C’est une étude qui tombe à pic après les fêtes de fin d’année pendant lesquelles nous avons pu déguster (plus ou moins modérément) du chocolat ! En effet, après ses potentiels bienfaits sur le stress, une équipe de recherche anglo-américaine vient de rendre compte des possibles vertus du cacao pour notre cerveau. Nous avions déjà souligné les effets du chocolat sur les performances cognitives, notamment en mémoire. Quels sont alors les nouveaux éléments apportés dans cette étude ?
Notre système vasculaire, selon nos modes de nutrition et notre activité physique, peut se « fatiguer » ; et cela a des répercussions sur le vieillissement cognitif. Or, de nombreuses études ont déjà souligné le rôle bénéfique de petites molécules présentes dans de nombreux fruits et légumes, ainsi que dans le cacao : les flavanols. Une ligne de recherche émergente suggère que ces flavanols pourraient participer au ralentissement du déclin cognitif, voire influencer efficacement les performances cognitives. La présente étude menée par Catarina Rendeiro, chercheuse en sciences de la nutrition à l’Université de Birmingham (GB), avait alors pour but de déterminer si les avantages vasculaires des flavanols s’étendaient au système vasculaire cérébral.
18 hommes en bonne santé (entre 18 et 45 ans) ont été recrutés et séparés en deux groupes : l’un dans lequel les participants ont consommé du cacao riche en flavanols et l’autre dans lequel les sujets ont eu le droit à du cacao « transformé » (contenant de très faibles niveaux de flavanols). Précision importante : les participants, aussi bien que les chercheurs ignoraient quel type de cacao était consommé dans chaque groupe. Ce protocole expérimental en double aveugle permet de neutraliser les attentes des scientifiques et des sujets testeurs, ainsi que des biais dans les résultats. Deux heures après cette ingestion de cacao, l’équipe de recherche a utilisé des défis physiologiques et cognitifs pour évaluer les actions des flavanols de cacao sur les fonctions vasculaires et cognitives cérébrales et périphériques.
Ainsi les participants ont dû relever un défi respiratoire : l’hypercapnie, c’est-à-dire qu’ils ont respiré de l’air contenant beaucoup plus de CO2 qu’à l’accoutumée (100 fois plus, soit 5%). Il s’agit en fait d’une méthode standard (et non douloureuse ou dangereuse) pour déterminer comment le système vasculaire peut « contester » et se défendre face à cette présence anormale de CO2. La réaction attendue est l’augmentation du flux sanguin vers le cerveau. Pendant cette hypercapnie, les scientifiques ont mesuré la concentration d’hémoglobine corticale (notamment dans le cortex frontal, une région clé dans la planification et la prise de décision) à l’aide de la spectroscopie fonctionnelle proche infrarouge (fNIRS). Ainsi, ils ont pu quantifier précisément la réactivité cérébrovasculaire, avec des informations précieuses sur l’amplitude de la réponse et aussi son évolution dans le temps.
Autre défi à relever pour les volontaires : la tâche de Stroop (légèrement modifiée). Celle-ci évalue l’attention sélective et l’inhibition d’une réponse « automatique ». Pour résumer, il s’agit de lire la couleur d’un mot de couleur. Par exemple, si le mot bleu est écrit en rouge, vous devez dire « rouge » (et pas bleu). Ça parait simple mais cela ne l’est pas vraiment ; d’autant plus que des items congruents (nom de la couleur écrit dans la couleur du nom ; exemple : le mot « rouge » écrit en rouge) et incongruents (le mot « rouge » écrit en vert) ont été mélangés, ce qui nécessite pour le cerveau de gérer des demandes parfois contradictoires.
Quels sont les résultats issus de ces défis ? L’apport en flavanols conduit à des réponses d’oxygénation cérébrale plus rapides et plus importantes à l’hypercapnie, ainsi qu’à de meilleures performances cognitives, mais uniquement lorsque le degré de complexité de la tâche est le plus élevé. De plus, l’analyse des différences individuelles soutient l’hypothèse que des mécanismes vasculaires sous-tendent les effets périphériques et cérébraux des flavanols, dans la mesure où les hommes qui ont bénéficié de ces molécules pendant le défi respiratoire sont également ceux qui ont le mieux réussi le défi cognitif.
Selon les chercheurs : « ces résultats peuvent avoir des implications futures importantes pour l’utilisation de stratégies alimentaires contenant des flavanols d’origine végétale pour améliorer l’oxygénation dans le sang et les performances cognitives pour des sujets en bonne santé, ainsi que pour des populations à risque (fumeurs, diabétiques, par exemple) ou pour aider à récupérer et à traiter les lésions cérébrales et d’autres maladies. »
En attendant d’en savoir plus encore, à nous de trouver le juste équilibre entre les bienfaits cognitifs du chocolat et ses méfaits caloriques !
Source : : Gratton, G., Weaver, S.R., Burley, C.V. et al. « Dietary flavanols improve cerebral cortical oxygenation and cognition in healthy adults », in Science Reports 10, Nov.2020
© Article de HAPPYNEURON,
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Mots clés : santé, chocolat, cerveau, attention, capacité
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