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Marianne NYS
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Marianne NYS
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ARTICLES / SEXUALITÉ, SANTÉ SEXUELLE, FERTILITÉ

DÉSIR SEXUEL ET MATERNITÉ

article de Marianne NYS du 12/03/18 10 minutes 134 0

Le désir, point de départ de la trajectoire de l’acte sexuel, est le stade qui précède et accompagne la montée de l’excitation et qui en détermine l’intensité, la durée, la pente. Force créatrice qui pousse chacun d’entre nous à l’intimité, il représente une part importante de la vie émotionnelle et relationnelle de chacun. Le désir impliquant la relation à l’autre, le désir féminin est d’autant plus complexe et multifactoriel.
Chez la femme, si le biologique intervient bien naturellement dans la motivation sexuelle, celle-ci reste encore mystérieuse plus singulièrement liée à tout un ensemble de facteurs intra et interpersonnels, conjoncturels et nvironnementaux.

Réfléchir sur la sexualité au cours de la grossesse, c’est bien évidemment s’interroger sur le pourquoi et le comment de cette vie sexuelle compte tenu des conditions particulières, spécialement anatomo-physiologiques de la gravido-puerpéralité et avatars de désir ou non-désir. C’est réveiller l’atavisme familial ou social, toutes les ambiguïtés, les craintes, les tabous de la
sexualité. C’est évoquer les remaniements psychiques spécifiques de la grossesse, « période mutatoire psychosomatique qui conduira la femme au statut de mère » (Tourné, 2003).

Les modifications psychologiques que l’on peut rencontrer chez la femme enceinte sont très importantes. Elles sont le plus souvent très mal connues des professionnels de santé, à l’origine de bien des « maux », dits ou non-dits, pendant toute la période de la gravido-puerpéralité, ignorés ou étiquetés à tort le plus souvent comme des troubles de l’humeur. C’est, à mon sens, méconnaître totalement tout ce qui se joue d’incroyable, dans l’intimité du jardin secret de chaque femme enceinte. On ne peut plus ignorer toutes ces résonances psychiques spécifiques de la femme enceinte puis de la jeune mère à l’origine
de bien des problèmes, notamment sexuels.
Ceci dit, avant la grossesse, il y a le désir d’enfant, inscrit dans les structures mêmes du vivant.
Chez la femme, le désir d’enfant peut s’exprimer à plusieurs niveaux. Au niveau conscient, désirer un enfant peut signifier se situer comme parent, perpétuer la filiation, correspondre à un désir de conformité. Ceci dit, désirer un enfant, est avant toute chose, un désir narcissique, l’enfant étant le dépositaire du narcissisme infantile du parent. Sans oublier qu’il peut aussi être chargé de perpétrer au-delà de la mort, assurer le fantasme d’immortalité du Moi parental. Désirer un enfant, peut aussi n’être que prouver sa fécondité, sa féminité, sa capacité à... C’est aussi pour certaines désirer être enceinte — la grossesse pour la grossesse —, chercher la complétude narcissique.
Au niveau inconscient, il faut insister, sur la notion d’une « ambivalence » affective, naturelle, évidente et obligée chez toutes les femmes qui trouve sa racine dans l’angoisse inhérente à toute grossesse et se traduit par une angoisse flottante et des peurs multiples. Cette ambivalence est « une forme primitive de la vie psychique, un état dans lequel se trouvent simultanément des affects, des pensées ou des volontés, en particulier l’amour et la haine à l’égard d’un même objet et éprouvés simultanément » (Alexandre, 2011. Cette ambivalence ou « conflit ambivalentiel » se négociera différemment en fonction de chaque femme : son histoire infantile et œdipienne, sa généalogie (parents et grands-parents). Cette notion permet de disposer d’un outil conceptuel efficace pour comprendre la psychologie des femmes —dans le désir (conscient) d’enfant, il y a toujours une part de non désir (inconscient) — et décoder certaines situations cliniques (infertilité, efflorescence symptomatologique pendant la grossesse, avatars de désir ou non désir, problème de sexualité... ).

Par ailleurs, la recherche clinique auprès des femmes enceintes a permis de révéler que la grossesse est le moment d’un état particulier du psychisme. Le processus de « maternalité », ce moment de passage vers la maternité, est une phase importante du développement psychoaffectif de la femme (Racamier, 1961), héritière de l’enfance et de l’adolescence, des identifications précoces et de la manière dont les parents auront aidée la femme à se structurer psychiquement. Ce processus est présenté comme une crise identitaire, une période de conflictualité exagérée, une crise maturative (Bydlowski, 1997), de
même ordre que celle de l’adolescence.

