Nous vivons dans un pays où la menace d’accusation de « charlatanisme » pour les médecins ou de « pratique illégale de la médecine » pour certains thérapeutes est une réalité.
Je ne nie pas la nécessité d'encadrer nos professions "alternatives" (je préfère le mot "complémentaires" d'ailleurs), pas plus que la réalité de l'existence de certains charlatans; ils existent, c'est un fait. Des vendeurs de poudre de perlimpimpin, des pseudos gourous et autres Sauveur.
Mais depuis plus de quinze ans, je n'arrive pas à comprendre pourquoi certaines appellations sont interdites, pourquoi des mots qui appartiennent à la langue courante depuis des siècles, du jour au lendemain sont réservés à UNE SEULE profession.
Par exemple
Thérapeute ou
Patient. Ok patient n'est pas une profession, mais le terme est parait-il désormais réservé au champ du médical.
Je ne nie bien sûr pas la nécessité de règlementer et encadrer les multiples professions qui naissent dans le champ du développement personnel et de la relation d'aide. Elle est vraiment indispensable. A nous d'être transparents et bien sûr de travailler dans la légalité et en notre âme et conscience.
Quand je me suis installée comme sophrologue, j’ai dû signer des papiers administratifs où je m’engageais sur le fait que ce que je faisais, disais, voire même que ma simple présence
ne contribuait pas à l’amélioration de l’état ou de la santé de mes « clients ». Je devais même m’engager à ce que cela soit vrai
même si j’agissais en présence d’un médecin. Cela ne me posait aucun problème : déjà alors, j'étais persuadée que
la guérison vient de la personne elle-même. En ce sens même un médecin ne guérit personne. Il peut accompagner la démarche de guérison, mais si celle-ci est absente, les meilleurs médecins, les meilleurs remèdes, seront inutiles.
En laissant croire que quelqu'un d'autre à le pouvoir de VOUS guérir, on est déjà dans une imposture, celle qui vous déresponsabilise, qui vous donne à croire que l'autre pourra faire à votre place. La réalité me semble plus simple.
J'aime tout particulièrement cette citation d'Yvan AMAR :
"Si quelqu’un me guérit et me retire mon mal, j’entends aussi qu’il me hisse au niveau de conscience que j’aurais atteint si j’avais moi-même résolu ce que ce mal devait m’apprendre. Sinon, s'il me laisse dans le même état de conscience après m’avoir retiré mon mal, il me vole l’outil de croissance que peut être cette maladie. " - Yvan Amar" La médecine officielle des émotions est simple : prescription de médicaments pour supprimer la manifestation émotionnelle et éventuelle prise en charge par la parole. Et il est important de reconnaitre que parfois il est indispensable de les utiliser pour "ouvrir une fenêtre" dans la nuit et permettre à la personne de ne pas s'y perdre (par exemple en attentant à ses jours).
A côté de la médecine, il y a ce qui touche au développement personnel, à la connaissance de soi. Tout le monde cherche à gérer les excès de stress, les entreprises embauchent même des « philosophes d’entreprises » pour juguler le mal-être ambiant et faire baisser l’absentéisme.
Il y a un besoin de solutions alternatives, permettant à l’humain de continuer à s’adapter dans un monde de plus en plus ignorant de sa nature.La "thérapie" est ce qui permet ce retour à soi, à ses propres ressources pour enfin prendre "soin de soi". A retrouver sa propre humanité.
Le thérapeute est la personne qui accompagne ce retour.
Dans le cadre de mes consultations de sophrologie, où le but est clairement de retrouver un état de détente et d’évacuer le stress, où commence le "
thérapeutique" ?
Si quelqu’un a une crise de larmes et que pour réussir à aborder la séance de sophrologie je dois utiliser un outil comme l’EFT et que la personne retrouve son calme et une certaine sécurité : est-ce de la
thérapie ?
Si pendant un exercice de sophro quelqu’un prend conscience d’une fausse croyance, retrouve un souvenir enfoui et souhaite en parler parce que cette parole libère, et transforme sa vie : est-ce de la
thérapie ?
Si par le fait même d’avoir vécu cette expérience la personne se trouve libérée d’une souffrance physique : est-ce un
soin ?
Ma démarche est
philo-sophique, elle aime la sagesse, elle est même
bio-sophique : elle se fonde sur la sagesse de la vie ! Peut-être devrais-je me présenter non comme
thérapeute mais comme
biosophe ou
biosophiste ? Ou
philobiosophe? Ou
philobiologicienne ? Pour être totalement précise je devrais me présenter comme
sophrophilobiologicienne ?
Créer un néologisme est bien peu intéressant quand on cherche seulement un mot qui «parle » au plus grand nombre.
Je choisis dans mes livres, comme dans la vie, d’éviter la langue de bois.
J’appelle
patients les personnes qui me consultent, car ce sont des gens qui sont en souffrance (étymologie du mot patient). Ce n'est pas les enfermer dans cette souffrance, mais voir d'où on part.
J’appelle
thérapeutes les personnes qui comme moi vont accompagner vers le soulagement de cette souffrance.
Nous ne
soignons pas, jamais : nous proposons des outils, un soutien humain, qui vont permettre au patient de soigner lui-même sa souffrance.
L’être humain est ainsi fait qu’il est en fait seul, en dernier ressort, à détenir les clefs de sa guérison. Les médecins et personnels de santé ont des actes et des produits qui soignent les symptômes physiques ou psychiatriques
Les thérapeutes ont une démarche d’accompagnement qui va permettre parfois la disparition des symptômes grâce au traitement des causes (au sens d’un traitement de données, pas de traitement médical bien sûr).
Parfois les deux approches sont nécessaires, parfois non. Ce n’est pas une concurrence mais une complémentarité.Les thérapeutes ne sont pas toujours des psychothérapeutes, mais par exemple des thérapeutes psycho corporels, des relaxologues, des sophrologues... je soupçonne même les chocolatiers d’être à leur insu de grands thérapeutes !
Ou encore des kinésithérapeutes, des ostéopathes, des naturopathes ou encore des psychanalystes. Ce sont aussi d’ailleurs des médecins, des infirmières, des sages-femmes ou d’autres personnels de santé qui auront développé cette qualité particulière d’écoute et de mise en confiance.
J’aurais aimé trouver un autre terme, qui ne soit pas désormais réputé appartenir au médical et paramédical... je n’ai rien trouvé de mieux.
Les dictionnaires récents se cantonnent à une définition de thérapeute se rapportant au soin médical, je choisis d’élargir cette définition à la résonance qu’elle a pris, je crois, dans notre société : un professionnel de la relation d’aide.
En fait, non, je ne souhaite même pas utiliser un autre vocable, j’aime à retrouver la dimension holistique des
Thérapeutes décrits par
Philon d’Alexandrie au tout début du premier siècle de l’ère chrétienne :
prendre soin de l’Etre dans sa tridimensionalité (corps, esprit, âme). Et aussi la notion d'
être au service.
Sans aller jusqu'au monisme des Thérapeutes d'antan !
Dans un dictionnaire moderne vous ne trouverez plus trace de ces Thérapeutes, même dans les pages « noms propres » et encore moins dans les noms communs. Leur trace a été effacée, mais pas dans toutes les mémoires !
Je ne suis donc pas
sophrophilobiologicienne , mais me reconnais dans le mot thérapeute... et c'est tout de même plus vite dit !
ps : Pour en savoir plus sur Philon d'Alexandrie, et sur les Thérapeutes, vous pouvez suivre ce lien !
© Marie Odile BRUS
reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/brus-marie-odile
Mots clés : thérapeute, patient, thérapie, soin, médical
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