''Nous habitons un univers où tout est énergie : le geste le plus modeste nécessite une dépense d'énergie, et la pensée elle-même est une énergie.* L'enseignement d'un sage africain, Tierno Bokar, rapporté par le philosophe malien Hampaté Bâ, illustre ceci de façon imagé : le sage rapportait à un groupe d'élèves que la bonne action la plus profitable consistait à prier pour ses ennemis et qu'en les maudissant (comme le fait le commun des mortels) on se faisait beaucoup plus de mal à soi qu'en les bénissant. Un des élèves avoua ne pas comprendre, puisqu'une malédiction bien visée pouvait détruire un ennemi.
* Alors Tierno utilisa la parabole des oiseaux blancs et noirs :
« Imaginez, dit-il, deux murs face à face, chaque mur étant percé d'une multitude de petits trous où nichent des oiseaux noirs et des blancs. Les 1ers sont nos mauvaises pensées ou paroles, les 2èmes nos bonnes pensées ou paroles. Les oiseaux, comme les trous, ont des formes légèrement différentes : les noirs ne peuvent entrer que dans les trous noirs, les blancs nicher que dans les trous blancs. »
* Puis Tierno imagine deux hommes qui se considèrent comme ennemis, Ali et Youssouf.
Un jour, persuadé qu'Ali fomente du mal contre lui, Youssouf lui décoche une mauvaise pensée. Par cet acte, il lâche un oiseau noir qui libère du même coup un trou de la même couleur. La pensée « oiseau noir » de Youssouf s'envole vers le mur d'Ali, à la recherche d'une niche noire inoccupée adaptée à sa forme.
Imaginons maintenant qu'Ali n'a pas répliqué en envoyant une mauvaise pensée (oiseau noir). Donc, aucune niche noire ne sera libre. Ne trouvant pas d'endroit où nicher, l'oiseau noir de Youssouf reviendra vers son trou d'origine, ramenant le mal dont il était chargé. N'ayant pas réussi à faire de mal à Ali, il en fera à Youssouf, car le mal ne reste jamais inactif, même – et surtout – à l'égard de celui qui lui donne naissance.
Si, par contre, Ali rentre dans le jeu de son adversaire présumé (car tout ceci se déroule au niveau subjectif, dans l'imagination des 2 hommes) et émet lui aussi une mauvaise pensée, il libère du même coup un trou noir dans lequel l'oiseau noir de Youssouf pourra se loger et déposer une partie de la charge de mal dont il est porteur. Dans le même temps, la pensée agressive d'Ali se sera envolée vers le mur de Youssouf et aura déposé sa charge de haine dans le trou libéré par l'oiseau noir de Youssouf. Ainsi, les 2 oiseaux noirs auront atteint leur but et contribué à détruire la personne à laquelle ils étaient destinés.

*
« Mais, ajouta Tierno, une fois leur tâche accomplie, ils reviendront chacun à leur nid d'origine car il est dit : ''toute chose retourne à sa source.'' Le mal dont ils étaient chargés n'étant pas épuisé, ce mal se retournera contre leurs auteurs... L'auteur d'une mauvaise pensée, d'un mauvais souhait ou d'une malédiction est donc atteint à la fois par l'oiseau noir de son ennemi et par son propre oiseau noir. »* La même chose se passe bien sûr avec les oiseaux blancs. Si, quelles que soient les circonstances, nous n'envoyons que de bonnes pensées, des bénédictions, alors même que notre ennemi nous envoie juste le contraire, ses oiseaux noirs ne trouveront pas où se loger et nos oiseaux blancs reviendront à nous, renforcés et stimulés par l'exercice qu'ils auront eu en volant dans les cieux souvent agités de la pensées humaine. Mais les oiseaux noirs de notre opposant retourneront dare-dare chez leur expéditeur.
*
« Ainsi, conclut Tierno Bokar, si nous n'émettons que de bonnes pensées, aucun mal, aucune malédiction ne pourront jamais nous atteindre dans notre être. C'est pourquoi il faut toujours bénir ses amis et ses ennemis. Non seulement la bénédiction va vers son objectif pour y accomplir sa mission d'apaisement, mais encore elle revient vers nous, un jour ou l'autre, avec tout le bien dont elle était chargée. » ''
Extrait du livre « Vivre ma spiritualité au quotidien » de Pierre Pradervand aux Éditions Jouvence – pages 56 à 59.La mise en œuvre de cet « enseignement » peut sembler utopique voire farfelu pour certains et peut-être est-ce le cas, en effet...
Comme souvent, je pense qu'il est plus judicieux que chacun, s'il le désire, en fasse l'expérience, encore et encore, pour en juger la pertinence. Et cela, avec toute la compréhension profonde que l'on peut accorder à cet enseignement du juste retour (Loi de Cause à effet)...
J'aime prendre en exemple Roger McGowen, emprisonné au Texas, innocent, auto-accusé pour sauver son jeune frère "coupable" et lui éviter la prison. Il vit l'enfer des prisons texanes depuis 1987. Et malgré tout, il traverse les années avec une sagesse et un amour exemplaires continuant de bénir les tortionnaires, les systèmes corrompus et le racisme. Jusqu'à ce jour, certes, nourrir de bonnes pensées et paroles ne lui apporte pas la liberté physique mais une paix intérieure, l'Amour de ceux qui le soutiennent et décuple une Sagesse déjà bien présence.
Pour info : le livre "Messages de vie du couloir de la mort" de Roger W. McGowen/Pierre Pradervand est très inspirant. Il est une "claque" pour les jours où même les "petits riens" nous font pester (Et en même temps nous sommes libres de le faire... !).
Roger McGowen a l'art de changer de regard sur l'enfer qu'il vit au quotidien. Les visions qu'il adopte, se nourrissent de paix et d'Amour qu'il puise en lui et en une foi inébranlable vis-à-vis du Divin.
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Mots clés : pensée, bénédiction, bénir, bonne, pensée
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