Pour Monique Bydlowski (2001), cette crise maturative mobilise de l’énergie psychique, en réveillant de l’anxiété et des conflits latents, mais elle est aussi recherche et engagement dans de nouvelles virtualités. La grossesse se présente comme une période de « transparence psychique » où des fragments du préconscient et de l’inconscient viennent facilement à la conscience ce qui permet l’émergence d’anciennes histoires oubliées et fantasmes cachés, normalement ancrés au fond de l’oubli et maintenus aux profondeurs de l’inconscient par la force du refoulement. A l’occasion de la grossesse, celle-ci se
relâchant, les souvenirs gênants souvent liés à la sexualité infantile, peuvent venir flotter en surface, d’autant plus facilement que les représentations de la plupart des femmes sont, durant cette période, nostalgiques et centrées sur l’enfant qu’elles ont été et leurs préoccupations quotidiennes sur l’enfant qu’elles portent. Pour cette auteure, les entretiens psychothérapiques pendant la grossesse permettent à la femme enceinte de retrouver l’écho de sa voix personnelle donnant la parole à l’enfant qu’elle a été ce qui l’aide ainsi à restaurer celui qu’elle porte, l’objet de toutes les attentions de l’entourage.

Cette question de la « maternalité » comme un processus psychique complexe et « à risque » va être reprise par plusieurs auteurs.
Pour :
Catherine Bergeret-Amselek (1996), la grossesse est une remise en question radicale, une « étape majeure qui rappelle toutes les autres : naissance, puberté, défloration, ménopause, mort. ». Elle va même jusqu’à parler de « traumatisme de la maternalité ».
Claude Revault d’Allonnes (1976), dans la droite ligne de Racamier, souligne notamment l’impact de la grossesse sur l’image du corps expliquant ainsi toutes les attitudes qu’il faut mettre en relation avec l’histoire personnelle de chaque femme « qui vient imprimer sa marque particulière sur la trame commune que dessine le déroulement de la grossesse », attitudes qui « peuvent aller de la mise entre parenthèses silencieuses au vécu triomphal exprimant la complétude,
en passant par l’efflorescence symptomatologique, marque d’ambivalence ».

Je ne saurais que trop insister sur cette notion d’« efflorescence symptomatologique », marque d’ambivalence à laquelle le clinicien peut être confronté dans sa pratique quotidienne notamment lors de la consultation prénatale du sixième mois (parfois un peu plus tôt) qui suit notamment l’apparition des mouvements actifs fœtaux.
Pendant la grossesse, le rendez-vous mère-fille est incontournable d’où l’importance de la capacité de la femme à « pouvoir se situer d’une part par rapport à sa propre mère en lui devenant semblable, d’autre part en qualité de mère par rapport à son partenaire... » (Bonierbale, 1981). Ce dernier questionnement fait écho aux conceptions psychanalytiques, telle Catherine
Bergeret-Amselek (1996) selon laquelle « Ce rendez-vous mère-fille est paradoxal, car c’est vouloir aller à la rencontre de sa mère, en recevoir une transmission pour pouvoir s’en séparer en paix et s’autoriser à créer sa propre façon d’être mère. Pour que ce rendez-vous soit réussi, encore faut-il que la mère soit présente, accepte de transmettre et de laisser sa fille se séparer d’elle.
Compte tenu de ces remaniements psychiques spécifiques, la sexualité de la femme enceinte « subit d’importantes variations individuelles, perceptibles dès les premiers mois de la gestation allant d’une franche exacerbation du désir et des
activités sexuelles coïtales et masturbatoires ... à une perte rapide et catégorique de tout rapport sexuel » (Waynberg, 1994).

En fait, tout peut se voir : « Tout est possible ».

Dans l’accouchement, le renvoi aux origines est majeur : la femme est sa mère en la mettant au monde et elle s’identifie au bébé qu’elle va avoir et à celui qu’elle est encore. L’accession au statut de mère passe par la remise en question de son statut d’enfant et dépend de son identification plus ou moins prononcée à sa propre mère. « En enfantant, une femme rencontre sa propre mère; elle la devient, elle la prolonge tout en se différenciant d’elle.» (Grodeck, 1976).
Le post-partum est un cruel retour à la réalité quotidienne, une période particulièrement sensible et périlleuse sur le plan de la sexualité dont les racines sont doubles, le préjudice corporel de la maternité et la déstabilisation psychologique spécifique. C’est une situation nécessairement conflictuelle. La femme le plus souvent « abîmée » dans son intimité va devoir dans un temps de récupération variable se retrouver et se réapproprier son corps avant de pouvoir à nouveau aborder la sexualité. Dans cette période sensible, il faut « laisser le temps au temps », celui nécessaire à toute femme récemment accouchée, de se retrouver physiquement et psychiquement.
Au total, il faut bien comprendre, qu’il ne faut pas rentrer à pieds joints dans toutes ces questions qui abordent la sexualité pendant et après la grossesse comme si tout allait de soi (Leuillet, 2006), avec comme corollaire de savoir aborder avec le couple, leur éventuelle volonté d’avoir une vie privée pendant cet évènement spécial que représente la grossesse et à distance de l’accouchement ainsi que l’idéal que ça peut représenter pour eux et notamment pour la femme.
La grossesse permet de révéler si la sexualité est un mode de communication habituel au sein du couple.
En fait, la grossesse est un « démultiplicateur » : ça démultiplie le bonheur ou ça démultiplie la mésentente.
La maternité représente un « dynamitage du système couple » (Leuillet, 2006). C’est presque un test. La maternité est souvent un élément révélateur de la fonction érotique du couple et notamment de la fonction érotique de la femme (Leuillet, 2006).

