On ne le dira jamais assez : l'ouïe est fragile, et le bruit particulièrement fort et soudain, peut rapidement l'altérer, sans retour en arrière possible.
Il est donc primordial d'y faire attention par des gestes simples ou en réalisant un bilan auditif – même avant l'apparition de symptômes – pour assurer une meilleure prise en charge.
Ecouter de la musique avec un casque, marcher dans une rue bruyante, profiter d’un concert entre amis … Ces situations jugées anodines ne le sont pourtant pas tant que ça pour nos oreilles. Il faut dire que l'ouïe est fragile et importante. C'est le sens qui nous permet de percevoir l'environnement sonore. Notre oreille capte le son, une vibration qui se propage dans l’air, lequel est ensuite analysé par le cerveau.
Entendre, à quoi ça sert ?Utile pour s'orienter, pour l'équilibre ou pour détecter un danger, l'audition permet aussi la communication. En cas de déficience ou de privation, l'échange avec les autres peut s'avérer plus compliqué, entraînant un isolement et à terme, engendrer une diminution des performances cognitives via une baisse de l'activité neuronale.
Avec l'âge et selon les prédispositions générales de chacun, il est naturel de perdre en acuité auditive : c'est ce que l’on appelle la
presbyacousie. A partir de 65 ans, la perte auditive est de 0.5 décibel (dB, la mesure de l'intensité des sons) en moyenne par an, d'un décibel à partir de 75 ans jusqu'à deux décibels à partir de 85 ans. Un déficit qui peut toutefois être compensé par des aides auditives, prises en charge intégralement par l’Assurance maladie. En France, seulement 17% des personnes atteintes d'une perte auditive en sont toutefois équipées.
Des bruits néfastes pour la santé physique et psychosocialeLes bruits du quotidien n'ont à priori pas d'incidence sur notre audition. Pour autant, ils ne sont pas sans effet sur notre santé. Ils peuvent en effet être à l'origine de troubles d’ordre psychologiques comme l'anxiété, l'irritabilité ou encore la dépression.
Dès 35 dB, les bruits, c'est-à-dire des sons qui produisent une sensation gênante ou désagréable peuvent être facteurs de stress, ou de troubles du sommeil. Pour 54% des Français, ceux liés aux transports (trains, avions, circulation …) constituent la principale source de nuisance (« Les Français et les nuisances sonores », Ministère du Développement durable, 2010).
D’ailleurs, l'étude « Bruit, les avions et santé des riverains d'aéroport » menée par l'Université Gustave-Eiffel (Marne la Vallée) en 2020 estime que l'exposition au bruit des avions « a des effets délétères sur l'état de santé perçu, la santé psychologique, la gêne, la quantité et la qualité du sommeil et les systèmes endocrinien et cardiovasculaire. »
A l'inverse des ces bruits dits continus, les sons forts et soudains, appelés aux bruits impulsionnels (comme un coup de klaxon), abîment quant à eux les cellules de l’oreille interne de manière irréversible (les cellules ne se régénèrent pas) allant jusqu'à provoquer une surdité brutale, partielle voire totale : « L’effet de souffle peut en effet entraîner une déchirure du tympan, mais aussi des lésions des cellules de la cochlée : c'est la traumatisme sonore aigu » détaille l'Assurance maladie.
Différents niveaux de risqueLe volume sonore d'un son est donc à prendre en compte. On estime en effet que le seuil de gêne, sans qu'il y ait pour autant de nocivité, s'établit à 35 dB. Dès 80 dB, ce qui équivaut à une rue à fort trafic, il y a danger pour l'audition. A 110 dB, on atteint un nouveau seuil : le risque de traumatisme sonore aigu est présent. Le niveau de 120 dB correspond enfin au seuil de la douleur, cela équivaut un bruit sur un circuit de Formule 1 ou d’un avion au décollage.
En parallèle de l'intensité, notons que : « un son aigu est plus dangereux qu’un son grave ; un son pur, composé d’une seule fréquence est plus traumatisant qu'un son complexe » précise le ministère du Travail, du plein emploi et de l'insertion.
Certains médicaments mis en causeOutre le bruit, d'autres facteurs accélèrent l'apparition de la surdité appelée aussi
hypoacousie. C'est le cas de certains médicaments utilisés dans le traitement des cancers, des antibiotiques de la famille de aminosides (utilisés dans des infections sévères), l'acide salicylique … « L'exposition professionnelle à certains produits ototoxiques, peut être en cause et aggraver l'effet du bruit sur la perte de l’audition : solvants aromatiques, monoxyde de carbone et acide cyanhydrique » précise l'Assurance maladie.
D’autres troubles auditifsEn plus de la perte auditive, d'autres pathologies peuvent apparaître. Les
acouphènes, par exemple, se caractérisent par des sifflements, bourdonnements ou grésillements entendus de façon constante ou à répétition sans que cela ne provienne d'une source du monde extérieur. Ils font régulièrement suite à des traumatismes acoustiques répétés ou à une baisse normale de l’audition liée au vieillissement. Selon l’Institut national de la Santé et de la recherche médicale (Inserm), 10% de la population adulte en serait atteinte, parmi laquelle 40% souffrirait
d’hyperacousie, une hypersensibilité au bruit. On l'aura compris, l'audition est fragile, aussi il existe des gestes simples pour la protéger.
Préserver son capital auditifIl est conseillé d'éviter de façon générale les établissements trop bruyants et de s'éloigner des enceintes acoustiques, notamment lors d'évènements se déroulant en plein air. Porter des bouchons protecteurs en mousse ou des casques antibruit permet également de réduire l'intensité sonore de 20 à 30 dB.
Lorsque vous écoutez de la musique, pensez à limiter le niveau sonore et faites des pauses. La Journée Nationale de l’Audition préconise de ne pas dépasser une durée d'écoute hebdomadaire de 20 heures à 93 dB avec un casque ou dans la voiture, de 4 heures à 100 dB avec un casque à volume maximum ou encore 2 heures à 103 dB, ce qui correspond au volume dans une discothèque.
Niveau hygiène, pour nettoyer ses oreilles, préférez au coton-tige un coin de serviette humide, et évitez de mettre votre tête sous l'eau en cas d’otite. Enfin, en cas de douleur, de perte auditive ou simplement de doute, n'hésitez pas à consulter votre médecin traitant qui pourra vous orienter vers un oto-rhino-laryngologiste (ORL).
© Article de Constance Perin / Revue La Mutualiste
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Mots clés : acouphènes, audition, bruits
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