C’est une histoire d’amour, de vie et de mort. Sur quel autre trépied la littérature danse-t-elle depuis des siècles ? Dans Son odeur après la pluie, ce trépied, de surcroît, est instable car il unit deux êtres n’appartenant pas à la même espèce : un homme et son chien. Un bouvier bernois qui, en même temps qu’il grandit, prend, dans tous les sens du terme, une place toujours plus essentielle dans la vie du narrateur.
Ubac, c’est son nom (la recherche du juste nom est à elle seule une aventure), n’est pas le personnage central de ce livre, Cédric Sapin-Defour, son maître, encore moins. D’ailleurs, il ne veut pas qu’on le considère comme un maître. Le héros, c’est leur lien. Ce lien unique, évident et, pour qui l’a exploré, surpassant tellement d’autres relations. Ce lien illisible et inutile pour ceux à qui la compagnie des chiens n’évoque rien. Au gré de treize années de vie commune, le lecteur est invité à tanguer entre la conviction des uns et l’incompréhension voire la répulsion des autres ; mais nul besoin d’être un homme à chiens pour être pris par cette histoire car si pareil échange est inimitable, il est tout autant universel. Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu’il en est un et l’on observe ces deux êtres s’aimant tout simplement.
C’est bien d’amour dont il est question. Un amour incertain, sans réponse mais qui, se passant de mots, nous tient en haleine. C’est bien de vie dont il est question. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu’il s’agit de retenir. C’est bien de mort dont il est question. Cette chose dont on ne voudrait pas mais qui donne à l’existence toute sa substance. Et ce fichu manque. Ces griffes que l’on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.
MON AVIS 
Voici un beau livre pour cette rentrée de septembre.
Leur rencontre est comme un coup de foudre amoureux, tout se passe dans un regard, quelques secondes et le lien est fait … pour 13 ans.
J’ai connu ça, moi aussi, avec ma chienne Lily, ce truc « irraisonnable » qui vous lie le cœur et toute une vie avec cette promesse d’un amour éternel et inconditionnel.
Redécouvrir l’instant présent, à chaque instant, grâce à la présence de cet être unique toujours heureux d’exister, de découvrir, de partager.
Une vie amoureuse courte et intense avec le don d’un nom, les jeux de la jeunesse, l’apprentissage ensemble, la sagesse de l’adulte et ensuite, irrémédiable le vieillissement et son lot de séjours chez le vétérinaire et d’inquiétudes.
Viennent alors les questions sur l’acharnement thérapeutique, l’intérêt de l’animal…le nôtre… et ensuite le deuil. Ce deuil si particulier qui ne concerne pas un humain mais un être vivant, si proche de nous pendant tant d’années.
Une vie de lien humain-chien avec humour, gratitude et questionnement.
Il est heureux qu’un livre comme celui-ci puisse exister aujourd’hui sans être ridiculisé, sans être traité de niaiserie … c’est que la société évolue, elle reconnaît enfin la sensibilité à d’autres êtres.
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