La méditation à l’école est souvent vue comme un gadget, un ‘truc de bobos’.
Au mieux, elle est remisée au statut d’activité périscolaire.
Au pire, elle est considérée comme dérive sectaire devant être immédiatement bannie.
Pourtant, ces réactions et préjugés envers la méditation vont à l’encontre des études scientifiques menées sur ce sujet.
En effet, toutes démontrent l’impact positif de la pratique de la méditation à l’école dans le développement psychologique, physiologique et social de nos enfants.
Le grand bouleversementSi la méditation à l’école dès le plus jeune âge possède de nombreux bénéfices, c’est surtout sur les préadolescents, adolescents et jeunes adultes qu’elle montre tout son potentiel.
Effectivement, à partir de 9 ou 12 ans, cette période transitoire va apporter de très nombreux changements auxquels l’enfant doit faire face à un rythme soutenu.
En premier lieu, cette période confronte nos enfants à des changements internes. C’est à cette période que vont se mettre en place puis se déclencher les bouleversements physiologiques liés à la puberté.
D’un point de vue psychologique, c’est aussi à cette époque qu’ils devront répondre aux effets de leur développement émotionnel et que la relation aux parents va évoluer.
Ces deux derniers points sont aussi à la source de changements externes. En effet, ils vont influencer la façon dont nos enfants vont répondre à la pression scolaire, à cette impérieuse nécessité d’excellence et de réussite sociale. Notamment, sa capacité à trouver sa position dans le groupe, dans le microcosme scolaire, tout en réussissant à se construire.
Méditation à l’école : les apportsC’est précisément sur ce point que les études démontrent l’intérêt de la méditation à l’école pour ses apprentissages sociaux et émotionnels.
Des compétences sociales et émotionnelles qui, au fil du temps, aboutissent à un changement. L’enfant passe d’un état où il est contrôlé par des facteurs externes (le groupe, les parents, la pression sociale…), à un état de contrôle par lui-même.
Un état dans lequel il agit selon les croyances et les valeurs qui sont les siennes, en se préoccupant des effets sur l’autre. En pleine conscience de la responsabilité de ces choix et comportements (1).
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Et bien que la méditation à l’école, si elle réduit le stress de façon globale, a aussi d’autres effets comme (2) :
Augmenter la confiance en soi;
Développer l’attention et l’empathie et donc faciliter la socialisation et l’intégration;
Accroître les facultés d’attention et de concentration;
Développer l’optimisme et l’estime de soi;
…
Mais les études menées montrent également que les effets de cet apprentissage à l’école se poursuivent tout au long de la scolarité et de la vie.
Ainsi, une étude a montré l’apport de ces techniques et les bénéfices sur la capacité des étudiants à rester concentrés comme à gérer le stress des examens ou maîtriser l’aspect émotionnel face aux difficultés (3).
Les freinsIl n’aura échappé à personne que, de toutes ces études, aucune n’est française. Comme je l’ai indiqué en introduction, faute d’intérêt et de connaissance au sein des instances de l’éducation nationale, introduire la méditation à l’école fait peur.
Il existe de nombreuses actions locales, menées par les enseignants en accord avec les chefs d’établissements et bien souvent sous l’impulsion des parents d’élèves.
A l’opposé, toutes les expérimentations officielles ont été stoppées, provocant l’incompréhension totale des enseignants et parents impliqués.
La crainte de dérive sectaire est un faux nez. Si la méditation se retrouve effectivement au sein de multiples religions, y compris en Europe, la méditation de pleine conscience est totalement exempte de toute connotation religieuse.
La méditation à l’école n’a pour seuls objectifs que de :
Développer l’attention, le ressenti de son propre corps;
Développer les capacités de concentration et d’attention;
Cultiver l’écoute, la bienveillance, l’altruisme;
Développer la confiance en soi et sa capacité à faire face au stress.
La méditation à l’école permet à nos enfants de se construire en prenant conscience d’eux-mêmes, de leurs savoirs et de leurs rapports aux autres et au monde. Sans aucun prosélytisme.
Il existe aujourd’hui plusieurs associations qui travaillent en milieu scolaire, autant dans l’enseignement public que privé. Elles proposent des programmes structurés et des intervenants de confiance. Dans un prochain article, je reviendrais sur ces structures et leurs actions.
Mais il faut savoir qu’aujourd’hui, la meilleure façon de lever les freins à l’entrée de la méditation à l’école reste encore la pression des parents. De nombreux enseignants sont prêts à s’investir, mais la plupart redoutent l’accueil des parents et de leur direction.
N’hésitez pas à en discuter avec eux. Savoir qu’ils sont soutenus par les parents donne du poids à leur démarche et peut très largement faciliter les initiatives.
Références:
1. Children’s needs III: Development, prevention, and intervention.
2. Fisher, 2006 ou encore Schonert-Reichl & Lawlor, 2010.
3. Meditation and attention: A comparison of the effects of concentrative and mindfulness meditation on sustained attention
© Article de Sabine PERNET,
voir la sourceSi vous êtes l'auteur et que vous ne voulez pas que je le partage, contactez-moi.
Mots clés : méditation, école, collège, émotions, santé
cet article vous a intéressé ? découvrez ma prestation en rapport | |
Autres articles de cette rubrique | voir tous