Dans un nouveau rapport, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) émet des RECOMMANDATIONS POUR LIMITER L'EXPOSITION DES ENFANTS AUX ONDES ELECTROMAGNETIQUES, dont la présence dans nos vies s'est intensifiée. Et pour cause : l'agence pointe du doigt des effets sanitaires possibles sur les plus jeunes.
Bluetooth, Wi-Fi, nouvelles générations de téléphones mobiles… Depuis une vingtaine d’années, notre exposition aux technologies de communication sans fil et autres
radiofréquences n’a fait que s’amplifier. L'exposition aux ondes est un objet de
préoccupation pour les autorités de santé comme pour la population. Particulièrement en ce qui concerne les enfants. Suite à une saisine des ministères en charge de la santé, de l’écologie et de la consommation, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a réalisé une expertise sur le sujet spécifique de l'impact des radiofréquences sur les enfants dont elle vient de publier les conclusions dans
un rapport.EFFETS NEGATIFS SUR LES FONCTIONS COGNITIVES ET LE BIEN-ETRE
Les enfants sont une population à part et ne sont pas de "petits adultes" :
ils sont plus sensibles aux ondes, en raison de leurs spécificités morphologiques et anatomiques, et notamment de leur petite taille, ainsi que des caractéristiques de certains de leurs tissus. Dans le cerveau, en particulier, certaines zones encore en transformation sont plus sensibles.
Les ondes électromagnétiques émises par les téléphones portables, les tablettes tactiles ou les jouets connectés peuvent avoir des effets sur leurs fonctions cognitives, indique l'Anses. Leur mémoire, attention et coordination peuvent en pâtir. Les experts ont également recensé d
es effets négatifs sur le bien-être des enfants (fatigue, troubles du sommeil, stress, anxiété), qu'ils attribuent non pas aux ondes elles-mêmes, mais à une utilisation intensive du téléphone portable.
Enfin, l'expertise a permis d'identifier plusieurs études mettant en évidence une association entre un usage intensif et inadéquat du téléphone mobile par des jeunes et
une santé mentale affectée (comportements à risque, dépression, idées suicidaires, etc.). Ces études ne permettent cependant pas d’explorer la causalité des associations observées.
L’ANSES recommande que des études complémentaires évaluent l'impact sanitaire et psychosocial (apprentissage scolaire, relations sociales et familiales, etc.) chez les enfants, lié à l’usage des technologies de communication mobile, en raison notamment de
phénomènes addictifs, de troubles des rythmes circadiens, troubles de la vision etc. Dans l’attente de ces résultats, l’Agence recommande aux parents d’inciter leurs enfants à un usage raisonnable.
En revanche, l'Agence indique que "l
es données actuelles issues de la littérature internationale ne permettent pas de conclure à l'existence ou non d'effets chez l'enfant sur le comportement, les fonctions auditives, le développement, le système reproducteur ou immunitaire, ni d'effets cancérogènes".
Dans certains cas, comme pour le système reproducteur ou les cancers, "il n'y a pratiquement pas d'études disponibles pour les enfants", explique à l'AFP Olivier Merckel, chef de l'évaluation du risque lié aux nouvelles technologies à l'ANSES Pour d'autres cas de figure, comme les fonctions auditives, "il n'y a rien de flagrant en matière d'effet négatif
RECOMMANDATIONS DE PRUDENCESur ces questions, le principe de précautions s'applique évidemment. L'ANSES émet une série de recommandations visant à réduire l'exposition des enfants aux champs électromagnétiques. L'Anses recommande dans ce contexte
un usage modéré et encadré des technologies de communication sans-fil par les enfants.
Concernant spécifiquement l
es téléphones mobiles, l'Anses préconise un usage modéré, en privilégiant le
recours au kit mains-libres, comme cela est le cas pour les adultes. "La téléphone mobile reste la source majeure d'exposition aux radiofréquences, c'est la plus intense", souligne Olivier Merckel. L’exposition des ondes émises par les téléphones est directe, car ils sont placés contre le corps (à l'oreille ou dans une poche).
Les très jeunes enfants - moins de 6 ans - sont aujourd'hui exposés très tôt - même in utero - à de plus en plus d'ondes en raison du développement tous azimuts des technologies sans fil (tablettes, jouets connectés, WiFi...).
D'où les recommandations de l'Anses d'appliquer à tous les dispositifs émetteurs d'ondes "les mêmes obligations réglementaires" que pour les téléphones. Principalement la mesure du débit d'absorption spécifique (DAS), qui correspond à la quantité d'énergie absorbée par le corps, et la publicité de cette information.
"Nous avons des interrogations sur les tablettes, notamment celles qui fonctionnent non pas en wifi mais en 3G ou 4G", confie l'expert de l'Anses.
L'agence sanitaire voudrait aussi que les conditions de ces mesures soient révisées pour être plus proches des conditions d'utilisation et que le niveau d'exposition générale aux ondes soit "reconsidéré" pour assurer des marges de sécurité plus importantes, en particulier pour les enfants.
Les experts ont en revanche écarté une
interdiction des téléphones portables aux moins de 6 ans, votée en 2010, mais dont le décret n'est jamais paru.
"Il n'y pas de données sanitaires pour justifier une telle mesure", affirme Olivier Merckel. Si l'utilisation à un si jeune âge des téléphones portables est "heureusement rare", il préconise de "retarder l'âge de la première utilisation".
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