"La pandémie de Covid-19 n'a pas seulement changé le monde, elle a aussi bouleversé nos esprits. Peurs, inquiétudes, angoisses... Comment dépasser ces émotions et vivre à nouveau normalement ? Le Médecin psychiatre Jean-Christophe Seznec donne dans cet article trois leçons pour retrouver le goût de la vie... et des autres.
Une violente perte de repèresLa crise a modifié brutalement de nombreux repères et il est devenu impossible de se projeter.
Elle a provoqué une ambiance mortifère et les mesures prises pour nous protéger (confinements) allaient à l'encontre des animaux grégaires que nous sommes. Ne plus pouvoir se voir, se toucher et bouger s'est avéré très violent et a été source de nombreux troubles pour certaines personnes : insomnie, troubles anxiodépressifs. Nous avons été coupés de nos proches et avons dû apprendre à travailler différemment.
Une fois cet épisode passé, la peur s'est déplacée sur la confiance que pouvaient porter certains d'entre nous à nos institutions.
Tout cela pour partager avec vous le fait que la "crise" de la pandémie du coronavirus a généré d'autres problématiques à gérer et à digérer individuellement et collectivement. Par contre, toute crise est source d'opportunités. La question est de savoir si nous allons continuer à vivre comme avant ou si nous allons faire évoluer sensiblement notre mode de vie et notre façon d'être.
Comment retrouver la joie de vivre ?1) Laissez filer votre peurApprenez à dépasser votre peur. Les émotions sont des outils physiologiques pour nous informer que des besoins sont à satisfaire et pour produire de l'énergie afin de le faire. Par exemple, la peur nous informe que notre besoin de sécurité est malmené.
Sachez accueillir la peur
On ne contrôle pas la peur, c'est un ressenti physique, mais nous ne sommes pas obligés de la nourrir par nos jugements et l'entretenir. La peur se dépasse. Je l'affronte en la faisant mienne et en acceptant qu'elle soit là, en moi. C'est ma façon de réagir en tant qu'Humain à un imprévu. Je ne rejette pas cette peur sur autrui. J'en prends la responsabilité. J'accepte qu'elle génère une expérience physique à cet instant. Je ne lui résiste pas pour ne pas avoir peur de ma peur. Ancrée dans le présent, dans ma respiration et étant attentif aux déplacements de la sensation attribuée à ma peur, je constate au bout de quelques-temps (selon ma capacité à lâcher prise) que celle-ci s'évanouit. Une émotion a toujours un début et une fin.
Arrêtez de commenter votre vie en permanence pour vous inscrire dans un quotidien porteur de sens. Nombre de nos émotions ne sont pas l'expression de. nos besoins, mais de notre propension à juger et à commenter notre présent. J'aime bien dire que la vie est comme jouer au football. Si l'on commente le match, on se situe dans les gradins, or ce n'est pas dans les gradins qu'on marque beaucoup de buts. Aussi, regardons où nous nous situons : sur le terrain de notre vie ou dans les gradins ?
2) Leçon 2 : Tournez la pageCe phénomène du Covid est bien là. Il fait partie de notre réalité. Il a été source de bouleversements et il a demandé à certains des renoncements. Pour d'autres, il a été à l'origine de traumatismes du fait de décès de proches ou de pertes irrémédiables. Il va nous demander de pouvoir digérer cet événement de vie afin que, tout doucement, nous puissions le ranger dans les armoires de notre passé sans que les émotions qu'il a engendrées viennent perturber notre présent qui reste à vivre et qui est source de nombreuses opportunités.
Heureusement, il existe un mécanisme psychologique à notre disposition qui est la résilience. Il s'agit de prendre acte de l'événement traumatique de manière à ne plus vivre dans le malheur et à se reconstruire d'une façon socialement acceptable. C'est à dire se réinscrire dans un présent pour continuer à être soi sans s'enfermer dans la victimisation d'un événement.
N'entretenez pas la paranoïa en fréquentant trop les réseaux sociaux ou en écoutant excessivement les chaînes d'information continue.
3) Leçon 3 : Poursuivez votre vieLa vie est faite de temps forts et de temps faibles. Vivre, c'est savoir surfer sur les remous de ceux-ci tout en restant cohérent avec soi-même. C'est accepter qu'il y ait des choses que l'on ne contrôle pas.
- Autorisez-vous à vivre et à exister une fois la peur partie. Il ne faut pas remplacer l'angoisse de mort qu'a généré le covid par une angoisse de vivre.
- Reprenez pas à pas la vie à travers de petites réalisations chaque jour.
- Retricotez votre réseau social. Ne ratez pas une occasion de rire et de vous amuser. On ne vit qu'une fois.
- Faites le ménage dans votre vie pour ne garder que ce qui compte vraiment pour vous.
- Donnez vous un nom d'indien pour essayer de vous redéfinir après la crise. Les indiens, après un changement comme celui de l'adolescence, se redonnent un nouveau nom congruent à ce qu'ils sont à cet instant (cf. sitting bull, chien assis).
- Apprenez de cette expérience pour partir à l'aventure.
Vivre un événement mondial, c'est fait ! La question pour nous tous est de savoir comment transformer cet événement pour nous donner la chance de grandir et d'évoluer individuellement et collectivement à partir de cette incroyable histoire qui n'est pas encore complètement terminée.
Bon courage à vous tous pour poursuivre cette épopée qu'est la vie et pour continuer à être le héros de votre quotidien. Prenez bien soin de vous et de nous."
© Article de Dr Jean-Christophe Seznec
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Mots clés : pandémies, covid-19, peurs, revivre