L’important, c’est de pouvoir laisser libre cours à la parole au sein du couple. Dans ce cadre bien précis, le praticien « peut aider à la métabolisation de la grossesse, à son épanouissement, ce qui pourra se traduire de façon parallèle par une meilleure compréhension des conduites sexuelles »
(Bonierbale & al., 1981). Par ailleurs, dans une écoute attentive des vraies
aspirations de la femme, sans oublier, bien sûr, le partenaire, le praticien peut aider le couple à éviter l’écueil d’un schéma dit classique de sexualité pendant la grossesse, et permettre au couple de s’installer dans une réécriture de leur intimité. Plus globalement, il est nécessaire de susciter le dialogue au sein du couple pour inciter à la patience, dans l’apprentissage de sa parentalité, la redécouverte de son propre corps et du corps de l’autre, la résurgence du désir de chacun et la réapparition du plaisir partagé (Audinet, 2006).


Enfin, la femme, rappelons-le, est le plus souvent, seule à gérer son inquiétude, seule à gérer, dans sa tête et dans son corps, cet évènement exceptionnel que représente la maternité. C’est bien elle, sans oublier le partenaire, qu’il faut accompagner en premier lieu pour y voir clair dans ses besoins réels, dans ce qu’elle vit dans l’intimité de son jardin secret. Il faut surtout être à l’écoute de ses vraies aspirations, dans cette aventure singulière de la « maternalité », complément indispensable pour beaucoup de femmes de leur féminité.

auteur de cet article : M. Patrick LE UILLE T
Gynécologue, sexologue, sexothérapeute
Praticien hospitalier, Service de Gynécologie-Obstétrique du CHU Amiens Picardie
Directeur d’enseignement des DIU de Sexologie et d’Etude de la Sexualité Humaine Université Amiens Picardie Jules Verne

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
1. Alexandre B, Un autre regard sur l’accouchement prématuré et sa menace. Revue Sexualités Humaines. n°10, 7-9 2011, p.44-51.
2. Audinet C, Devenir mère, devenir femme, Entretiens de Bichat, Entretiens des sages-femmes, Expansion Formation et Editions, 2006
3. Bergeret-Amselek C, Le mystère des mères, Paris, Ed. Desclée de Brouwer,1996.
4. Bonierbale M, Kieffer N, Stenwaga C, Conduites sexuelles et grossesse, Actualités sexologiques, 2ème série, Masson, Paris, 19 81.
5. Bydlowski M, La dette de vie : itinéraire psychanalytique de la maternité, Paris, PUF, 1997, p.92-93.
6. Bydlowski M, Le regard intérieur de la femme enceinte, transparence psychique et représentation de l’objet interne. Devenir, 2001/2, Vol. 13, p.41-52. DOI : 10.3917/dev.012.0041.
7. Groddeck G., Le livre du ça, Gallimard, Paris, 1976.
8. Leuillet P. Sexualité et grossesse, Cours aux DIU de Sexologie et d’Etudes de la Sexualité Humaine, Amiens-Lille.
9. Leuillet P., Grossesse et fonction érotique, Entretiens de Bichat, Entretiens des sages-femmes, Expansion Formation et Editions, 2006
10. Leuillet P., « Désir d’enfant et santé sexuelle », in J. Mignot et T. Troussier (dir.),
Santé sexuelle et droits humains, un enjeu pour l’humanité, De Boeck Supérieur SA, 2015, p. 224-230.
11. Leuillet P., « Grossesse et post-partum », in F. Courtois et M. Bonierbale (dir.),
Médecine sexuelle, Fondements et pratiques en médecine sexuelle, Lavoisier, 2016, p.197-203.
12. Racamier P.C., Sens C., Carretier L., La mère, l’enfant dans les psychoses du post-partum, In Evolution psychiatrique, 1961, XXVI, pp. 525-570.
13. Revault d’Alonnes Cl, Le Mal Joli, coll. 10/18, 1976
14. Tourné CE, Un corps pour trois. La sexualité au cours de la grossesse,
Spirale, 2003/2, n°26, p.89-107. DOI : 10.3917/spi.026.0089.
15. Waynberg J, Guide pratique de sexologie médicale, Simep, Paris, 1994
© Marianne NYS
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Mots clés : désirsexuel,maternité

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