François Roustang a écrit :
« Ne rien faire, c’est ne rien faire de particulier, ne s’arrêter à aucune pensée, aucun sentiment, aucune sensation. Ce ne rien faire devient un laisser se faire. Or laisser se faire équivaut à un état de réceptivité sans limitation aucune. Quand on est disposé à tout et n’importe quoi, que l’on ne préfère rien, que l’on ne veut rien et que l’on est sans nul projet, ce que l’on touche et que l’on reçoit, n’est autre que la force d’agir/ (…) Par le ne rien faire, le champ des possibles et des réels s’ouvre et se ferme en même temps pour mieux se constituer. Il y a non plus des objets face à un sujet, mais une participation et une compénétration des uns et de l’autre. L’individu qui laisse faire s’ajuste sans cesse à ce qui vient à lui…»L’écoute et l’observation phénoménologiques, la reformulation, les questions et la prise de note, sont essentielles dans le travail de l'hypnothérapeute praticien car elles permettent de repérer en collaboration avec le client/patient ses redondances, ses stratégies d’évitement, ses schémas, ses peurs et les problématiques qui se posent pour accéder à son projet ou objectif. L’art de la communication se découvre et s’apprend lorsque le mode d’un verbe rend équivoque et incertain la volonté de la personne, lorsqu’elle réalise qu’elle utilise des négations pour atteindre son objectif, lorsqu’elle remarque ses redondances lexicales et thématiques, etc.
Le « recadrage » n’est plus du fait du praticien mais du client/patient qui s’est conduit grâce à la maîtrise professionnelle de la phénoménologie et de la maïeutique à considérer une situation, une représentation selon un point de vue différent. Il est, ici, d’autant plus puissant que le client/patient expérimente par lui-même ce recadrage.
Dans l’entretien initial, toute pensée, toute proposition, toute suggestion… émises depuis la carte mentale du praticien seraient des limites pour le client/patient.
Ici, le dialogue est bien plus orienté maïeutique que solution ou changement. Il permet d’inspirer l’émergence ou pas d’une nouvelle orientation, d’une nouvelle représentation ou en d’autres termes d’un état de conscience différent qui quelques fois détonne de l’objectif initial.
L’induction hypnotique, permet de faire rentrer une personne dans l’état dit d’hypnose. Cette pratique demande aux praticiens ou hypnothérapeutes de connaître les stratégies d’induction (dissociations, répétitions, confusions, saturations, surprises, ruptures de « pattern », questionnements, focalisations, calibrations et ratifications, créations de phénomènes,…).
Ces stratégies sont, en effet, les conditions même de la pratique inductive de l’hypnose en cabinet de consultation. Il important de rappeler qu’en consultation l’induction hypnotique est un passage qui entraîne une échappée de la conscience vers un état de veille paradoxale sollicitant une activité du cerveau différente que celle de la veille ordinaire.
Ici, l’induction hypnotique peut se faire spontanément quand le travail de questionnement initial est puissant et requiert une forte intensité introspective. Plus généralement, la stratégie inductive peut s’appuyer sur un canevas, des stratégies, des boucles inductives mais non sur un protocole figé ou une recette prête à l’emploi. Comme le travail de Milton Erickson, le proposait, l’accompagnement est utilisationnel, stratégique, ouvert à toute probabilités et toujours différent pour chaque personne.
Une séance « d’hypnose » ne commence pas au moment où la personne ferme les yeux, elle peut débuter dès qu’elle rentre en cabinet et sauf à vouloir « manipuler » ou « influencer », je déconseille fortement, ici, l’utilisation de suggestions directes ou indirectes.
Un entretien initial à forte intensité introspective se pare bien souvent des potentialités de l’hypnose quand lors d’un instant de silence, lors d’une échappée de la conscience se produisent à la dérobée l’envisageable dévoilement de l’être à être. Les conditions de réflexions sont tellement puissantes qu’elles amènent le client/patient à décrocher des structures conscientes et les signes de l’état d’hypnose se phénoménalisent, apparaissent.
Il est courant que le passage de l’entretien initial à l’induction hypnotique se fasse spontanément. Il suffit d’observer une personne qui en rentrant dans le sillage de son introspection, s’immobilise, les yeux dans le vide, le corps qui se fige, la respiration qui change…
Ici, le praticien accompagne ce changement d’état de conscience avec un langage artistiquement vague.
Le client/patient y favorise la recherche de sens, il y choisit ses images, ses représentations et plonge au cœur des vagues de l’indéfini son esprit « inconscient ».
Les répétitions, le rythme, la musicalité de la voix favorisent un bercement hypnotique, les termes du client/patient utilisés lors de l’entretien initial reviennent en leitmotiv, les silences sont pleins et entrainent un approfondissement de l’état d’hypnose jusqu’à faire disparaître la forme au profit du fond.
© Je ne suis pas l'auteur de cet article,
voir la sourceSi vous êtes l'auteur et que vous ne voulez pas que je le partage, contactez-moi.
Mots clés : hypnose
cet article vous a intéressé ? découvrez ma prestation en rapport | |
Autres articles de cette rubrique | voir tous