemin à parcourir afin de connaître nos émotions, de savoir les mettre en mots, d’en saisir les causes, de faire preuve d’empathie (envers nous-même et les autres).
Qui suis-JE ? Je suis celui que je me sens être. Les émotions sont à la racine du sentiment de soi, de la conscience de soi. – Isabelle Filliozat
Les étapes d'alphabétisation émotionnelle
1. L’anesthésieIsabelle Filliozat écrit que les personnes qui s’anesthésient ont l’impression d’être fortes mais qu’elles sont en réalité déconnectées d’elles-mêmes (et des autres).
Les sensations qui accompagnent les émotions (accélérations cardiaques, gorge nouée, mains moites ou qui tremblent, visage crispé, changement de tonalité dans la voix…) sont hors de conscience (déniées, refoulées ou encore évitées par des comportements compulsifs)
2. Perception de sensations diffusesSortant de l’anesthésie, la personne à cette étape perçoit des sensations mais ne les relie pas à ses émotions.
Les personnes bloquées à cette étape se reconnaissent à plusieurs signes :
utilisation d’un langage impersonnel (« c’est le stress » plutôt que « je suis tendu/e », « il fait chaud » plutôt que « j’ai chaud », « il y a de la colère » plutôt que « je ressens de la colère »)
focalisation sur les sensations (frissons, picotements, grattouilles, nœud à l’estomac…) pour ne pas prendre conscience de l’émotion qui les provoque
isolement des sensations et refus de les lier à une émotion (« mon cœur bat vite mais je n’ai pas peur »)
3. Expérience émotionnelle chaotique (les personnes émotives)Claude Steiner, psychologue tenant de l’analyse transactionnelle et père de l’expression « alphabétisation émotionnelle », nomme cette étape « expérience chaotique ».Les personnes à cette étape associe leurs sensations à leurs émotions mais sont encore incapables de les identifier clairement et d’en saisir les causes.
Isabelle Filliozat écrit : « Le passé fait irruption sans crier gare. Les émotions ressenties sont rarement réactives à l’instant présent, elles sont (( … )) des sentiments parasites, dysfonctionnels. »
4. Identification et structurationL’expérience chaotique se structure à cette étape.
La personne n’est plus engluée dans ses émotions mais devient capable de les nommer, de mettre des mots sur le ressenti, de l’ordre dans le vécu intérieur, à donner du sens à l’expérience.
Isabelle Filliozat parle d’émotion « fonctionnelle »et « réactive », c’est-à-dire l’émotion qui est appropriée et fonctionnelle. Identifier ces émotions fonctionnelles et réactives permet de les exprimer et surtout de les différencier des sentiments parasites et dysfonctionnels dont les déclencheurs et les causes profondes sont à élucider.
Une émotion dure quelques minutes au plus et elles font partie de notre équipement de survie pour produire une réaction spécifique à une situation déclencheur (courir devant un danger par exemple) et réguler l’état interne de l’organisme pour assurer son intégrité.
La peur est utile et saine devant un danger ou l’inconnu (pas devant l’injustice ou la frustration). La colère est appropriée devant l’injustice, la frustration ou une blessure de l’intégrité (pas devant un danger).
La tristesse est saine et appropriée lors d’une perte (pas devant une injustice).
5 . Causalité Quand nos émois sont disproportionnés ou inadaptés aux situations, les causes sont alors à rechercher dans le passé, proche ou lointain.
Quelle liberté retrouvée quand on est capable de distinguer si l’émotion est réactive donc adaptée et proportionnée à l’événement, ou s’il s’agit d’un déplacement ou d’une projection… – Isabelle Filliozat;
A cette étape, nos propres réactions et celles des autres nous deviennent compréhensibles.
6. Empathie La compréhension de ses propres émotions mène tout naturellement à la compréhension des émotions d’autrui. C’est la naissance de l’empathie. Empathie pour soi, pour celui que nous avons été, puis empathie pour l’autre en face de soi. – Isabelle Filliozat
Quand on a peu (ou pas du tout) conscience de nos propres émotions (comme c’est le cas aux étapes 1,2 et 3), on a peu de compréhension d’autrui. Il s’en suit une certaine tendance à l’égocentrisme. En effet, l’empathie nécessite de se décentrer de nous-même pour nous centrer sur l’autre.
Se connaître, s’accepter soi-même dans ses émotions est fondamental pour permettre à autrui de s’exprimer dans sa vérité, de rire, pleurer ou crier, sans chercher à le calmer à tout prix. Après le voyage à l’intérieur de soi, la subtilité des émotions d’autrui devient plus lisible, et le respect pour ses sentiments devient naturel. – Isabelle Filliozat
7. InteractivitéA cette étape, nous prenons conscience de l’interactivité entre nos émotions et celles des autres. Nous accédons alors à l’interdépendance qui est la condition de la véritable autonomie.
Chacun est responsable de lui-même, mais il est faux de dire que nous n’interagissons pas. Nos comportements, nos attitudes, provoquent des réactions chez les autres. En assumer la responsabilité nous garantira des relations harmonieuses plus sûrement que l’attitude de renvoyer systématiquement l’autre à lui-même. – Isabelle Filliozat
Source : Que se passe-t-il en moi ? de Isabelle Filliozat (Poche Marabout).
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Mots clés : émotions
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