LE TABAGISME ET D'AUTRES DÉPENDANCES sont parmi les problèmes les plus difficiles que traitent les professionnels de la santé et de la santé mentale. Il est clair que nous avons encore beaucoup à apprendre sur le traitement des comportements de dépendance, quels qu’ils soient, tabagisme, alcoolisme, abus de drogues, obésité, ou dépendance sexuelle.
Même si beaucoup trop d’articles publiés sur l’utilisation de l’hypnose dans l’arrêt du tabac sont anecdotiques, nous disposons de suffisamment de recherches pour au moins commencer à évaluer l’utilité de l’hypnose dans le tabagisme. Nous constatons qu’une technique faisant appel à une seule séance d’hypnose (comme celle des Spiegel) aboutit à environ 17 à 25 % de succès dans la plupart des études (Berkowitz, Ross-Townsend & Kohberger, 1979 ; Shewchuk, Dubren, Burton, Forman, Clark & Jaffin, 1977 ; Spiegel, 1970), bien que Stanton ( 1978) annonce un
taux de réussite de 45 % et Grosz (1978a) 31 % d’abstinence à six mois.
Par contre, si on étudie les programmes de traitement hypnotique comportant quatre à cinq séances, les taux de succès augmentent de manière spectaculaire (Holroyd, 1980 ; Orr, 1970). Crasilneck et Hall (1985) rapportent un taux de réussite de 64 % avec un suivi d’un an (11 % des patients n’ont pas pu être contactés lors du suivi et ont été inclus dans les échecs). Avec un traitement en cinq séances, Watkins (1976) a un taux de succès de 67 % avec un suivi de six mois. Nuland et Field (1976) ont obtenu un taux d’abstinence comparable de 60 % après quatre
séances hebdomadaires. Quand on organise un traitement sur plusieurs séances, il est recommandé que l’une des séances d’hypnose se déroule deux à trois semaines environ après le premier rendez-vous. Ce conseil repose sur le fait que, chez les fumeurs, le délai moyen entre le premier jour d’abstinence et la rechute est de 17 jours (Marlatt, 1985).
L’hypnose de groupe a aussi été utilisée avec des résultats assez positifs dans la plupart des cas (Kline, 1970 ; Sanders, 1977), mais pas dans tous (Pederson, Scrimgeour, & Lefcoe, 1975). Quand on la compare à Thypnothérapie individuelle, En effet, l'hypnose de groupe semble être un peu moins efficace (Barkley, Hastings, & Jackson, 1977 ; Grosz, 1978a,b ; MacHovec & Man, 1978 ; Watkins, 1976).
Une revue de la littérature consacrée à l'hypnose et au tabac (Holroyd, 1980), a montré que quatre des cinq études annonçant les meilleurs résultats mettaient en avant l'utilisation de
suggestions individualisées, alors que les dix études ayant moins de 40 % de succès
utilisaient les mêmes suggestions standardisées pour tout le monde. Par conséquent, je tiens à insister à nouveau sur l'importance d’adapter le travail hypnotique
aux motivations et besoins propres du patient.
Il est particulièrement recommandé de questionner les patients sur les bénéfices et avantages dérivés du fait de fumer (par exemple, faire face à l'anxiété et à la nervosité, faciliter les contacts sociaux, manifester rébellion et indépendance, se donner une excuse pour faire une pause). Plus spécifiquement, il faut déterminer si le tabac a été utilisé pour gérer des sentiments de frustration ou de colère. Cet aspect s’est révélé être l’événement isolé le plus fréquemment à l’origine de rechutes chez les fumeurs, les alcooliques et les drogués (Marlatt, 1985). Les patients dépendants ont besoin d’aide pour exprimer leur colère d’une manière constructive et pour s ’engager dans des comportements d’affinnation de soi opportuns, au lieu de se créer un état de conscience modifié ou de distraire leur attention à l'aide d'une substance chimique.
© Article de D. Corydon Hammond
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Mots clés : tabac, cigarette, dépendance, addiction, hypnose, hypnothérapie
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