L'infidélité n’est pas reprise dans les événements permettant de poser un diagnostic de syndrome du stress post-traumatique. Pourtant, certaines recherches récentes remettent cela en question. Le critère A du DSM-5Le syndrome du stress post-traumatique (SSPT) concerne certaines troubles psychologiques qui peuvent survenir lorsque le patient a été victime ou témoin d’un ou plusieurs événements traumatiques défini de façon précise par le DSM-5 (1). Trois types d’événements, et uniquement ceux-ci, sont retenus actuellement : l’exposition à la mort, à des blessures graves, ou à la violence sexuelle, qu’elles soient effectives ou potentielles. S’il s’agit d’un autre type d’événement, le diagnostique de SSPT ne peut pas être posé.
On peut se demander ce qui justifie la non-inclusion des privations de liberté, la perte insécurisante d’emploi ou encore que les traumas relationnels sans violence physique ne soient pas inclus dans le diagnostic du SSPT dès lors que les autres critères diagnostics sont rencontrés. Par exemple, Baucom et ses collaborateurs (2) mettent notamment en évidence que la découverte de l’infidélité du partenaire peut constituer un trauma interpersonnel et impliquer des symptômes identiques à ceux rencontrés dans le SSPT.
Inclure l’infidélité dans le critère A du prochain DSM ?Roos & ses collaboratrices (3) ont réalisé une étude publiée en 2019 qui indique que l’on peut être traumatisé par l’infidélité. Les chercheuses ont effectué des mesures de syndrome du stress post-traumatique à l’aide de l’échelle PCLS-5 auprès d’une population étudiante. Les personnes sélectionnées s’étaient senties trahies par l’infidélité de leur partenaire alors qu’elles étaient engagées dans une relation sérieuse. Les faits devaient s’être déroulés depuis maximum cinq ans et depuis plus d’un mois, ce qui exclut la confusion avec l’état de stress aigu.
Les résultats obtenus sont impressionnants : 45,2 % des participants avaient un score significatif de SSPT, c’est-à-dire un score supérieur à 33 à la PCLS. Parmi ceux-ci, le score moyen était de 49,9 avec un écart type faible de 2,14.
Elles ont également montré que les cognitions négatives post-traumatiques était un médiateur de la dépression, de l’anxiété et du SSPT.
Conclusion et pistes futuresIl est raisonnable d’évaluer le SSPT concernant l’infidélité dans la pratique clinique et de le prendre en charge à partir des thérapies bien validées pour le SSPT. La thérapie du retraitement cognitif se présente comme la meilleure candidate compte-tenu de l’importance des cognitions dans ce type de trauma. Des recherches supplémentaires sont nécessaires sur d’autres échantillons.
Pierre Orban
Psychologue clinicien
(1) American Psychiatric Association. (2017). Diagnostic and statistical manual of mental disorders: Dsm-5. Arlington, VA.
(2) Baucom, D. H., Gordon, K. C., Snyder, D. K., Atkins, D. C., & Christensen, A. (2006). Treating Affair Couples: Clinical Considerations and Initial Findings. Journal of Cognitive Psychotherapy, 20(4), 375–392. doi: 10.1891/jcpiq-v20i4a004
(3) Roos, L. G., Oconnor, V., Canevello, A., & Bennett, J. M. (2019). Post‐traumatic stress and psychological health following infidelity in unmarried young adults. Stress and Health,35(4), 468-479. doi:10.1002/smi.2880
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Mots clés : infidélité, couple, amour, relation, communication
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