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Marianne NYS
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ARTICLES / LES EMOTIONS, LES PEURS, LES ANGOISSES, LES ANXIÉTÉS

STRESS : NOS ANGOISSES DÉRÉGLENT NOS INTESTINS

article du 20/08/17 4 minutes 540 2
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Face à un événement stressant, l’organisme se prépare à combattre ou à fuir. Les systèmes nerveux, hormonal et immunitaire se mobilisent : or, tous ont des effets sur nos intestins.

L’estomac noué, l’envie d’uriner, le ventre ballonné, la nausée…
Qui ne l’a pas expérimenté un jour, à la veille d’un examen ou d’un rendez-vous important ?
Et pourtant les explications scientifiques ont tardé.

«Il y a encore quelques années, un chercheur invoquant le lien de cause à effet entre stress et troubles intestinaux serait passé pour un charlatan», explique le Pr Bruno Bonaz, gastro-entérologue et directeur d’une équipe de recherches à l’Institut des neurosciences de Grenoble. «Mais aujourd’hui, poursuit le scientifique dans un article paru au printemps dernier dans la revue Cerveau et Psycho, plus personne n’en doute : la recherche et la médecine ont révélé que le stress, compris au sens large du terme, provoque des troubles à la fois organiques et fonctionnels, notamment dans le système digestif.»

«La recherche et la médecine ont révélé que le stress provoque des troubles, notamment dans le système digestif.»


Pr Bruno Bonaz,gastro-entérologue et directeur d’une équipe de recherches à l’Institut des neurosciences de Grenoble.

Le cerveau dépassé
Face à un événement de vie stressant, notre cerveau réagit pour préparer l’organisme à s’adapter. Seulement, si la situation perdure, il peut en perdre le contrôle.
Quand le stress est momentané, le cerveau met à contribution le cortex préfrontal, qui intervient entre autres en inhibant l’action de l’amygdale, une structure cérébrale impliquée dans la peur. Mais s’il se prolonge, l’amygdale finit par agir «à sa guise», avec toutes sortes de conséquences néfastes pour la santé, en particulier sur notre système digestif. Par exemple, l’estomac se vidange moins vite et le transit dans l’intestin grêle se trouve lui aussi ralenti. D’un autre côté, la motricité et la sécrétion du côlon sont stimulées, d’où des diarrhées. Enfin, les populations de bactéries qui siègent dans le tube digestif sont modifiées, de même que la perméabilité de la muqueuse intestinale. Résultat: des fragments de paroi des bactéries peuvent se glisser entre les cellules de la muqueuse et créer ainsi une inflammation.

Action inhibée du nerf vague
Ces symptômes doivent leur origine aux systèmes nerveux, immunitaire et hormonal liant cerveau et intestin. En cas de stress, un réseau de nerfs, portant le nom de système nerveux sympathique, mobilise nos réserves d’énergie et fait travailler notre cœur à plein régime: héritage de l’évolution, il s’agit d’être prêt à fuir ou à se battre. Dans le même temps, un autre réseau nerveux est mis en sourdine. Le système parasympathique, et notamment le nerf vague, qui détend les muscles, ralentit le cœur et augmente la vidange des intestins, voit alors son action inhibée. L’un de ces nerfs reste toutefois actif. Et comme il commande la vessie et le rectum, l’envie d’aller aux toilettes se fait pressante en cas de stress.

En cas de stress, un réseau de nerfs mobilise nos réserves d’énergie et fait travailler notre cœur à plein régime : héritage de l’évolution, il s’agit d’être prêt à fuir ou à se battre.

Ce n’est pas tout : les deux systèmes, sympathique et parasympathique, contrôlent certaines réactions de notre système de défense immunitaire. D’où d’autres symptômes, encore… Le système sympathique stimule la production de molécules qui déclenchent des réactions inflammatoires. En temps normal, le système parasympathique modère cet effet, via la libération d’autres molécules. Mais en situation de tension psychique, son action se trouve entravée, ce qui explique l’inflammation des intestins et les douleurs abdominales.
Problèmes de vidange et inflammations

À ces troubles s’en ajoutent d’autres, causés par certaines hormones. En cas de stress, l’amygdale déclenche une cascade de réactions et libère des hormones pour préparer l’organisme à agir: l’objectif est d’avoir suffisamment de carburant, c’est-à-dire de sucres, pour prendre ses jambes à son cou, avec un rythme cardiaque et un débit sanguin suffisants pour alimenter les muscles en énergie.

La libération dans l’organisme de certaines de ces hormones provoque des troubles intestinaux.

Mais leur action va au-delà, et ce n’est pas très favorable.

Comme l’ont révélé plusieurs études, dont celles menées par l’équipe de Bruno Bonaz, la libération dans l’organisme de certaines de ces hormones provoque des troubles intestinaux. La preuve en a été faite par une expérimentation: injectées dans le cerveau de rongeurs, les dites hormones, baptisées CRF, provoquent des diarrhées.
On a également montré que les CRF et des substances apparentées s’opposent aux contractions de l’estomac, tout en augmentant la perméabilité de l’intestin, d’où des problèmes de vidange et des inflammations. Et l’on sait aussi qu’elles favorisent les contractions du côlon et stimulent ses sécrétions, étant ainsi à l’origine de douleurs abdominales et de diarrhée.
Des symptômes différents

Et pourtant, tout le monde ne répond pas au stress en se tordant le ventre.
De même, des maladies potentiellement aggravées par le stress, comme le syndrome de l’intestin irritable, ne se manifestent pas toujours de façon identique. Pour quelles raisons ?
«Les mécanismes de somatisation du stress sur le plan des viscères agissent via de nombreuses boucles de rétroaction comme dans un billard à plusieurs bandes, explique le Pr Bonaz.
Après un certain nombre de rebonds, il est impossible de savoir exactement où la boule se trouvera, car chaque écart se trouve amplifié par les rebonds suivants.»

En pratique, on peut néanmoins faire face au stress et préserver de la sorte ses intestins en tentant de ne pas se laisser emporter par ses émotions, seul, avec le soutien d’un proche ou celui d’un professionnel pour y parvenir.
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Mots clés : stress,angoisses,intestin,intestinirritable

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