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Lors d’une de mes dernières visites en structure médico-sociale, un monsieur que j'accompagne pour des troubles anxieux me dit, avant même de démarrer notre séance :
« Rien que de vous voir, je vais déjà mieux… ». L’attention portée à l’autre par le regard, les gestes ( les mains jointes pour nous saluer ), un sourire, active déjà instantanément l’énergie de la présence.
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Prendre le temps de regarder, d’écouter, d’accueillir l’autre tel qu’il est au moment où la rencontre se produit, sans jugements, sans projets et sans attentes.
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Respecter les silences et les inconforts, sans rien précipiter malgré les minutes qui passent. En acceptant la temporalité de chacun et en offrant cet espace sans conditions, c’est précisément là que l’énergie en présence peut se déployer librement.
Dans une société où tout doit aller vite, où tout est chronométré à la seconde parfois, permettre au temps de s’écouler sans vouloir le contrôler est un luxe sans pareil. Et ce luxe-là fait des miracles. Lors de certaines de mes séances j’ouvre cet espace de non contrôle, sans mots, sans direction particulière, juste la présence et la respiration qui se calme. Il peut y avoir une forme de résistance au début, de la gêne même tant il est inhabituel de ne pas chercher à tout prix à remplir l’espace avec les mots, mais quand cette résistance lâche il se produit alors quelque chose d’inattendu ; les barrières tombent et libèrent une énergie à la fois intense et apaisante. Et dans cet espace-là, la qualité de notre présence au monde se révèle.
Dans cet espace-là, il n’y a ni problèmes, ni peurs, ni objectifs à atteindre.
Dans cet espace-là, nous prenons la mesure de notre corps vivant et vibrant, de notre respiration qui se pose calmement, de notre mental qui a déserté la place. Passé ce léger moment d’inconfort à ce qui est, un bien-être venu d’un autre âge s’invite à la fête. Tel un bébé qui sourit aux anges ou un petit enfant qui observe et s’émerveille, nous recontactons ces ressources d’infinie quiétude. Nous nous relions à la puissance de la Vie en nous et autour de nous.
Nous prenons conscience que nous sommes vivants et la fulgurance de cet état vécu dans la chair pulvérise nos constructions mentales, nos identifications et nos projections.
C’est rentrer avec grâce dans la dimension pure de la vivance.Je ne me lasse pas d’expérimenter cette présence agissante avec vous. Nul besoin de vous expliquer comment cela se produit car votre ressenti est tel qu’il se suffit à lui-même.
L’expérience reste le meilleur enseignant.
Je compare souvent cette expérience à un profond nettoyage, comme si goûter à cet espace nous dépossédait instantanément de nos conditionnements. Même la souffrance la plus aigüe voit son intensité se réduire sous l’effet de cette énergie. Il règne alors une atmosphère différente où la présence agit, transforme et libère.
Les théories et les stratégies, aussi vertueuses soient-elles, cèdent inéluctablement la place à un diamant brut ; celui de la conscience d’être. 
Aucune compétence particulière n’est nécessaire pour vivre cette expérience, nous avons tous et toutes cette capacité à nous centrer et à faire silence pour laisser la présence agir.
La sophrologie, par sa dimension existentielle, ouvre cet espace en nous permettant de revenir au corps, ici et maintenant. Revenir au corps, c’est aussi se libérer du mental et de ses nombreuses ruminations et c’est permettre à nos émotions de s’apaiser.
Revenir au corps, aux sensations, à ce qui nous traverse sans le fixer, c’est aussi permettre de ne plus s’identifier à notre douleur et à nos souffrances. C’est les percevoir avec un autre œil et réduire de fait leur intensité.
Grâce à la présence agissante, nos ressources internes telles que la paix, la sérénité, la confiance, la joie et la conscience de soi, émergent sans efforts. « Ce ne sont pas des contenus qu’il faut transmettre. Les dieux se rient de nos théories. C’est une manière intense d’être.
Ce qui manque le plus à notre vie d’aujourd’hui, c’est cette intensité surgie de l’intérieur. C’est dans la rencontre de personnes vivantes qu’on en donne le goût. Chacun est dans une telle richesse, mais il faut que cette richesse soit réveillée.
La transmission, c’est cette attention portée à un autre qui fait qu’en lui, surgit le meilleur de lui-même. »
Christiane SINGER
© Géraldine AMELIN
reproduction intégrale interdite, tout extrait doit citer mon site www.theraneo.com/geraldine-amelin
Mots clés : conscience, présence, sophrologie, sérénité, équilibre
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